Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Mirou (Antoine)

Peintre flamand (Anvers 1570  – id. apr. 1661).

Dès 1586, il se serait trouvé à Frankenthal, où il demeura jusqu'en 1617 ou 1621. Ses paysages sont datés de 1602 à 1661, si l'on accepte la date du Paysage de la G. N. de Parme. La composition, la tonalité de tableaux tels que la Tentation du Christ (1607, Munich, Alte Pin.) ou le Paysage au chasseur du musée de Mannheim (v. 1640), témoignent de l'influence de Gillis Van Coninxloo. Les œuvres tardives de Mirou, comme le Paysage au chasseur de Berlin (1653), manifestent nettement le souci d'imiter la manière minutieuse, la polychromie délicate de Bruegel de Velours, dont l'artiste avait dû voir des tableaux dès 1614 : Paysage boisé (musée de Gotha). Certaines des œuvres de Mirou ont été gravées par Mérian (musée de Frankenthal).

misérabilisme

Tendance artistique de l'immédiat après-Seconde Guerre mondiale en France, caractérisée par une représentation âpre et désolée de la réalité. Francis Gruber (1912-1948) est le représentant de cet univers pathétique (Mélancolie, 1941 ; Job, 1944, Londres, Tate Gallery) qui prend ses racines dans l'œuvre des maîtres du passé tels que Bosch, Grünewald, Callot. Il eut pour suiveur précoce Bernard Buffet (né en 1928) qui se réclame de l'expressionnisme d'Ensor et de Permeke, mais dont les poncifs, notamment après 1950, témoignent de procédés assez faciles.

Mitchell (Joan)

Peintre américain (Chicago 1926  – Paris 1992).

Éduquée dans un milieu cultivé, elle pratiqua l'aquarelle très tôt et passa trois ans à l'Art Institute de Chicago (1944-1947). De bonne heure, elle s'intéressa au thème du paysage en peinture et put l'étudier à travers les œuvres de Cézanne, Van Gogh, Kandinsky et Matisse conservées à Chicago. Après un voyage d'études en Europe (1948-49), elle se fixa à New York et fut marquée par l'Expressionnisme abstrait, en particulier par l'œuvre de Gorky, De Kooning, Kline et Orozco, qu'elle rencontra à Mexico (City Landscape, 1955, Chicago, Art Institute). Elle retourna en France en 1955 et s'installa en 1969 à Vétheuil, un des hauts lieux fréquentés par Monet. Joan Mitchell fait partie de la seconde génération de l'Expressionnisme abstrait, dont elle a gardé le goût pour les grands formats, le travail à l'huile sur toile, le sens de la matière picturale et du geste. En conservant la facture de l'Action Painting, sa peinture traduit l'émotion ressentie au contact de la nature, du paysage remémoré et transformé. Ses compositions sont toujours très élaborées, les formes émergeant de fonds modulés en transparence ou jouant parfois de la dissymétrie (Blue Territory, 1972, Buffalo, Albright-Knox Art Gal.). Cette manière de " paysagisme abstrait " n'est guère pratiquée aux États-Unis, en dehors de l'artiste, que par Sam Francis et Richard Diebenkorn. Les titres des tableaux évoquent surtout les domaines de la terre (" territory ", " field ") et de l'eau (la Crue, 1970). La disposition en diptyque (Sylvie's Sunday, 1976, Paris, M. N. A. M.), en triptyque, voire en 4 ou 5 divisions intervient fréquemment comme chez Rothko ou Newman. Avec son sens de la couleur, la qualité de son espace, l'originalité de ses compositions, la détermination de la facture, Joan Mitchell continue d'une façon unique la tradition de l'Impressionnisme telle que Monet l'a illustrée à la fin de sa vie. L'artiste a exposé régulièrement à la gal. Fournier, à Paris, ainsi qu'à New York, dans les galeries de Martha Jackson et Xavier Fourcade. En 1982, le M. A. M. de la Ville de Paris (A. R. C.) lui a consacré une importante exposition. Une rétrospective de son œuvre a été présentée dans les grands musées américains en 1988. Le M. B. A. de Nantes et la G. N. du Jeu de Paume à Paris ont consacré une rétrospective à l'artiste en 1994.

Mitouritch (Petr)

Artiste russe (Saint-Pétersbourg 1887  – Moscou 1956).

Après une formation très jeune à l'École militaire de Pskov (1899-1905), il suit les cours de l'Institut d'art de Kiev (1906-1909), où il subit l'influence de Vroubel. En 1909, il s'inscrit à l'Académie des arts de Saint-Pétersbourg et finit son école d'ingénieur militaire. Pendant la guerre, il est envoyé au front. Il commence cependant à participer à la vie artistique dès 1915, expose à Moscou et, avec le Monde de l'art, à Saint-Pétersbourg (1915-1918). Intéressé depuis 1914 par la mécanique et la technologie en relation avec la nature, il invente alors les " volnovoï " (ondulateurs). Il rencontre Khlebnikov en 1920 et réalise jusqu'en 1922 les couvertures de ses livres. En 1922, il expose à la " Erste Russische Kunstausstellung ", gal. Van Diemen, à Berlin. Dès 1923, il est professeur d'art graphique et d'architecture aux Vhutemas, puis devient membre de la Société des quatre arts de Moscou (1925-1929) avec Kouznetsov, Lebedev, Petrov-Vodkine. Ses constructions " graphiques spatiales " des années 20 montrent un intérêt tout particulier pour la relation volume-espace. Cependant, à partir de 1930, il revient à la figuration, ne peignant plus que des paysages et des portraits.

Mocetto (Girolamo)

Peintre italien (Murano 1458  – id. v. 1531).

Originaire d'une famille de verriers de Murano, il apprit d'abord la technique du vitrail, comme en témoigne sa première œuvre signée, la partie basse du grand vitrail du transept de S. Giovanni e Paolo à Venise en 1473. Disciple d'Alvise Vivarini, il remplaça celui-ci auprès de Giovanni Bellini en 1507 pour achever les peintures de la salle du Conseil majeur au Palais ducal et, selon Vasari, il fut chargé de terminer les œuvres inachevées d'Alvise à sa mort (1505). C'est à cette époque qu'il se rapprocha le plus de Bellini, gravant le Baptême du Christ, l'œuvre du maître à S. Corona de Vicence. Après avoir peint dans un style incisif des œuvres de petites dimensions, telles que les 2 panneaux du Massacre des innocents de la N. G. de Londres, il adopta un style plus large, mêlant les éléments issus de Bellini et de Cima dans ses œuvres de Vérone : le triptyque de S. Nazaro e Celso (Madone et Enfant, saint Benoît et sainte Justine), la Madone entre deux saints à S. Maria in Organo et les fresques de 1517 au Castel Vecchio. Graveur, il hésita entre l'influence de Bellini et celle de Mantegna, pratiquant un style que l'on retrouve dans les Allégories monochromes du plafond à caissons conservé au musée Jacquemart-André de Paris.