Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Boscoli (Andrea)

Peintre italien (Florence 1560  – id. v. 1607).

Élève de Santi di Tito, formé dans le milieu érudit de l'Académie de dessin, créée en 1562, Boscoli se rattache plutôt, par sa préciosité aiguë, au maniérisme tardif issu de Pontormo (Visitation, Florence, S. Ambrogio). Boscoli est une personnalité éclectique sensible, comme Cigoli, aux recherches luministes de Baroche (il travailla dans les Marches de 1600 à 1606) et dont le dessin, d'une extrême vivacité, évoque celui de certains artistes du Nord travaillant en Italie (suite de dessins inspirés des Métamorphoses d'Ovide) mais aussi le premier maniérisme toscan du début du siècle.

Bosschaert (Ambrosius) , dit le Vieux

Peintre flamand (Anvers 1573  – La Haye 1621).

Il émigre avant 1593, date à laquelle il est inscrit à la gilde de Saint-Luc de Middelbourg. Tout comme Jan Bruegel pour les Flandres, il est un de ceux qui ont donné à la nature morte hollandaise de fruits et de fleurs ses premières lettres de noblesse. Ses plus anciennes œuvres connues (Bouquet de fleurs, 1609, Vienne, K. M.) se caractérisent par des arrangements simples, une composition symétrique, un point de vue assez accentué de haut en bas, des couleurs limpides et surtout un amour des détails, décrits avec une étonnante minutie. Cependant, ses œuvres ultérieures (Bouquets de fleurs, Mauritshuis ; 1617, Stockholm, Hallwylska Museet ; 1618, Copenhague, S. M. f. K. ; 1619, Rijksmuseum ; 1620, Stockholm, Nm) se libèrent de cette symétrie primitive : les compositions y sont plus libres (le bouquet du Mauritshuis est, par exemple, placé devant un fond de paysage ; comme quatre autres bouquets de Bosschaert, trois dans des collections privées et un au Louvre), la vue de haut en bas y est moins accentuée ; cependant, les bouquets y sont tout aussi fournis et les fleurs et les insectes peints avec la même perfection du détail, où perce le sentiment naturaliste du XVIIe s. dans un climat de rêve et de raffinement encore maniériste. Son chef-d'œuvre reste le Bouquet de fleurs du Mauritshuis, d'une merveilleuse et cristalline pureté dans ses tons d'aquarelle et son fond de paysage bleu clair. Ambrosius Bosschaert est, avec Jacob de Gheyn, le créateur du grand style floral hollandais ; son influence fut décisive : tout d'abord sur ses trois fils, Ambrosius le Jeune (Arnemuiden 1609 - Utrecht 1645) , dont on peut voir un Bouquet (1635) au musée d'Utrecht, Abraham (Middelburg 1613) et Johannes (Arnemuiden 1610/1611 – ? apr. 1623) , excellent peintre de fleurs qui continue le style délicieusement archaïque de son père (Bouquet, 1626, musée d'Utrecht) ; puis sur son beau-frère, Balthasar Van der Ast, et enfin sur ses élèves : Jacob Van Hulsdonck, Roelandt Savery, Christoffel Van den Berghe et Bartholomeus Assteyn. L'Anversois J. B. Bosschaert, lui aussi peintre de fleurs, semble n'avoir aucun lien de parenté avec les Bosschaert de Middelburg.

Bosse (Abraham)

Peintre français (Tours 1602  – Paris 1676).

Fils d'un tailleur, il fut, avec Sébastien Bourdon, l'un des rares grands artistes du XVIIe s. adepte du calvinisme. Dès la fondation de l'Académie royale, en 1648, il est chargé d'enseigner la perspective ; il est nommé graveur honoraire en 1651, puis conseiller (1655), mais il est exclu de cette institution en 1661 à cause de l'irascibilité de son caractère et peut-être aussi, en partie, en raison des principes rigoureux qu'il ne cessa de professer, avant et après. Il ouvre aussitôt une école concurrente, que le roi fit fermer. Il multiplia dès lors les protestations et les libelles, frondant Louis XIV et Colbert, opposant au système esthétique de Le Brun la règle mathématique et l'exemple de Poussin.

   Il vécut en artisan dans l'île Saint-Louis, à Paris, où, dès 1628, il avait rencontré Jacques Callot, qui lui apprit à substituer au vernis mou et gras employé jusqu'à lui par les aquafortistes un vernis fin, sans graisse, semblable à celui des luthiers et grâce auquel la morsure de l'acide donne un trait aussi pur que le trait obtenu au burin. Abraham Bosse débuta en 1629 par la publication d'une Suite de gravures de mode à la manière de Callot. Son style n'a jamais eu la vivacité elliptique que l'on admire dans les planches du maître lorrain. Abraham Bosse est un descripteur, non pas un interprétateur et un poète. Il pratique, avec une certaine lourdeur et quelque monotonie, un naturalisme direct et profondément honnête.

   Son œuvre, qui comporte 1 506 eaux-fortes imitant la gravure au burin, constitue un tableau complet de la société française pendant la première moitié du XVIIe s. : gentilshommes, grandes dames, bourgeois et gens de la campagne, représentés dans la vérité de leurs costumes, de leur démarche et de leurs gestes, parmi des meubles dont la structure et l'ornementation sont précisées avec la même exactitude que l'architecture des édifices et la décoration intérieure. Ses planches les plus célèbres sont le Bal, la Bénédiction de la table, la Galerie du Palais, le Courtisan suivant le dernier édit, le Clystère, le Maître d'école, le Crocheteur, le Peintre, le Sculpteur, les Graveurs, l'Impression des planches en taille-douce, le Jardin de la noblesse française, les Paraboles (où il situe les scènes de l'Écriture dans le cadre du Paris de son temps), les Figures en naturel, tant des vêtements que des posture, des gardes-françaises du Roy Très-Chrétien. On lui doit également des illustrations. Il est largement représenté à Paris, au cabinet des Estampes de la B. N., et le Louvre possède quelques-uns de ses dessins. Rembrandt appréciait les eaux-fortes d'Abraham Bosse et en possédait plusieurs.

   Bosse a beaucoup écrit. On citera le Traité des manières de graver en taille-douce (1645) et le Peintre converty aux précises et universelles règles de son art (1667), traduits en diverses langues. Robert Nanteuil fut son élève.

Both (les)

Peintres néerlandais.

 
Andries (Utrecht 1612/13  – Vénétie 1641). Son plus ancien tableau connu date de 1630 (le Dentiste, musée de Budapest). Il séjourna probablement à Rouen en 1633 avant de se rendre en 1635 à Rome. Peintre de genre au réalisme fortement caricatural sans doute sous l'influence de l'Utrechtois Droochsloot, il était préparé à recevoir en Italie l'influence des bambochades de Van Laer, comme l'attestent les figures, très expressives, qu'il a peintes dans les premiers paysages de son frère Jan (collaboration attestée par Sandrart et mise en doute à tort par des historiens plus récents). Un bon exemple de sa manière se trouve à l'Alte Pin. de Munich (Paysage avec temple, ruines et joueurs de cartes).

 
Jan (Utrecht v. 1618 – id. 1652). Il travailla presque toujours en collaboration avec son frère, jusqu'à sa mort (1641). Comme Andries, Jan se forma chez Bloemaert (1634-1637), sans être pour autant marqué par son style. On le trouve également à Rome à partir de 1638 env. où il rencontre Poelenburgh, jusqu'à 1641, année de son retour à Utrecht. Il est considéré comme l'un des meilleurs paysagistes italianisants et, comme tant d'autres, n'atteignit le plein épanouissement de son style qu'une fois rentré au pays natal. Les figures de ses paysages appartiennent à la peinture de genre pittoresque pratiquée par son frère et Pieter Van Laer ; en revanche, ses vues idéales de montagnes et de bois, calmement ordonnancées, atteignent parfois de grandes dimensions et sont plongées dans une atmosphère féerique par la vertu d'une lumière solaire qui illumine et transfigure toute la nature : elles trahissent davantage l'influence de Swanevelt que celle de Lorrain, à qui l'on a, depuis Sandrart et Houbraken, abusivement rattaché l'art très personnel de Both. Il est difficile de suivre l'évolution de Jan Both, car il ne date presque jamais ses œuvres. Un de ses motifs typiques est un bouquet d'arbres placé au bord d'un chemin et à contre-jour pour rendre la lumière encore plus irradiante. Son style évolue vers une exécution toujours plus détaillée et plus vivante des masses de feuillage et des branchages, de façon à rendre toute la transparence de l'atmosphère, l'artiste était également un superbe dessinateur. La manière de Jan Both a exercé une grande influence, notamment sur Willem de Heusch, un des meilleurs imitateurs du peintre, et surtout chez des italianisants aussi importants que Berchem et Pijnacker. Son chef-d'œuvre est l'immense et poétique Paysage aux dessinateurs (Amsterdam, Rijksmuseum).