Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Kirkeby (Per)

Artiste danois (Copenhague 1938).

Après des études d'histoire naturelle, il entre en 1962 à l'école d'Art expérimental de Copenhague. Agrégé de géologie en 1964, il réalise sa première exposition de dessins et de collages puis participe à des performances avec Beuys (1966), Immendorf (1966) ou Nam June Paik (1967). Sa peinture s'engage alors dans une voie plus abstraite, où des " formes en devenir " semblent émerger de la confrontation des couleurs. Avec les séries " Arm und Kopf " (1982-1983) et " Torses " (1983-1984), ses sculptures participent du même esprit de contorsion. Présent à la Biennale de Venise de 1976 avec des sculptures monolithiques en briques, Per Kirkeby participe en 1982 à la Documenta 7 de Kassel et à la Biennale de Sydney. Le M. A. M. de Copenhague lui a consacré une exposition en 1996.

Kisling (Moïse)

Peintre français d'origine polonaise (Cracovie 1891 – Sanary-sur-Mer, Var, 1953).

Élève de J. Pankiewicz, à l'Académie de Cracovie, il se rend à Paris en 1910 sur son conseil. Il est à Céret en 1911-12 avec Picasso et Gris. En 1912, il a pour premier marchand Adolphe Basler. Il s'installe rue Joseph-Bara à Montparnasse et reçoit beaucoup, notamment Modigliani, Soutine, Derain, Gris, Picasso. La diversité de ces contacts peut expliquer l'éclectisme de ses premiers tableaux, où coexistent assez harmonieusement la mise en page disciplinée du Cubisme et la couleur (Nature morte au pichet, 1913, Genève, Petit Palais, fondation Ghez). Engagé dans la Légion étrangère, blessé et réformé (1915), Kisling réside entre 1917 et 1920 dans le Midi (Marseille, environs de Toulon, Sanary) ; il y exécute des portraits (Jean Cocteau, 1916, id. ; l'Homme à la pipe, 1916, id.) et des paysages d'une stylisation assez naïve. Le somptueux Nu au divan rouge (1918, id.), à la fois expressionniste et décoratif, illustre bien le syncrétisme de son art. Une exposition chez Duret, en 1919, affirme son succès et Kisling devient le peintre des " années folles ". Si l'artiste subit, comme tant d'autres, l'ascendant de Derain après la guerre, il ne renonça pas à ses premiers acquis, notamment à la couleur. Ses nombreuses figures féminines, portraits et nus, souvent empreintes d'une nostalgie proche de celle de Modigliani, occupent une place non négligeable dans l'iconographie de l'après-guerre, avec leur composition un peu raide, leur dessin sec limitant des tons parfois stridents (la Rousse, 1929, id. ; Jeune Fille au châle polonais, 1928, Paris, M.N.A.M.). Kisling vécut à New York de 1941 à 1946 et, à son retour en France, surtout à Sanary. Il est représenté dans de nombreux musées, Paris (M.N.A.M.), Grenoble, Genève (Petit Palais, fondation Ghez), Cologne (W.R.M.), Stockholm (Nm).

Kitaj (Ronald)

Peintre américain naturalisé britannique (Cleveland 1932).

Il suit les cours de la Cooper Union à New York, puis ceux de l'Académie des beaux-arts de Vienne et de la Ruskin School of Drawing à Oxford. Il utilise des éléments de bandes dessinées, de graffiti et de journaux, qui l'apparentent au pop art, aussi bien que des allusions à des mythes anciens ou à des dessins d'Indiens d'Amérique (Tarot Variation, 1958, Atlanta) High Museum of Art. Ses œuvres, traitées dans des couleurs vives, s'organisent selon une structure complexe, aux centres multiples. De 1957 à 1968, il a vécu principalement à Londres, où il a joué un rôle important dans l'émergence du pop art anglais et exercé une influence sur des artistes comme Allen Jones, David Hockney, Patrick Caulfield. Il cesse pratiquement de peindre entre 1969 et 1975 et vit successivement à Hollywood, à Londres et en Catalogne. C'est la " découverte " de Degas à Paris qui lui permet de mettre fin à ces années de quasi-inactivité et d'inaugurer une nouvelle et féconde période de création où le pastel sera sa technique privilégiée. Son registre s'étend alors du décoratif (The Orientalist, 1976-77) à l'expressionnisme (The Rise of Fascism, 1979-80, ou Cecil Court, London WC2, The Refugees, trois œuvres à Londres, Tate Gallery). Les nus et les portraits, dessinés ou traités au pastel, sont extrêmement fréquents dans son œuvre et rappellent volontiers Degas (Lucien Freud, 1990, New York, Met. Museum). Il est représenté à la Tate Gal. de Londres et dans la coll. Ludwig (Cologne, W. R. M.) et à Paris, M. N. A. M. Une rétrospective lui a été consacrée (Londres, Tate Gallery) en 1994.

Klapheck (Konrad)

Peintre allemand (Düsseldorf  1935).

Issu d'une famille d'historiens d'art, il se forma à l'Académie de Düsseldorf (1954-1958) dans l'atelier de Bruno Goller, dont l'enseignement le marqua vivement. En pleine période tachiste, ses débuts affirment une conception tout opposée : en 1955, il peint sa première Machine à écrire, dont la froide objectivité est exactement contemporaine de celle des premiers " Drapeaux " de Jasper Johns. Cette manifestation inactuelle prolonge en fait deux tendances historiquement définies : la Neue Sachlichkeit (" Nouvelle Objectivité ") allemande des années 20, dont la technique impersonnelle restitue les objets de l'entourage quotidien, et le Surréalisme, pour lequel les choses ont une signification symbolique, aux profondes répercussions psychiques. Klapheck donna à ses tableaux représentant des machines à écrire, des machines à coudre, des téléphones ou des robinets des titres choisis — Die Sittenrichter (les " Censeurs ", 1963, Krefeld, Kaiser Wilhelm Museum), Das Muttersöhnchen (le " Fils à maman ", 1963, Wolfsburg, coll. de la ville), Heldenlied (" Épopée ", 1975, Cologne, coll. Ludwig) —, titres qui, comme ceux de Klee, ajoutent une dimension nouvelle au tableau. Cette interprétation des " objets " utilitaires éclaire d'un jour nouveau l'homme et son activité quotidienne. Comme la forme nettement circonscrite, la couleur joue dans les œuvres de Klapheck un rôle décisif ; surtout monochromes, les motifs disposés parallèlement présentent une plasticité nette et un coloris explicite, malgré sa matité et sa sobriété, et se détachent sur des fonds clairs. Après un assez long séjour à Paris en 1955-56, où il se familiarise avec l'œuvre de Duchamp et de Roussel, Breton le reconnaît en 1961 comme le représentant de la troisième phase du Surréalisme et compare ses tableaux en 1965 aux machines célibataires des dadaïstes. Klapheck acquit une position internationale grâce à son exposition de New York, en 1970.