Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
U

Uden (Lucas Van)

Peintre et graveur flamand (Anvers 1595  – id. v.  1672).

Sans doute élève de son père, Artus, il est franc maître dans sa ville natale en 1627. Artiste sédentaire, il fit son " voyage d'Italie " sur les bords du Rhin en 1644 et 1646. Ami et collaborateur de Rubens, pour lequel il peignit parfois des fonds de paysage, il a aimé peindre des tableaux de grandes dimensions, dont le style rappelle celui de Joos de Momper : Paysage avec la fuite en Égypte (Stuttgart, Staatsgal.) ou le Retour du marché (Bruxelles, M. R. B. A.), mais on connaît aussi des tableaux de petit format (Près du ruisseau dans le bois, 1656, Dresde, Gg), aux coloris délicats et variés. L'eau, qui apparaît dans presque tous ses paysages, l'atmosphère particulière du crépuscule (Paysage au coucher du soleil, Munich, Alte Pin.) ou d'un arc-en-ciel (Paysage avec arc-en-ciel, Dresde, Gg) permettent à l'artiste ces jeux de lumière subtils, ces contrastes de teintes, qui sont la caractéristique de son œuvre ; son style est immédiatement reconnaissable aux tonalités bleu-vert qu'il emploie. Généralement, les personnages qui peuplent les paysages sont dus à des peintres tels que Jordaens, David Téniers II (Paysans dansants Dublin, N. G.) ou Rubens. Ses dessins aquarellés, dont le style rappelle celui de Bruegel de Velours, révèlent une sensibilité plus grande encore (musées de Hambourg, de Berlin, Pierpont Morgan Library, New York). Les estampes gravées, où figurent plusieurs paysages de Rubens, furent éditées à Anvers par l'officine de Fransiscus Van den Wyngaerde ; elles ont les mêmes qualités de finesse et de simplicité de composition que les tableaux. Lucas Van Uden eut comme élèves J. B. Bonnecroy, Philips Augustyn Immenraet et Gillis Neyts. Son influence est manifeste chez Lodewijk de Vadder et, à travers ce dernier, chez Ignatius Van der Stockt.

Uecker (Günter)

Artiste allemand (Weudorf 1930).

Il se forma à Wismar et à Berlin, puis à Düsseldorf (1953). Ses premiers reliefs, composés de rangées de clous peints en blanc, datent de 1954 (le Kaiser Wilhelm-Museum de Krefeld possède 3 exemples majeurs de ces compositions). L'emploi exclusif d'un seul matériau et d'une seule couleur donnant naissance à une structure légèrement altérée le destina à devenir un représentant notoire du groupe Zéro, fondé en 1958 par Mack et Piene à Düsseldorf. Pour ces 3 artistes, " zéro " signifiait un nouveau départ et l'expression de la " table rase ". Les blanches surfaces, faites de clous, n'évoquent rien : il ne s'agit que d'une facture et de formes ainsi créées dont l'esprit s'apparente souvent au dadaïsme. En recouvrant de clous des objets tels que chaises et pianos, en ayant recours à la lumière artificielle et au mouvement (les Danseurs de New York, 1965, appart. à l'artiste), aux procédés cinématographiques, à la musique (1971, Berlin, N. G.), Günter Uecker fit participer à son œuvre l'espace, le monde réel et, cela va de soi, le public ; toutefois, ces compositions ne sont autres que les variations d'un seul et même thème, formulé ainsi par l'artiste : " Je tendais essentiellement à une intégration de la lumière dont la variation faisait vibrer les surfaces blanches, créant ainsi un espace lumineux s'articulant librement. "

   Après un séjour à New York (1964-65) — expositions à la Howard Wise Gal. —, Uecker s'est de nouveau fixé à Düsseldorf (expositions à la gal. Schmela depuis 1960). Sa participation à la Biennale de Venise en 1970, à Essen et à Varsovie en 1971 et ses expositions individuelles au Moderna Museet de Stockholm ont contribué à sa réputation.

Ugo da Carpi

Graveur italien (documenté à Carpi, Venise et Rome entre 1502 et 1525).

Après un voyage à Milan, il séjourna à Venise, où il fit breveter en 1516 son invention " pour faire avec l'imprimerie sur bois des gravures qui semblent exécutées au pinceau ". Cette nouvelle méthode de xylographie, qui consistait à utiliser plusieurs planches afin d'obtenir des effets de clair-obscur très proches de l'aquarelle, connut une diffusion large et rapide en Italie. Après avoir expérimenté, avec des gravures d'après Peruzzi, G. Romano, Raphaël et Titien, l'emploi de 2 bois, Ugo da Carpi perfectionna sa méthode, moyennant l'emploi de 3 et ensuite de 4 bois, à Rome, où il s'établit v. 1518. Doué d'une sensibilité essentiellement picturale, il hésita longtemps entre l'influence de Raphaël (d'après qui il réalisa l'un de ses chefs-d'œuvre, la Mort d'Ananie) et celle de Michel-Ange ; il trouva enfin son modèle idéal dans les dessins de Parmesan (Diogène), à la suite de qui il termina sa carrière, ayant quitté Rome pour Bologne en 1527.

Ugolino-Lorenzetti

Peintre siennois (Sienne vers le deuxième quart du XIVe s.).

Sous ce nom conventionnel, inventé par B. Berenson, ont été groupées des œuvres peintes à Sienne entre 1320 et 1360 et présentant des caractères communs, dérivés, d'une part, du style d'Ugolino di Nerio et, de l'autre, de celui de Pietro Lorenzetti. Certains critiques ont détaché de l'œuvre due à cette personnalité un groupe de tableaux qui reviendrait à un deuxième artiste, désigné sous le nom du Maestro d'Ovile (d'après la Madone des anges de l'église S. Pietro d'Ovile à Sienne). Selon M. Meiss, Ugolino-Lorenzetti devrait être identifié avec Bartolommeo Bulgarini (connu par des documents de 1345 à 1378 et auteur d'une tablette de Biccherna, de 1353, à l'Archivio di Stato de Sienne). Quelle que soit son identité, il est responsable d'un nombre assez important de retables et de petits panneaux d'excellente qualité. Un 1er groupe, sans doute le plus ancien, en rapport avec Ugolino, comprend notamment une Crucifixion de la fondation Berenson à Settignano (Florence), une Nativité au Fogg Art Museum de Cambridge (Mass.), un Polyptyque avec la Vierge et des Saints à l'église S. Croce de Florence, un Polyptyque avec la Vierge (Sienne, Opera del Duomo, provenant de l'église de Fogliano) et les Saints Ansanus et Galganus (Sienne, P. N.).

   Un 2e groupe, davantage lié au style des Lorenzetti, comporte un polyptyque provenant de S. Cerbone de Lucques avec la Madone et des Saints partagés entre la N. G. de Washington, la P. N. de Lucques et la Gal. Capitoline de Rome, une Crucifixion au Louvre, l'Assomption et 2 Madones avec des anges à la P. N. de Sienne ainsi que le retable de S. Pietro d'Ovile.