Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

Preciado de la Vega (Francisco)

Peintre espagnol (Ecija 1712  – Rome 1789).

Élevé à Séville, où il fut disciple de D. Martínez, il se rendit à Rome en 1733 et y travailla sous la direction de S. Conca. Un premier prix de l'académie de Saint-Luc (1739) lui valut pendant 18 ans, une bourse de Philippe V. Il participa, en envoyant remarques et conseils, à la création de l'académie madrilène de San Fernando et, en 1758, devint le premier directeur des pensionnaires espagnols à Rome ; cela jusqu'à sa mort. Apprécié de ses collègues romains, il fut deux fois secrétaire et prince-président de l'académie de Saint-Luc.

   Plutôt porté vers la théorie — ce qui convenait parfaitement à ses fonctions — , il publia en 1789 un traité, Arcadia Pictorca. Peu abondante et manquant de force, d'un dessin correct cependant, son œuvre laisse transparaître le passage du Baroque au Néo-Classicisme (Venerable Contrera, cathédrale de Séville, v. 1770 ; la Fille de Jephté, Madrid, académie San Fernando).

precisionism
ou " immaculates "

Nom donné à l'esthétique d'un groupe (que l'on appelle aussi Cubo-Realism, en franç., réalistes-cubistes) d'artistes américains formé à la suite de l'exposition de l'Armory Show à New York en 1913. Ces artistes cherchèrent, tout au long de leur carrière, à adapter les réalités de la " vie américaine " aux qualités formelles qu'ils discernaient surtout dans la peinture cubiste. Charles Demuth fut le premier à se soumettre spontanément à cette réforme visuelle. Avant 1917, il avait déjà modifié son style pour soumettre l'architecture des villes américaines aux angles aigus et aux plans transparents du Cubisme. Charles Sheeler s'intéressa aussi à la structure fondamentale des objets, libérant le sujet de son côté anecdotique et romantique pour n'en retenir que les aspects essentiels, mais tout en conservant des références visibles. Ces peintres avaient appris que leurs collègues français regardaient les États-Unis avec admiration, comme s'ils étaient l'expression du modernisme industriel, la réalisation même de la beauté du XXe s. Ils en vinrent à concentrer leur effort artistique sur l'activité contemporaine industrielle ou urbaine. Cependant, dans les limites de ce style, des artistes comme Georgia O'Keefe, qui simplifiaient et idéalisaient les formes organiques offertes par la nature, eurent également du succès. Niles Spencer, George Ault, Ralston Crawford, avec Demuth, Sheeler et O'Keefe, les meilleurs du groupe des réalistes-cubistes, tentèrent la mise à jour d'une beauté exclusivement moderne en acceptant les qualités extérieures de la peinture française et les réalités des apparences américaines. En fait, leur notion du terme abstrait était littérale. Ils cherchaient des principes généraux, clairs, articulés, emphatiques dans leur structure et qui, pourtant, préservaient l'intégrité du sujet typique américain.

prédelle

Ce terme (de l'italien predella, escabeau), désigne la partie inférieure d'un retable ou d'un tableau d'autel, auquel elle sert de soubassement. Les prédelles sont le plus souvent constituées de plusieurs panneaux correspondant au découpage de la composition ou du récit iconographique. Comme le retable, la prédelle est peinte ou sculptée. Lorsque celui-ci est fermé, elle est parfois dissimulée par les volets, mais, en général, elle demeure apparente. Les peintures qui ornent les prédelles évoquent le plus souvent des scènes de la vie du Christ et de la Vierge ou des saints, représentés dans la partie principale du retable. De nombreux panneaux peints, surtout du trecento et du quattrocento, sont en fait des éléments de retables démembrés, notamment des compartiments de prédelles, qui parfois ont été encadrés et transformés ainsi en tableaux. Un des exemples les plus célèbres de prédelle dispersée est celui du retable de S. Zeno de Vérone, peint par Mantegna, dont le Louvre conserve le panneau central (Crucifixion), tandis que le musée de Tours conserve les 2 panneaux latéraux (le Christ au jardin des Oliviers et la Résurrection).

Predis (Giovanni Ambrogio de)

Peintre italien (Milan v. 1455  – ? apr. 1508).

Il débuta probablement comme apprenti de son frère aîné, le miniaturiste Cristoforo, qui devint peut-être un de ses collaborateurs. Un autre de ses frères, Evangelista, mal connu, fut vraisemblablement son collaborateur. Cette formation serait confirmée par les portraits de Ludovico il Moro et de son fils Massimiliano, qu'on lui attribue dans la Grammatica di Elio Donato (Milan, Bibl. Trivulziana). En outre, si l'on excepte sa collaboration (objet de discussions fort complexes, il est possible qu'il ait peint avec son frère Evangelista, l'un des Anges musiciens constituant les volets du retable) avec Léonard pour la seconde version de la Vierge aux rochers (Londres, N. G.), le catalogue très discuté de De Predis ne comprend que des portraits : Maximilien Ier, signé, du K. M. de Vienne (1502), Archinto (1494, Londres, N. G.), Portrait d'un jeune homme (Milan, Brera), Bianca Maria Sforza du Louvre et, à l'Ambrosienne de Milan, l'effigie dite de Béatrice d'Este.

Preisler (Jan)

Peintre tchèque (Popovice, près de Dvůr Králové, 1872  – Prague 1918).

Il fit ses études à l'École des arts et métiers de Prague (1887-1895). Ses débuts furent marqués par le luminisme néo-baroque de V. Hynais. À partir de 1896, il expose régulièrement avec le Kunstverein puis la Société Mánes. En 1902, un voyage en Italie lui fait découvrir la peinture du quattrocento. Il voyage en 1906 à Paris, puis à Venise et Rome (1807-1811). Il est nommé professeur à l'école des Arts et métiers de Prague puis à l'Académie. L'atmosphère d'angoisse et de pessimisme qui avait pénétré en Bohême avec les romans de Strindberg et les drames d'Ibsen imprégnera fortement son œuvre de jeunesse (Cycle du chevalier errant, 1898, musée de Prague). Dans le Printemps (1900, id.), il dépasse l'impressionnisme, dont il pratique la technique : dans sa composition rythmée de grandes verticales, il trouve des accords proches de ceux de Maurice Denis. Preisler construisit ensuite l'espace et modela les figures par aplats de tons purs, vifs et contrastés (le Lac noir, 1904 ; le Paysage jaune, 1908 ; id.) et campa des personnages immobiles dans une atmosphère intemporelle. Il s'engagea dans cette voie avant 1906, année de son voyage à Paris, où il est séduit par Gauguin, découvrant une certaine parenté entre sa propre démarche et celle du peintre français. Dans les années 1909-1912, il exécute une série de peintures murales et de cartons de mosaïques, conçus dans l'esprit du style 1900 (décorations du musée de Hradec Králové, de la Banque du royaume de Bohême et de la Maison municipale de Prague). Il subit l'influence du groupe des Huit, notamment dans les thèmes (le Bon Samaritain, 1912, musée de Prague ; Léda et le cygne, id.). Son œuvre, contemporaine de celles de Marées, Böcklin et Puvis de Chavannes, est à la fois une expression pure du Symbolisme en peinture et le témoignage de recherches originales sur le plan de la couleur. Preisler exécuta également des affiches, notamment pour l'exposition Munch en 1905.