Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Romeyn (Willem)

Peintre néerlandais (Haarlem v. 1622  – id. v. 1694).

Il fut en 1642 élève de Nicolaes Berchem à Haarlem et termina son apprentissage en 1646. En 1650 et 1651, il vécut à Rome, puis s'installa définitivement dans sa ville natale. Il peignit des prairies avec des animaux dans le style de son maître Berchem, sans égaler pour autant la vigueur de son dessin ni ses effets monumentaux. Il recherchait particulièrement une composition calme ainsi qu'une traduction délicate de la lumière. Ses tableaux font également penser à ceux de Karel Dujardin : Troupeau dans une prairie (Rijksmuseum), Paysage avec du bétail (Copenhague, S. M. f. K.), Bergeries (musée de Caen), Paysage avec animaux (musées de La Fère et de Lille), Troupeau dans un paysage près d'une ferme (1665, Munich, Alte Pin.).

Romney (George)

Peintre anglais (Dalton in Furness, Lancashire, 1734  – Kendal, Westmorland, 1802).

Fils d'un ébéniste du Lancashire, il travailla, de 1755 à 1757, avec un portraitiste itinérant, Christopher Steele (qui lui-même avait connu Carle Van Loo). Dans ses premiers portraits (le Colonel George Wilson d'Abbot Hall, Kendal, 1760, coll. part.), il conservait les maladresses et le provincialisme de son maître et d'Arthur Devis, également originaire du Lancashire. Il s'établit à Londres en 1762 et, l'année suivante, il reçut un prix de la Society of Arts pour la Mort du général Wolfe. Il visita Paris en 1764, où il rencontra Joseph Vernet, et exposa à Londres l'année suivante la Mort du roi Edmond.

   Portraitiste, il atteignit la maturité de son talent avec les effigies de Sir Christopher et lady Sykes (1786) ou de William Beckford jeune (Upton House, coll. Bearsted). Habiles de facture et bien dessinés, ces portraits reflètent idéalement une société prospère où les jeunes femmes conservent imperturbablement le teint frais et où les hommes sont par nature distingués. Romney n'apportait nulle originalité dans la conception de ces tableaux, vendus moins cher que ceux de Gainsborough ou de Reynolds. En fait, il lui importait moins de rechercher la psychologie que de représenter avec brio les éléments du costume ou du paysage de fond, qui témoignent de l'importance sociale du modèle. La renommée de Romney portraitiste repose sur la série de portraits qu'il a laissés d'Emma Hart, qu'il rencontra en 1781, et qui, par la suite, devait devenir en 1791 lady Hamilton. Il la représenta dans les attitudes et les costumes les plus variés (Lady Hamilton en Circé, v. 1782, Londres, Tate Gal.), lui prêtant des allures d'actrice, comme dans Miranda (v. 1786, Philadelphie, Museum of Art), ou bien, à la mode de la bergerie, lui octroyant des occupations familières, comme dans la Fileuse (1782-1786, Kenwood, Iveagh Bequest). Toutefois, dans certains portraits (Lady Louisa Stormont, 1776), la disposition des draperies, l'allongement des lignes et la pose du modèle trahissaient chez lui d'évidentes réminiscences classiques qui révélaient sa véritable vocation, celle de peintre d'histoire.

   Au cours d'un long séjour en Italie de 1773 à 1775, Romney rencontra à Rome Füssli, copia les œuvres de Raphaël et de Michel-Ange, visita Venise, Florence, Bologne, Parme et Gênes. Lors de son retour à Londres, il rapporta d'innombrables études d'après l'antique. Dans l'émulation d'un cercle littéraire londonien animé par William Hayley et contemporain des œuvres sculptées et modelées sur des dessins de Flaxman, Romney devait multiplier dans des esquisses et des croquis les innombrables variantes des thèmes néo-classiques qu'il n'eut jamais l'occasion de peindre. Sa ligne rapide, tout en courbe, à la mine de plomb ou à la plume, méconnue de son temps, lui vaut de nos jours de figurer parmi les meilleurs artistes néo-classiques anglais. Il collabora pour quelques décorations shakespeariennes à la galerie de Boydell à Pall Mall (Londres).

   Tout d'abord recherchée pour ses portraits, son œuvre est bien représentée dans les grands musées londoniens (Portrait de la famille Beaumont à la N. G., nombreux portraits à la Tate Gal., à la N. P. G.), ainsi qu'à la N. G. d'Édimbourg et dans les autres musées britanniques. En Amérique, les collections anglaises des musées de Boston, de New York et de Washington et la coll. Mellon (Peter et James Romney) possèdent quelques-uns des plus beaux portraits de Romney, particulièrement bien représenté d'autre part à la Huntington Library de San Marino, en Californie. En Europe, le Louvre expose le portrait de Sir John Stanley (v. 1780) et conserve un important ensemble de dessins, mais l'œuvre graphique de Romney reste avant tout représenté à Londres (British Museum et V. A. M.) ainsi qu'au Fitzwilliam Museum de Cambridge.

Rondinelli (Niccolò)

Peintre italien (Lugo [ ?] v.  1450  – Ravenne [ ?] v.  1510).

Cité par Vasari comme l'un des meilleurs élèves de Giovanni Bellini, il est documenté à Venise en 1495, puis à Ravenne de 1496 à 1502. Participant à la production de l'atelier de Bellini vers les années 1485-1495, il propagea la manière du maître en Romagne ainsi que celle de Cima da Conegliano et de Carpaccio, donnant d'elles une version d'une saveur provinciale, et créa, en liaison avec Palmezzano, un style proprement romagnole, que perpétua son élève Baldassare Carrari (v. 1460 – apr. 1520 [?]).

   Si l'on ignore quelle fut son œuvre à Venise, on peut cependant identifier sa manière à partir de sa production romagnole, en majorité des Madones (Rome, Gal. Doria Pamphili ; Venise, Accademia) et des Saintes Conversations (Brera et Ravenne, M. N.), caractérisées par la simplicité un peu raide des figures et une certaine faiblesse de la composition (Saint Sébastien, signé, 1497, Forlì, Duomo ; Apparition de saint Jean l'Évangéliste à Galla Placidia, Brera) ; Rondinelli s'oppose en cela à la manière monumentale de Palmezzano, mais il compense la pauvreté de ses constructions architectoniques par un goût décoratif souvent raffiné et un sens tout vénitien du chromatisme lumineux.

Roome (Jan Van) , dit Jean de Bruxelles

Peintre flamand (cité à Bruxelles dans plusieurs documents entre 1498 et 1521).

Il est l'auteur de modèles de statues, de projets de sceaux, de cartons de tapisseries et de vitraux. En 1509-10, il fit les projets pour les statues des ducs et duchesses de Brabant destinées à orner les " bailles " de la cour du palais de Bruxelles, auj. disparu. En 1513, il fut payé par la confrérie du Saint-Sacrement à Louvain pour le patron de la tapisserie représentant la Légende d'Herkenbald (Bruxelles, M. R. B. A.). Sur commande de Marguerite d'Autriche, il fournit, en 1516, les modèles des tombeaux de l'église de Brou. À la même époque, il livra également un portrait à l'huile de Philibert de Savoie. En 1521, il fit le carton d'un vitrail offert par Charles Quint à la cathédrale de Malines. Ce patron est actuellement conservé au musée archiépiscopal de Malines, mais le vitrail a été détruit. Faute de signatures et de documents, les tableaux de Van Roome ne nous sont pas connus et les attributions de panneaux et de miniatures paraissent peu convaincantes. Il n'est toutefois pas exclu que le peintre soit l'auteur des peintures murales de l'hôtel Busleyden à Malines. Jan Van Roome reste cependant mieux connu comme fournisseur de cartons de tapisseries, dont plusieurs séries, authentifiées par un monogramme ou une signature, peuvent être mises à son actif.

   Le style éclectique du peintre témoigne de la transition du Gothique flamboyant à la Renaissance, encore mal assimilée. Sans être un artiste de premier rang, Jan Van Roome figure parmi les précurseurs de Barend Van Orley.