Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Morris (William)

Dessinateur et peintre britannique (Walthamstow, Essex, 1834  – Hammersmith 1896).

Il fut également un poète et un socialiste convaincu. À Oxford, où il se destinait au cléricat, il rencontra Burne-Jones, l'ami de toute sa vie, avec qui Rossetti l'engagea à peindre (1853). Il travailla ainsi avec les préraphaélites (il fut l'un de ceux engagés par Rossetti, en 1857, pour les travaux de l'Oxford Union). Mais, après une courte carrière picturale (1856-1859), il renonça à la peinture en faveur du dessin ornemental, décorant tout d'abord sa propre maison, " la Maison rouge ", construite en 1859 à Bexleyheath par Philips Webb, puis utilisa cette esthétique à des fins commerciales. Sa seule toile connue reste la Belle Iseult (1858, Londres, Tate Gal.). En 1861, il était associé-fondateur de la firme Morris, Marshall, Faulkner and Co. et acquit toute l'affaire en 1875. Faisant appel à des artistes comme Burne-Jones, il fabriqua des tapisseries, des vitraux, des papiers peints et tous objets à usage domestique. Il fut ainsi parmi les promoteurs du mouvement " Arts and Crafts ". Il fonda en 1891 les Kelmscott Press afin d'étendre à l'édition le travail qu'il avait engagé dans les autres branches des arts décoratifs. Il publia ainsi des livres plus luxueux que ceux que l'on imprimait habituellement, son plus grand succès étant, en 1896, une édition de Chaucer illustrée par Burne-Jones. Il avait également pris une part active au domaine politique, aidant à la fondation de la " Socialist League " en 1884, publiant de nombreux articles et livres engagés. Il écrivit également des poèmes (Life and Death of Jason, 1867 ; The Earthly Paradise, 1868-1870). Son idéal le plus élevé, celui d'une société d'esprit médiéval où l'art aurait eu une part prépondérante, resta utopique, mais son rôle n'en fut pas moins important, car Morris contribua à l'amélioration du dessin ornemental, notamment les stylisations végétales caractéristiques du goût 1900, et ce fut par son intermédiaire que les artistes contemporains s'intéressèrent aux arts appliqués. Une exposition lui a été consacré à Londres (V. A. M.) en 1996.

Morse (Samuel Finley Breese)

Peintre américain (Charlestown, Mass., 1791  – New York 1872).

Diplômé de Yale (1810), il rencontra W. Allston et l'accompagna en Angleterre (1811). Il y fut son élève et celui de B. West, s'essayant aussi à la sculpture (Hercule mourant, terre cuite et huile, 1812, tous deux à Yale, University Art Gal.) De retour aux États-Unis (1815), il voyagea, exécutant de nombreux portraits, et finit par s'établir à New York (1823). Son tableau The Old House of Representatives (1822, Washington, Corcoran Gallery) avait confirmé ses honnêtes qualités de portraitiste. Il reçut de la ville la commande d'un Marquis de La Fayette (1824-1826, New York, City Hall) et fut l'un des fondateurs de la N. A. D. (1826), qu'il présida jusqu'en 1845. Il fit un second voyage en Europe et en tira l'inspiration de sa Vue intérieure du musée du Louvre (1833, Evanston, Illinois, Terra Museum of American Art), qui fut favorablement accueillie par la critique mais quelque peu boudée par le public. L'échec de Morse pour obtenir une commande en vue de la décoration du Capitole de Washington le renforça dans son désintérêt pour la peinture (1836). Il se consacra désormais aux sciences, notamment à la découverte du télégraphe électrique connu sous son nom (1832-1839) et à la photographie. Il fut l'introducteur du daguerréotype aux États-Unis (1839).

Mortensen (Richard)

Peintre danois (Copenhague 1910  – Ejby, près d'Odense, 1993).

En 1932, il quitte l'Académie royale de Copenhague, où il était entré deux années auparavant, et visite Berlin, où il voit l'œuvre de Kandinsky. De retour au Danemark, il expose au Salon d'automne de Copenhague des œuvres abstraites et commence à écrire des articles en faveur de l'art des avant-gardes européennes dans la revue Linien. En 1937, il fait un voyage à Paris et organise au retour une exposition d'art abstrait et surréaliste avec 70 œuvres de Kandinsky, Miró, Arp, Ernst, Van Doesburg, Tanguy, Mondrian, Klee... et lui-même. À cette époque, son œuvre présente des formes abstraites non géométriques déjà rigoureusement découpées et vivement colorées. Pendant la guerre, il adopte un expressionnisme comparable à celui de son compatriote Asger Jorn mais il restera à l'écart du mouvement Cobra. En 1947, il s'installe à Paris et vit avec le sculpteur Jacobsen à la Maison des artistes danois, à Suresnes. L'année suivante, il expose pour la première fois au Salon des Réalités nouvelles ; dans les années 50, la gal. Denise– René commence à faire connaître son travail. Sa peinture redevient claire et précise dans la composition et la facture (Routot, 1955). De retour dans son pays natal, il est nommé en 1965 professeur à l'École des beaux-arts de Copenhague. Depuis, son œuvre a surtout été présentée au Danemark (Copenhague, 1985).

Mortier (Antoine)

Peintre belge (Saint-Gilles 1908-Bruxelles 1999).

Il travaille d'abord dans un atelier de sculpture ornementale (1923-1928), puis acquiert une formation de peintre à l'Académie de Bruxelles et à celle de Saint-Joost-ten-Noode, près de Bruxelles. À ses débuts, il retint de Brusselmans une leçon de structure (Jeune Femme au chandail jaune, 1942) qui le conduisit rapidement à élaborer un style où les motifs se résolvent en grands signes sombres, en formes denses et brèves (D'après un nu, 1953, Bruxelles, M. R. B. A.) qui font de lui le pionnier de l'Action Painting en Belgique. Cette expression originale évoque parfois un Permeke poussé à la limite de l'Abstraction (Tête, 1952 ; Léontine, 1970). Vers 1954, Mortier abandonna les repères figuratifs ; le noir, toujours privilégié, devint l'ordonnateur de puissantes et dynamiques compositions (Dans le silence, 1960), d'une facture plus souple, peints à larges coups de brosse beiges, bruns, noirs (Accord, 1961, Bruxelles, M. R. B. A.). En 1967, il se fait construire un atelier dans le Brabant wallon (Piétrebois). C'est dans une atmosphère plus tendue que se développe l'œuvre des années 1970, créant, par la présence des formes sombres étalées en amples coups de pinceau, un climat d'irréalité. Depuis la fin de cette décennie, Mortier exécute des formes plus clairement modulées, plus ou moins géométriques, avec des rondeurs et des côtés anguleux (Ultimo, 1984). Des expositions de son œuvre ont eu lieu à Bruxelles, en 1969, au Palais des Beaux-Arts et en 1986 au M. R. B. A. Il est représenté dans les musées belges et à La Haye, São Paulo, Buffalo et New York (Guggenheim Museum).