Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Kaulbach (Wilhelm von)

Peintre allemand (Arolsen  1804 – Munich  1874).

L'évolution de Kaulbach, peintre d'histoire et illustrateur, fut déterminée par l'enseignement reçu en 1822 à l'Académie de Düsseldorf de Cornelius, qui lui vint en aide et l'emmena avec lui à Munich (1826).

    En 1835, Kaulbach se rendit en Italie. Son tableau Die Hunnenschlacht (la Bataille des Huns, 1834-1837, musée de Poznań) est l'exemple le plus ancien des tableaux monumentaux où il developpe sa manière historico-symbolique qui le rendit célèbre. Il fut nommé peintre officiel de la cour du roi Louis Ier de Bavière (1837) et directeur de l'Académie de Munich (1849). Il exécuta pour l'escalier du Nouveau Musée de Berlin (1847-1865) des fresques (détruites en 1945) représentant la Tour de Babel, la Fleur de la Grèce, ainsi que des œuvres dans un style tout aussi académique, pour la Neue Pin. de Munich (1850), ayant pour thème général l'Essor des Arts sous le règne de Louis Ier (esquisses dans les coll. de l'État bavarois, Neue Pin.).

    La peinture historique de Kaulbach fut bientôt rejetée dans l'ombre par la manière vigoureuse de Piloty qui, tout en s'opposant à celle des Nazaréens, n'échappe pas, lui non plus, à l'emphase et reste aussi largement ancré dans la tradition de la peinture d'histoire dégénérant en anecdotes. Il réalisa surtout des portraits (Munich, id. et Städtische Gal.) et des illustrations pour les classiques allemands, la Bible et les contes, grâce auxquelles il doit d'être encore connu (Reinicke Fuchs de Goethe, 1841). Une étude pour son tableau des musées de Berlin la Maison des fous (Munich, Städtische Gal.), gravée par Caspar H. Merz, est mentionnée par Baudelaire dans l'Art philosophique.

Kawara (On)

Artiste américain (préfecture d'Aichi, Japon, 1933).

Compris dans l'ensemble des artistes conceptuels, On Kawara a réalisé une œuvre picturale matérialisée dans une série de peintures commencée le 4 janvier 1966, la Today Series, ou Peintures de dates. Chaque œuvre se présente comme la peinture d'une date, écrite en blanc dans la langue du pays où elle est réalisée. La peinture présente un fond monochrome, au début parfois rouge ou bleu ciel, mais généralement dans une couleur foncée proche du noir, du gris-brun, du gris-vert ou du bleu sombre, dans un format allant du 20,5 cm × 22,5 cm au 155 cm × 225 cm. Cette matérialisation picturale d'une mesure temporelle abstraite est généralement associée à une boîte en carton contenant un fragment de journal ou même un journal, si la boîte le permet, du jour de création de l'œuvre, objet qui ancre le caractère abstrait de la peinture et du code linguistique dans la réalité extérieure, quotidienne. Plus de 1 700 œuvres ont ainsi été réalisées. Cette longue série était préparée au milieu des années 60 par différentes œuvres : en 1964, les Rulers, mises en perspective de deux règles graduées, dessinées au crayon ; en 1965, les Locations Paintings, donnant la latitude et le longitude de lieux géographiques réels et anticipant le caractère littéral des Dates Paintings (Feb. 23. 1966, 1983, Nagoya, musée) ; et les Codes, constituées de séries de lignes horizontales dessinées en traits hachés multicolores, simulacre de signes linguistiques. L'ensemble de l'œuvre apparaît comme une matérialisation, sous des formes répétitives, d'actes essentiels de la vie humaine. Plusieurs séries coexistent : de 1966 à 1979, I Read est constitué de coupures de quotidiens extraits des jours de production des Dates Paintings ; depuis 1968, I Met restitue sous forme dactylographiée les personnes rencontrées quotidiennement et I Went indique sur des plans les déplacements quotidiens de l'artiste. La voie postale est utilisée par On Kawara dans deux séries : I got up, cartes postales envoyées du lieu de résidence, et I Am Still Alive, télégrammes annonçant la réalité de l'artiste envoyés plus ou moins régulièrement.

   La mise en évidence des facteurs de continuité et de discontinuité temporels et géographiques de la vie humaine trouve un répondant dans deux œuvres : One Million Years-Past (1970-71) et One Million Years-Future (1980), représentation dactylographiée dans 10 livres d'un million d'années. Ayant participé aux principales expositions d'art conceptuel, son œuvre a fait l'objet d'expositions importantes à Berne (Kunsthalle, 1973), à Stockholm (Moderna Museet), à Essen (musée Folkwang), à Eindhoven (Van Abbe Museum, 1980-81), à Dijon (Consortium, 1985) à Villeurbanne (Nouveau Musée) en 1996.

Keil (Bernardo) , dit Monsù Bernardo

Peintre danois actif en Italie (Elseneur 1624  – Rome 1687).

Ce nom dérive de la forme italianisée Bernardo Cailo ; le vrai nom du peintre, d'après Baldinucci, était Eberhard Keilhau, et il était connu en Italie sous le surnom de " Monsù Bernardo ". Si les tableaux de Bernardo Keil, longtemps attribués à Antonio Amorosi, sont, à la suite des études de Longhi, aisés à reconnaître, la biographie de l'artiste est moins sûre. Il travailla chez Marten Van Steenwynkel à Copenhague, puis fut l'élève de Rembrandt à Amsterdam (1642-1644). Présent à Venise de 1651 à 1654, puis à Bergame, à Milan, à Ravenne, Keil arrive à Rome en 1656 et semble s'y être fixé jusqu'à sa mort.

   Ses nombreux tableaux (Famille dans un intérieur, Rotterdam, B. V. B., Jeune Homme aux fleurs, Rome, Gal. Pallavicini ; deux Scènes de genre, Boston, M. F. A.) sont d'une exécution libre, voisine de celle de Fetti, mais plus fluide et déliée. Leur originalité réside toutefois dans les sujets, populaires et rustiques, qui donnent une place de choix à l'artiste parmi les réalistes étrangers travaillant en Italie, entre les peintres de bambochades et Todeschini.

Keirinckx (Alexander)

Peintre flamand (Anvers 1600  – Amsterdam 1652).

Membre de la gilde d'Anvers en 1619, il se rendit en Angleterre v. 1625-26, où il exécuta pour Charles Ier des vues des châteaux royaux d'Écosse. On sait qu'il était en 1636 à Amsterdam, où on le retrouve en 1643, après un voyage à Londres en 1641. Il s'est inspiré de Coninxloo (Vivier dans le bois, 1620, Dresde, Gg. ; Vue de forêt avec chêne, Rotterdam, B. V. B.), mais a été aussi influencé par Bruegel de Velours (Paysage boisé, Bruxelles, M. R. B. A.) et les tendances plus baroques du paysage anversois (la Chasse au cerf, 1630, musée d'Anvers ; la Tentation du Christ, 1635, Munich, Alte Pin. ; Forêt, musée de La Fère). Enfin, des compositions comme le Paysage, daté de 1644, de la Kunsthalle de Hambourg évoquent par leur simplicité et l'harmonie de leur tonalité les paysages hollandais. Poelenburgh, S. Vranckx ou F. Francken ont exécuté les figures de certains de ses paysages.