Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
E

entoilage des châssis

Opération consistant à fixer la toile tendue sur le châssis au moyen de semences clouées sur la rive ou sur le revers de celui-ci.

   Certaines toiles de grand format, montées toutes peintes, sont maintenues par des tendeurs métalliques fixés sur les barres du châssis ou par des lacets passés autour de clous également enfoncés sur les barres du châssis.

épidermure

Usure de la couche picturale, souvent due à une mauvaise restauration et qui met au jour le grain de la toile ou le fil du bois. (On dit aussi épidermage.)

Épinal (imagerie d')

La fabrique d'images d'Épinal a été fondée par Jean-Charles Pellerin (Épinal 1756 – id. 1836), graveur en taille d'épargne (les premières images étaient obtenues par l'impression de bois fruitiers gravés en taille d'épargne et le coloriage de 3 ou 4 couleurs au maximum par le procédé du pochoir) et directeur d'un atelier qui connut la plus extraordinaire célébrité.

   Comme dans la plupart des centres imagiers d'expression populaire, en France (Chartres, Orléans, Le Mans), c'est au XVIIe s. que naissent, à Épinal, les premières " feuilles de saints ", ou images de préservation. Avant elles, l'imprimeur Pierre Houion réimprima, en 1617, les Rois et les ducs d'Aquitaine depuis Théodoric Ier avec des portraits d'Ambroise-Ambroise taillés dans le bois.

   Ces œuvres sont du même esprit et annoncent les 2 images de Claude Cardinet, premier imagier spinalien. Imprimeur-libraire et fournisseur de la Maison de ville, celui-ci vivait avec peine de son commerce et, ainsi que plusieurs de ses compatriotes, il quitta Épinal pour y revenir, en 1672, à la condition d'être amodié. L'une de ces images, Saint Nicolas, est datée de 1664 ; les images étaient alors vendues imprimées en noir, et les acquéreurs, faisant office de décorateurs, découpaient certaines parties de la composition pour y coller des morceaux de tissus et de papiers coloriés, parfois argentés ou dorés. L'imagerie populaire, tant à Épinal qu'ailleurs, est essentiellement de préservation, donc religieuse : cette protection des saints s'attachait non seulement aux personnes, mais aussi à leurs biens, maisons et bestiaux pour les ruraux. Jean Bouchard, à l'extrême fin du XVIIe s., exécuta une magnifique xylographie, la Sainte Famille, taillée vigoureusement dans la planche de poirier. Au XVIIIe s., la Lorraine se remet des terribles années de guerre et, à Épinal, l'imagerie continue : elle est l'œuvre de fabricants de cartes à jouer, ou cartiers ; Jean-Nicolas Vatot, né à Nancy en 1705, s'établit en 1731 comme imprimeur et marchand-libraire à Épinal. De sa production d'imagier subsiste une seule œuvre, Cantique spirituel à la louange du très saint sacrement, parfaitement équilibrée dans la xylographie et le coloriage à 3 couleurs, qui " chantent " remarquablement. Puis, venus de la Meuse, les Didier laissèrent un bel œuvre ; leurs images, tant par la qualité audacieuse du graphisme que par la beauté des taches de couleurs, véritables enluminures, donnent un renom mérité à la ville d'Épinal ; l'aîné des frères, Jean-Charles, voit lui-même l'aîné de ses six enfants, Jean-Charles Didier II, lui succéder dans son commerce d'images. Antoine-Marcel Raquin, né à Épinal en 1756, exerce d'abord la profession de " chamoiseur " et devient imagier en épousant la fille de Jean-Charles Didier ; n'étant pas breveté imprimeur, il grave lui-même les lettres des complaintes ou cantiques encadrant le sujet de ses images. Bastien n'est connu que par une seule image, la Crucifixion, magnifique xylographie aux couleurs chantantes ; cet imagier, qui fut horloger, est mort à Épinal en 1785. La Révolution provoqua, à Épinal comme ailleurs, la disparition de l'imagerie religieuse et entraîna la destruction des bois gravés et des réserves d'images. Les petits imagiers ne purent supporter cette suppression de leur gagne-pain, et le Concordat permit aux centres de Rennes, d'Épinal, de Metz, de Nancy, de Montbéliard, de Strasbourg de continuer à produire à la fois des images religieuses, historiques et militaires. Mais, dans la seconde moitié du XIXe s., Épinal seule demeure, avec Jean-Charles Pellerin, créatrice de l'" industrie " de l'image populaire : c'est lui qui comprendra le besoin d'une imagerie enfantine, à la fois instructive et amusante.

   Il grava lui-même, à ses débuts, puis engagea des graveurs professionnels, dont Réveillé, Georgin, Canivet, Vernoeil, Boulay, Victor Roy, Thiébault. Georgin grave, de 1830 à 1845, l'épopée impériale : batailles et grands personnages du premier Empire ; après sa mort, en 1863, Charles Pinot, graveur-dessinateur, instaure une imagerie encore pleine de charme, mais très loin de la rude beauté exprimée par ses prédécesseurs. L'imagerie Pellerin, toujours aux mains de la même famille, accepta la lithographie, nouvellement inventée, qui multiplie les sujets les plus divers : contes et légendes, chansons, alphabets, rébus, imagerie militaire de tous régiments, théâtres, cerfs-volants, métiers, loteries, cris de Paris, ombres chinoises, jeux divers. De 1854 à 1856, le plumiste Jules Chaste est l'auteur de nombreuses feuilles volantes ; en 1858 apparaît le procédé du gillotage ; les presses modernes remplacent les anciennes ; en 1860, Pinot, en démêlés avec Pellerin, fonde avec Sagaire une nouvelle imagerie, qui fonctionnera jusqu'en 1888 pour être rachetée par Charles Pellerin. Actuellement, la maison Pellerin reste la seule " imagerie " au monde.

épure

Représentation géométrique plane d'un objet ou d'un être mathématique, obtenue par une ou plusieurs projections, sur un ou plusieurs plans, et choisies de sorte qu'on puisse passer de façon univoque de l'objet à sa représentation et inversement. Les épures sont exécutées à l'échelle et le plus souvent cotées.

Equipo Crónica

Les artistes Rafael Solbes, Juan Toledo et Manolo Valdés créent à Valence, en 1965, le groupe Equipo Crónica et présentent pour la première fois, la même année, un ensemble d'œuvres collectives au XVIe Salon de la jeune peinture à Paris. Juan Toledo quitte rapidement le groupe, qui ne sera plus constitué que par Manolo Valdés et Rafael Solbes jusqu'en 1981, date de la mort de ce dernier. Fondé sur la base d'un réalisme pictural dialectique, Equipo Crónica entreprend une critique des images de la culture contemporaine. Usant d'un langage proche de celui des affiches de propagande, le groupe provoque la rencontre des arts majeurs (chefs-d'œuvre de l'art) et mineurs (B.D., imagerie populaire). Il dresse parallèlement le procès du franquisme et s'inscrit, comme le peintre espagnol Arroyo, à l'intérieur de la contestation de la dictature. Le traitement que Solbes et Valdés font subir aux images évoque les peintures de quelques-uns des représentants français de la Figuration narrative, tels Aillaud et Recalcati, qu'ils rencontrent à Paris en 1965.

   Caractérisée en 1965-66 par les procédés de déformation de l'image et de détournement d'œuvres, l'œuvre d'Equipo Crónica est constituée, à partir de 1967-68, par la suite chronologique de séries de peintures : Récupération en 1968-69, Guernica,1969, Autopsie d'un atelier, 1970, exploitent les grandes œuvres de la peinture espagnole de Velázquez et Goya à Picasso. Police et culture (collège d'Architecture de Barcelone, 1971), Série noire (1972) portent l'analyse sur les questions de la culture et de sa répression. Dès 1973, le groupe s'oriente davantage vers la critique de la pratique sociale de la peinture : l'Affiche (1973), Ateliers et peintres (1974), la Subversion des signes (1974-1975), le Mur (1975-1976). Les peintures les plus récentes d'Equipo Crónica sont marquées par le retour d'un classicisme pour les Paysages urbains (1978-1979), une appropriation ludique et humoristique de l'art pour Chronique de transition et voyages (1981).

   Equipo Crónica a participé activement, entre 1967 et 1976, à des expositions collectives à caractère social et politique telles que " le Monde en question " en France, " Art et politique " en R.F.A., " Espagne, avant-garde artistique et réalité sociale 1936-1976 " en Italie et en Espagne. Les œuvres du groupe Equipo Crónica figurent dans de nombreuses collections privées européennes et dans les collections publiques du Moderna Museet à Stockholm, de l'IVAM-Centre Julio Gonzalez à Valence, de la fondation March à Madrid, des musées de Grenoble, de Marseille et de Paris (M.N.A.M. et Fonds national d'art contemporain).