Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Rees (Otto Van)

Peintre néerlandais (Fribourg-en-Brisgau 1884  – Utrecht 1957).

Autodidacte, ses débuts sont marqués par le Réalisme, l'Impressionnisme et l'art de Jan Toorop. En 1904, Otto Van Rees se trouve à Paris au Bateau-Lavoir, où il rencontre Picasso. En 1905, il travaille avec Kees Van Dongen. Autour de 1910, ses œuvres sont plutôt influencées par le Symbolisme, Émile Bernard et l'imagerie populaire. Il expose à Paris (Salon des indépendants), à Amsterdam (Moderne Kunst-kring), à Cologne (Sonderbundausstellung), à Berlin (Deutsche Herbstsalon). Il connaît ensuite une période cubiste à partir de 1911-12 (Paysage, Heino, fondation Hannema de Stuers) qui montre l'influence de Braque. Il effectue ses premiers collages non figuratifs en 1915. Il se trouve cette année-là à Zurich, où il entre en contact avec Tristan Tzara et expose avec sa femme, Adya Van Rees-Dutihl (1876-1959), et Jean Arp à la gal. Tanner. Il exécute à cette occasion une affiche (maquette au Centraal Museum, Utrecht) qui est composée uniquement de morceaux de papiers colorés unis. Il réalise avec Arp deux fresques à l'école Pestalozzi de Zurich. En 1916, il participe au cabaret Voltaire à Zurich à la fondation du mouvement Dada. Les œuvres qu'il exécute par la suite restent dans le style cubiste. Il quitte Zurich pour Paris, puis pour les Pays-Bas et séjourne enfin souvent à Ascona, où il est membre du groupe le Gros Ours avec Marianne Werefkin. En 1930, il exposera avec Cercle et carré à Paris. Il exécutera par la suite des œuvres de facture plus réaliste.

refusés (Salon des)

Il fut organisé exceptionnellement en 1863, à la demande de Napoléon III, pour permettre au public de juger les œuvres refusées, en très grand nombre, par le jury du Salon officiel et biennal de l'Académie des beaux-arts. Manet y fit scandale avec le Déjeuner sur l'herbe (1863, musée d'Orsay), mais attira sur lui l'attention des jeunes artistes, qui l'admirèrent. Whistler fut aussi honni avec la Jeune Fille en blanc (1862, Washington, N. G.). Pissarro y fut mieux considéré. Par la suite, le Salon officiel, toujours très strict, devint annuel.

Reggiani (Mauro)

Peintre italien .

Après ses études artistiques à Florence, il va se trouver marqué par l'esthétique du Novecento. En 1926, il est à Paris où il va découvrir l'œuvre de Cézanne et de Juan Gris. À Paris de nouveau, en 1930, il fait la connaissance de Magnelli, de Marx Ernst, de Kandinsky et de Jean Arp. Il participe en 1934 à l'exposition d'art abstrait de la gal. del Milione à Milan et, en 1935, il devient membre de l'association Abstraction-Création à Paris. Sa Composition n° 5, de 1935 (Turin, Museo Civico), montre son adhésion à l'esthétique du Néo-Plasticisme dans une composition basculée comme celle que pratiquaient Domela et Vordemberge-Gildewart. Il a une exposition personnelle à la gal. del Milione à Milan en 1936. Reggiani fit partie du Movimento Arte Concreta de Milan de 1953 à 1958. Composition (1954) le montre plus préoccupé de formes libres précisément dessinées, mais enchevêtrées. Dans les années 70, ses œuvres se rapprochèrent davantage de l'esthétique de l'Art concret suisse. En 1973, la Galleria Civica d'Arte Moderna de Turin lui a consacré une rétrospective et celle de Modène en 1984.

regionalism

Dans les années 1920 et jusque vers 1945 où apparaît ce que l'on nomme l'expressionnisme abstrait, l'une des formes dominantes de la peinture américaine fut le Regionalism, terme employé par les critiques, notamment par Thomas Craven, pour décrire un moderne et louable effort en vue d'exprimer les différentes images de la " véritable " Amérique, avec les sites au cœur du pays restés naturels, à l'abri de la civilisation. Dans ses idées comme dans son expression picturale, le Regionalism avouait son caractère antieuropéen, anti-intellectuel. Ce mouvement correspondait à une recherche similaire dans le monde entier : retrouver exclusivement des sources nationales — ou raciales. Thomas Hart Benton, John Stewart Curry et Grant Wood (American Gothic, 1930, Chicago, the Art Institute) étaient les principaux représentants de cette tendance, qui fut plus un idéal qu'un style. Entre 1930 et 1940, le gouvernement des États-Unis, par le canal du Federal Arts Project, se trouva engagé dans le Regionalism, et une curieuse identité d'intention, sinon de fait, exista entre les efforts trop rhétoriques de Benton et la qualité héroïque de la peinture murale mexicaine.

Regnault (Henri)

Peintre français (Paris 1843  – Buzenval 1871).

Fils du célèbre chimiste Victor Regnault, il témoigna de dons précoces pour la peinture et remporta le grand prix de Rome en 1866. On reconnut le souffle de Géricault dans son principal envoi de la Villa Médicis (Automédon, 1868, Boston, M. F. A. ; esquisse au Louvre). Un voyage en Espagne détermina une nouvelle orientation de son art. Le Général Prim à cheval (1869, Paris, musée d'Orsay), la Comtesse de Barck (1869, id.) témoignent de ce qu'il dut à l'exemple de Velázquez et de Goya, passionnément étudiés. Poursuivant son voyage par un séjour au Maroc, l'artiste en rapporta de vastes scènes de genre brillamment colorées (Exécution sans jugement, 1870, id.), dont l'imagerie a popularisé le souvenir. Regnault fut tué lors d'un combat pendant la guerre de 1870. Il demeure un des maîtres de l'art éclectique de cette période. Il est représenté au Metropolitan Museum (Salomé, 1870) et aux musées de Douai, Marseille (Judith et Holopherne, 1869), Metz, Mulhouse, Reims, Rouen.

Regnault (Jean-Baptiste, baron)

Peintre français (Paris 1754  – id. 1829).

À dix ans, il eut la chance de rencontrer Bataille de Montval, qui facilita ses débuts et lui permit de copier les dessins de sa collection ; après son retour d'Amérique, où il avait suivi son père et passé quatre années dans la marine comme mousse (1765-1769), son protecteur le fit entrer chez le peintre Bardin. Séjournant à Rome avec celui-ci (1770-1775), Regnault s'initia au Néo-Classicisme naissant. Il obtint le prix de Rome en 1776 (un an après David) avec Diogène et Alexandre (Paris, E. N. B. A.). En 1783, il fut reçu à l'Académie avec l'Éducation d'Achille (Louvre), qui, par l'équilibre de la composition et des formes, la pureté du style, la qualité du coloris, reste l'une de ses meilleures œuvres, avec un tableau religieux, fait exceptionnel chez l'artiste : la Descente de croix, peinte pour la chapelle du château de Fontainebleau en 1789 (Louvre) dans la tradition académique des Carrache. Les thèmes qu'il aborde le plus souvent sont mythologiques : l'Amour et Psyché (1785, musée d'Angers), tableau encore animé de la sensibilité du XVIIIe s. ; Cérémonie nuptiale (1788, musée de Riom) ; les Trois Grâces (1799, Louvre), tableau par lequel Regnault voulut montrer à David, qui exposait alors les Sabines, le moyen d'assouplir les froids modèles antiques. Beau portraitiste (Madame Arnault, Versailles), Regnault aborde l'allégorie de façon très personnelle et parfois déconcertante (la Liberté ou la Mort, devise de la Convention, 1795, Hambourg, Kunsthalle ; tardif Autoportrait et allégorie maçonnique, musée de Brest) ou traite de thèmes historiques (Marche triomphale de Napoléon [commande impériale pour le Sénat en 1804, Versailles] ; Mort de Desaix, musée de Clermont-Ferrand ; Mariage du prince Jérôme et de la princesse de Wurtemberg 1810, Versailles).

   La peinture de mythologie galante, dont la grâce sensuelle s'apparentait aux tableaux de boudoir du XVIIIe s., occupa ses dernières années : la Toilette de Vénus (coll. part.), le Jugement de Pâris (Detroit, Inst. of Arts). Émule de David, dont il n'avait pas la magistrale personnalité, Regnault n'exerça d'influence dans l'art de la première moitié du XIXe s. qu'à travers deux de ses élèves : Gabriel-Christophe Guérin et Louis Hersent.