Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Girolamo di Benvenuto

Peintre italien (Sienne 1470  – id.  1524).

Élève de son père, Benvenuto di Giovanni, il en reproduit le style archaïque, mais, dans sa recherche d'un mode d'expression plus personnel, sinon plus moderne, il tend à en adoucir les âpretés. Ses 2 grandes Assomptions (1498, musée de Montalcino ; Selva di Santa Fiora, S. Trinità) répètent les formules en vogue de la tradition siennoise (Saint Jérôme, Avignon, Petit-Palais). Girolamo se montre peintre beaucoup plus subtil et narrateur agréable dans les œuvres de petit format, comme la prédelle (divisée maintenant entre diverses collections, en particulier celles de la fondation R. Longhi à Florence et de la fondation Berenson à Settignano) de la Madone des neiges venant de S. Domenico (1508, Sienne, P. N.), le célèbre Portrait de femme, d'une finesse remarquable (Washington, N. G.), ou certains Desco da parto mythologiques (Choix d'Hercule, Venise, Ca'd'Oro ; Jugement de Pâris, Louvre).

Girolamo di Giovanni

Peintre italien (Camerino, Marches, documenté de 1449 à 1473).

C'est un des peintres qui illustrent le mieux, et au plus haut niveau de qualité, l'assimilation en Italie centrale des nouveautés de la Renaissance, depuis celle de Masaccio jusqu'à celles de Piero della Francesca. Sa première œuvre connue, la fresque de la Madone à l'Enfant avec les saints Antoine de Padoue et Antoine abbé (Camerino, pin.), de 1449, montre que, non seulement, il connaît déjà l'art de Domenico Veneziano, mais qu'il s'est également familiarisé avec celui de Piero della Francesca.

   Inscrit à Padoue en 1450, où il semble bien être l'auteur de la fresque avec Saint Christophe devant le roi (Padoue, Eremitani, détruit), il contribue à la diffusion des nouvelles tendances en Italie septentrionale. Plusieurs œuvres datées démontrent amplement l'intérêt que portait Girolamo di Giovanni aux recherches perspectives (Madone à l'Enfant avec quatre saints, 1462, Camerino, S. Francesco ; Madone de la miséricorde avec saint Martin et saint Venanzio, 1463, Camerino, pin. ; Polyptyque de San Pellegrino, 1465, Gualdo Tadino), qui permettent de placer à cette période deux chefs-d'œuvre : le retable avec l'Annonciation et la Pietà (Camerino, pin.) et le grand polyptyque, provenant de Gualdo Tadino (Madone, 8 Saints, Crucifixion), de la Brera.

   Un polyptyque de 1473 (Monte San Martino, église S. Maria del Pozzo) fait apparaître au contraire d'évidents signes de crise et une régression stylistique dans un retour assez maladroit à l'art (encore lié à Domenico Veneziano) de Giovanni Boccati. On a exagéré l'importance de l'influence présumée de Mantegna sur Girolamo di Giovanni, visible cependant dans la perspective du grand Saint Jean-Baptiste avec un donateur d'Avignon (Petit Palais). Il est probable, en revanche, que les œuvres de Girolamo di Giovanni jouèrent un rôle déterminant sur l'orientation artistique de Nicola di Maestro Antonio et de Crivelli (à l'époque du polyptyque de Montefiore dell'Aso, 1470-1473).

Girtin (Thomas)

Peintre britannique (Londres 1775  – id.  1802).

Il apprit à peindre avec un certain Fisher, puis, en 1789, avec l'aquarelliste et topographe Edward Dayes. En 1792, Dayes et Girtin travaillaient en étroite collaboration avec James Moore, spécialiste de l'Antiquité, premier protecteur de Girtin. Celui-ci recevait six shillings par jour de Moore et l'accompagna vraisemblablement en Écosse en 1792. Vers 1790, il fit des estampes en couleurs pour John Raphael Smith, et c'est à cette occasion qu'il rencontra Turner. Au début de sa carrière, son style était très proche de celui de Dayes, mais, en 1794, il commença à acquérir une facture personnelle, comme en témoignent ses dessins : la Cathédrale de Peterborough (1795, Oxford, Ashmolean Museum) et Lichfield West Fronts (id.). Vers 1794, Turner et Girtin travaillaient le soir chez le Dr Monro à copier les dessins inachevés de Cozens. Girtin se décida à visiter en 1796 l'Écosse et le nord de l'Angleterre, où il exécuta des sujets d'architecture (la Cathédrale de Durham, 1799, Manchester University, Whitworth Art Gal.), l'année suivante les régions du Sud-Ouest, enfin en 1798 le nord du pays de Galles. À la fin du XVIIIe s., il peignit un énorme panorama de Londres (Eidometropolis), présenté au public au moment de sa mort. De 1800 à 1802, il résida à Paris, qui lui inspira une série de croquis gravés à l'eau-forte en manière de crayon, publiée après sa mort et peut-être destinée à l'exécution d'un projet comparable à celui d'Eidometropolis. Il figure sans conteste parmi les plus grands aquarellistes et, s'il n'était pas mort si jeune, il aurait sans doute eu rang parmi les plus grands peintres : " Si Girtin avait vécu, déclarait son ami Turner, je serais mort de faim. " Girtin améliora la technique de l'aquarelle, délaissant le vieux procédé des monochromes colorés pour les tons plus riches de la couleur appliquée directement et l'usage du papier cartouche légèrement grisé ; il mûrit ainsi le style caractéristique de ses dernières années et dans l'Abbaye de Kirkstall, le soir (1800, Londres, V. A. M.), il libère la composition des références à l'Antiquité, l'organise selon les formes naturelles et contrôle de façon magistrale la puissance émotive de la couleur. Il exécuta enfin des paysages purs, représentant surtout les landes et les montagnes. Il peignait hardiment au premier plan une vaste étendue vide conduisant le regard à mi-distance et jusqu'à l'arrière-plan. Sa notion d'espace et sa manière d'agencer collines et vallées sont remarquables.

   Avant tout, il libéra l'aquarelle de sa dépendance du dessin architectural et topographique, et il lui assigna un rang honorable, permettant à cette technique de soutenir la comparaison avec la peinture à l'huile. Le British Museum conserve plus d'une centaine de ses œuvres.

Giuliano da Rimini

Peintre italien (documenté dans la région de Rimini de 1307 à 1324).

Grâce à la signature et à la date (1307) que porte le devant d'autel, autrefois à Urbania, avec la Madone en trône et des saints (Boston, Gardner Museum), on a pu situer Giuliano au début de l'histoire de l'école de Rimini. L'œuvre permet d'établir également les sources de sa culture, marquée d'un giottisme assez archaïque qui dérive des fresques d'Assise. Il est probable que son activité s'est déroulée parallèlement à celle de Giovanni da Rimini, bien qu'à un niveau plus modeste, comme le démontre également un autre polyptyque qui lui a récemment été attribué (Couronnement de la Vierge, Carlton Towers, coll. duc de Norfolk), mais qui révèle la connaissance de formules giottesques plus récentes. On sait que Giuliano exécuta un polyptyque, aujourd'hui disparu, signé avec un Petruccio da Rimini (sans doute Pietro da Rimini) et daté de 1324, pour le maître-autel de l'église des Eremitani à Padoue.