Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Nelli (Ottaviano)

Peintre italien (Gubbio, documenté de 1375 à 1444).

Actif à Pérouse dès 1400, il date en 1403 le polyptyque (Madone, quatre saints) de Pietralunga (Pérouse, P. N.), sa première œuvre connue, encore marquée par une tradition locale où survivent des influences de l'école d'Orvieto. La date discutée de la Vierge du Belvédère (Gubbio, église S. Maria Nuova) pourrait être lue 1408 ; ce tableau indique en effet l'orientation de Nelli vers le gothique international de Gentile da Fabriano ou des frères Salimbeni da Sanseverino. D'importants cycles de fresques exécutés par ce peintre décorent les églises S. Francesco (notamment Scènes de la vie de la Vierge) et S. Agostino (Scènes de la vie de saint Augustin) à Gubbio et la chapelle du Palazzo Trinci à Foligno (Scènes de la vie de la Vierge, 1424). Nelli a aussi travaillé à Assise (fresques au Sacro Convento et à la basilique inférieure), à Urbino (fresque à l'oratoire de S. Gherardo), à Fano (fresques avec des Scènes de la vie de saint Dominique à S. Domenico), à Città di Castello (fresque à S. Maria delle Grazie) et peut-être à Rimini.

Nemes (Endre)

Peintre et graveur suédois d'origine hongroise (Pécsvarad, Hongrie, 1909  – Stockholm 1985).

Après une enfance passée en Slovaquie, il débute comme journaliste et caricaturiste à Prague. En 1930, il s'inscrit à l'Académie des beaux-arts de Prague, où, durant quatre ans, il sera l'élève de V. Nowak. Il expose ses premières œuvres en 1936 et en 1938 en compagnie du peintre surréaliste slovaque J. Bauernfreund. Alliant la peinture traditionnelle à certains procédés cubistes (Intérieur, 1935, Bratislava, G. N. ; Femme se peignant dans l'atelier, 1936, Hluboká, Gal. Aléš), Nemes subit bientôt l'attrait de la peinture métaphysique de G. De Chirico, dont il transpose les mannequins dans le milieu de la vieille ville de Prague (le Peintre et la Femme, 1937, Ostrava, Gal. d'art ; la Vierge de Pitié de Prague, 1938, id.). Marquée par les réminiscences du milieu pragois, cette période de peinture symbolique se prolongea en Suède, où Nemes s'est réfugié en 1940 pour échapper au nazisme (le Fauteuil baroque, 1941). Il expose à Malmö en 1941, simultanément avec M.V. Suanberg, qui a aussi son exposition. Il montre déjà les métaphores érotiques qu'il reprendra souvent dans ses nombreux " Hommages à la femme ". Ces deux expositions ouvrent la voie à l'apparition de groupes à programme surréaliste : les imaginistes. Entre 1947 et 1956, alors qu'il professe à l'école d'art Valand à Göteborg, Nemes abandonne progressivement l'univers pétrifié de De Chirico pour s'orienter vers une peinture non figurative de caractère informel (Deux, 1958). La vaste production des années 60 témoigne d'une imagination foisonnante, servie par une large gamme de moyens formels et techniques. Nées d'un " hasard dirigé ", des configurations insolites se rencontrent ou s'interpénètrent (Début innocent, 1965 ; les Jumeaux, 1965). En 1964, le collage introduit dans le tableau des représentations du monde technique, souvent envisagé sous l'angle de l'humour (Tentative d'envol, 1966 ; le Chevalier et l'Électronique, 1969) ou confronté avec la nature ou les organes humains (Terrestre et astral, 1964 ; Yeux picorés, 1968). L'emploi de fragments d'illustrations, de lithographies s'accompagne d'une peinture plus figurative (la Carte postale de Deauville, 1970). Dans sa Rencontre avec le Baroque (1968), l'artiste suggère le point de départ de son œuvre, inspirée pour une large part par la dualité du vivant et de l'inorganique, du naturel et de l'artificiel. Nemes a également réalisé en Suède de vastes compositions murales. Ses œuvres figurent à Stockholm (Mn et Moderna Museet, où une grande exposition lui est consacrée en 1990) et dans les musées et les galeries d'art de diverses villes scandinaves.

Nemours (Aurelie)

Peintre français (Paris 1910-Paris 2005).

Après un long apprentissage qui la conduit successivement à l'École du Louvre puis, de 1937 à 1949, dans les ateliers de Paul Colin, André Lhote et Fernand Léger, elle va se révéler l'un des peintres abstraits de tendance géométrique les plus marquants de sa génération. Exposant dès 1949 au Salon des réalités nouvelles, remarquée par Herbin, elle s'affirme véritablement au moment de sa première exposition personnelle à la gal. Colette Allendy, en 1953, où elle présente sa première œuvre majeure, les Trois Personnages (1952-53), un assemblage de carrés concentriques disposés dans le plan en trois registres verticaux parallèles et peints de couleurs en aplats. Elle découvre enfin Mondrian grâce à Michel Seuphor. Dès lors, son travail est conduit à travers des séries : celle des Demeures, réalisée au pastel, où dominent le noir et blanc et qu'elle poursuit jusqu'en 1959, celle des Pierres angulaires à partir de 1956, des Échiquiers à partir de 1960, des Croix ou, plus récemment, des recherches sur le nombre et l'illimité avec les Sériels. Son œuvre reste fondé sur l'utilisation d'une grille orthogonale et d'un champ pictural partagé en divisions régulières, les couleurs, posées en aplats, pouvant être vives et produire par contraste des effets cinétiques, jouer de teintes assourdies ou se restreindre au seul noir et blanc. Elle a simplifié de plus en plus son langage au point d'aboutir aujourd'hui à des toiles monochromes qui témoignent de la conséquence de sa recherche et font de son œuvre l'équivalent français de bien des propositions du Hard Edge américain, d'Ad Reinhardt à Al Held (Polyptyque Polychrome, 1990). Aurelie Nemours est représentée dans différents musées et dans des coll. publiques et privées et tout particulièrement au musée de Grenoble qui bénéficie de la part de l'artiste d'un don de 24 pastels en 1992. Une importante rétrospective lui a été consacrée Ludwigshefen, Wilhelm Hack Museum ; Ingolstadt, Museum fur Konkret Kunst) en 1995-1996. On doit à Aurelie Nemours divers ouvrages du recueil, Midi la lune (1950) à Oscillatoire (1991). Après sa première rétrospective importante (Reutlingen, fondation pour l'art concret, 1980) ; elle a reçu commande d'une peinture monumentale pour la Cité de la musique à Paris, construite par C. de Portzamparc. À la fin des années 80 les formes s'inscrivent de manière aléatoire sur la toile et se substituent aux monochromes, créant dans chaque œuvre une tension et une force nouvelles (N + H 929, 1992). Elle a reçu en France, en 1994, le Grand Prix national de la peinture.