Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Moucheron (Frederick de)

Peintre néerlandais (Emden 1633  – Amsterdam 1686).

Élève de Jan Asselijn à Amsterdam avant 1652, il se rendit en France, et peut-être en Italie, entre 1655 et 1658. Il est cité à Anvers, puis en 1659 à Amsterdam, qu'il ne quitta plus, sauf en 1671, pour aller à Rotterdam. Influencé par Jan Both, Jan Hackaert et Karel Dujardin, il exécuta de calmes et clairs paysages italianisants dont les figures ont été souvent peintes par Jan Lingelbach (Paysage italien, l'Embuscade, Mauritshuis ; Paysage italien, musée de Kassel) ou par Adriaen Van de Velde (le Départ pour la chasse, Louvre ; Paysage, Dijon, musée Magnin ; Paysage, Rotterdam, B. V. B. ; Figures dans un jardin italien, Londres, N. G. ; Paysage italien, musée de Kassel ; Paysage italien, Hambourg, Kunsthalle). L'Ermitage, la N. G. d'Édimbourg, les M. R. B. A. de Bruxelles, le Rijksmuseum, l'Alte Pin. de Munich, les musées de Strasbourg, de Leyde, de Bordeaux, de La Fère, de Narbonne, de Rouen conservent des paysages de l'artiste.

 
Son fils Isaac (Amsterdam 1667 – id. 1744) fut son élève. Il alla en Italie de 1694 à 1697 env. et, tout comme son père, fut un paysagiste fort doué, créateur du paysage décoratif, genre à part dans le paysage italianisant. Influencé par le Classicisme français et surtout par Dughet, mais aussi par F. Van Bloemen et Van Wittel qu'il a pu rencontrer, il donna, après 1670, des vues de parcs et de jardins (Parc avec bassin et fontaine, Rijksmuseum) ou des paysages arcadiens (Paysage, 1698, musée de Montpellier ; Paysage italien, musée de Saint-Étienne) où l'illusion de la réalité est remplacée par une représenation plus idéalisée, celle du décorateur. Il s'y insère souvent des figures peintes par Jacob de Wit, Verkolje, J. Huchtenburg ou Adriaen Van de Velde. En 1734, il reçut, avec J. de Wit, une importante commission, un décor pour une maison patricienne d'Amsterdam, l'Histoire de Jephté, qui existe toujours (162, Herengracht). Il grava d'après Dughet et nous a laissé un nombre assez important de dessins, précis et détaillés mais d'un effet très décoratif (Louvre ; Rijksmuseum ; Albertina ; Londres, V. A. M. ; Berlin, cabinet des Dessins).

Movimento Arte Concreta (MAC)

Mouvement artistique italien créé à Milan en 1948 par Bruno Munari, peintre, sculpteur et designer, Atanasio Soldati, Gianni Monnet (1912-1958), un architecte peintre et typographe, et Gino Dorfles né en 1910, un peintre plus connu pour son activité de critique d'art, et qui prit fin en 1958. À la suite de l'exposition organisée à Milan, au Palazzo Reale en 1947, par Max Bill et Max Huber intitulée Arte Astratta et Concreta, l'intention des fondateurs a été de regrouper les principaux créateurs italiens qui pouvaient se réclamer de l'Art concret, de Théo Van Doesburg et des concrets zurichois et reprendre aussi le rôle qui avait été tenu dans les années 30 par la Galleria II Milione à Milan. De nombreux artistes ont adhéré à ce mouvement, déjà connus tels Luigi Veronesi, Mauro Reggiani, Mario Radice, ou plus jeunes comme Piero Dorazio, Mario Nigro ou encore Lanfranco Bombelli. Des expositions ont été organisées dès 1948 à la librairie Salto à Milan, un bulletin publié, Arte Concreta, des éditions d'albums réalisés comprenant des estampes originales. De 1948 à 1953, ce mouvement, qui n'avait pas vraiment de ligne directrice ni d'activité commune en dehors de la publication de son bulletin, reflétait plutôt la tendance de l'abstraction géométrique. Il était très marqué par l'influence de Kandinsky, de Herbin, de Magnelli, un peu par celle de Max Bill et des constructivistes (les constructions de Régina). Cette tendance se réduisit à partir de 1953 pour faire place de plus en plus à l'art informel. MAC disparut avec la mort de son principal animateur, G. Monnet, en 1958.

Moya (Pedro de)

Peintre espagnol (Grenade 1610 id. 1674).

Il semble qu'il fut disciple de Juan del Castillo et compagnon de Murillo à Séville. Il voyagea en Flandres et en Angleterre, où il fut, à Londres, élève de Van Dyck, dont, selon ses anciens biographes, il aurait introduit le style en Andalousie, après s'être fixé à Grenade en 1656. Les rares œuvres signées que nous conservons de lui (Vision de sainte Madeleine de Pazzi, musée de Grenade ; Apparition de la Vierge, cathédrale de Grenade) ne confirment pas cette influence.

Moyaert (Nicolaes)

Peintre néerlandais (Amsterdam v.  1592/93  – id.  1655).

En 1618, il est membre de la chambre de rhétorique (in liefde bloyende) d'Amsterdam, mais il n'est reçu à la gilde des peintres de cette ville qu'en 1630. Auparavant, il avait fait un long séjour en Italie. Peintre de sujets bibliques ou mythologiques (Hersé et Mercure, 1624, Mauritshuis ; la Visite d'Antiochus chez l'augure, 1636, id. ; la Continence de Scipion, 1643, musée de Caen) et marqué à la fois par Elsheimer et les Carrache, il se révèle un peintre d'histoire très voisin de Lastman et se classe au nombre des précurseurs de Rembrandt au même titre que Grebber et S. de Bray. Toutefois, il accorde plus d'importance que Lastman au paysage et pratique un coloris plus doux. Par la suite, ses ouvrages — notamment des portraits et des sujets bibliques — trahiront l'influence de Rembrandt. En 1638, il exécute des décorations pour l'arc de triomphe édifié lors de la réception de Marie de Médicis à Amsterdam (suite de 8 gravures exécutées par P. Nolpe). Il fut aussi graveur, essentiellement de paysages (dont 18 eaux-fortes pour illustrer un livre de Voyages... [1655], de David de Vries). On sait aussi qu'il a travaillé pour Christian IV de Danemark. Salomon Koninck, Berchem, Does, J. B. Weenix ont été ses élèves.

Mucha (Alfons)

Peintre tchèque (Ivančice, Moravie, 1860  – Prague 1939).

Il eut des débuts difficiles et travaillait comme décorateur de théâtre lorsqu'il fut pris en charge, en 1881, par le comte Karl Khuen-Belasi, qui lui fit décorer son château d'Emmahof. Son protecteur l'envoya ensuite étudier à Munich, puis à Paris. Après le suicide de celui-ci, en 1887, Mucha survécut en dessinant pour différents journaux : le Figaro illustré, la Vie parisienne, le Noël illustré ou le Petit Français illustré (Mémoires d'un éléphant blanc, 1894). L'influence de Jean-Paul Laurens, dont il fut l'élève à l'Académie Julian, se fait sentir dans les Scènes et épisodes de l'histoire d'Allemagne (de Charles Seignobos, 1892), où, dans son style historique majestueux, perce déjà son sens de l'arabesque. En 1894, Mucha rencontre Sarah Bernhardt et, réalisa pour elle les célèbres affiches qui lui valurent un succès éclatant, parisien et international (Gismonda, 1894 ; Médée, 1898). Il dessine parallèlement d'autres affiches importantes, où il s'abandonne à son goût de la ligne lovée et des entrelacs compliqués (Salon des Cent, 1896 ; Papier à cigarette Job, 1897 ; Nestlé's Food for Infants, 1898). Mucha composa aussi de nombreux panneaux décoratifs, des calendriers et des programmes où reviennent sans cesse ses thèmes préférés : la femme, les fleurs, les saisons, les heures. Il imagina des bijoux (Bracelet au serpent ) et décora somptueusement, rue Royale, la vitrine et les salons de la joaillerie de Georges Fouquet. Il exécuta de très belles lithographies en couleurs pour illustrer l'Ilsée, princesse de Tripoli de Robert de Flers (1897) ou son propre texte de commentaires poétiques et mystiques pour le Pater (1899). Pour servir de modèles à toutes les variations du Modern Style, il publia, en 1902, ses Documents décoratifs et, en 1905, ses Figures décoratives. Il contribua à l'Exposition de 1900 par son ornementation du pavillon de la Bosnie-Herzégovine. Il partit en 1904 pour les États-Unis, où il vécut cinq ans avec sa femme, enseignant à l'Art Institute de Chicago et peignant les décors du German Theater de New York (1908), et où il réalisa les affiches de Leslie Carter et de Maude Adams (Jeanne d'Arc, 1909). Ses dessins au fusain ont beaucoup de force, et ses portraits au pastel une grande finesse. En 1910, il retourna définitivement en Tchécoslovaquie. Il y réalisa des peintures décoratives bien composées, mais accueillies de mauvaise grâce par les représentants de l'art tchèque moderne. Il travailla à son Épopée slave, grand ensemble de toiles historiques où il mêle à un style plus traditionnel, teinté de folklore, des nuances d'un symbolisme parfois cruel. Il exposa ces vastes tableaux en 1921 au Brooklyn Museum de New York et à Chicago. Une exposition rétrospective a eu lieu en 1980 à Paris (Grand Palais) et en 1996 une exposition lui a été consacrée à Lisbonne par la fondation Gulbenkian.