Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Guido da Siena

Peintre italien (actif à Sienne dans la seconde moitié du XIIIe s.).

L'absence de documents n'a permis la reconstitution de sa personnalité qu'à partir de la seule œuvre qui soit signée et datée, la Maestà (1221, Sienne, Palazzo Pubblico). Les historiens mettent en doute l'authenticité de cette date et tendent aujourd'hui à la considérer trop précoce par rapport au style du peintre. En effet, si l'on exclut les têtes des 2 figures principales repeintes ultérieurement par un disciple de Duccio, la Maestà témoigne d'une ampleur et d'une certaine accentuation du dessin qui ne peuvent être expliquées que si Guido eut connaissance de la Madone de Coppo di Marcovaldo (1261, Sienne, église dei Servi). Une série de petits panneaux illustrant la vie du Christ et partagés entre la P. N. de Sienne et plusieurs musées (Altenburg, Utrecht, Louvre, Princeton) faisait sans doute partie du retable dont la Maestà constituait le centre. Guido révèle une tendance stylistique qui reste sans exemple à Sienne dans la première moitié du XIIIe s. mais qui fut, en réalité, importée par le Florentin Coppo. Cette hypothèse est confirmée par l'œuvre considérée comme la plus ancienne de Guido, une Madone à l'Enfant (1262, Sienne, P. N.), qui révèle la forte impression que fit sur lui la Madone du Florentin. Toutefois, dans bien des œuvres qui lui ont été attribuées (devant d'autel à la date incomplète [127.], id.), Guido apparaît moins original que Coppo face aux modèles byzantins, dont il accepte passivement l'apparat.

Guidobono (Bartolomeo)

Peintre italien (Savone 1654  – Turin 1709).

Il fut l'élève de son père, peintre sur céramique. Devenu prêtre, il suivit sa vocation de peintre. Il se rendit à Parme pour étudier Corrège, et ce pendant un an, puis à Venise. De retour à Savone, il commença par décorer des majoliques (musée de Savone et hôpitaux civils de Gênes), puis s'adonna à la peinture sur toile et à fresque, travaillant pour les grandes familles génoises — les Grillo, les Centurione, les Durazzo, les Brignole — comme pour les églises. De 1685 à sa mort, il travailla à Turin, à la cour du duc Victor Amédée de Savoie. Il décore à fresque le sanctuaire de Santa Maria di Casanova (près de Carmagnola) et plus tard, avec son frère Domenico (1668-1746), l'appartement de Madama Felicita. Se souvenant de l'exemple de Corrège, il aime à estomper les formes dans une lumière diffuse et privélégie les effets intimistes et poétiques qui ont fait parfois rapprocher son art de celui des Français contemporains, tant dans ses peintures religieuses (Sainte Marguerite en prison, Gênes. Gal. di Palazzo Bianco ; l'Éducation de la Vierge, Gênes, Accad. Ligustica) que dans les scènes mythologiques ou allégoriques qu'il peignit pour le palais royal de Gênes, (Endymion ; l'Été ; l'Automne). Il exécuta également quelques scènes de genre (Petit Berger avec un agneau, Gênes, coll. part.) et il sut mêler fort heureusement nature morte et peinture de figures, à l'exemple des Flamands travaillant en Ligurie (Jan Roos ou Frans Snyders).

Guiette (René)

Peintre belge (Anvers 1893  – id.  1976).

Après des études universitaires, il se consacre à la peinture à partir de 1919 et s'exprime d'abord dans une manière synthétique, proche de l'Expressionnisme flamand, où le dessin limite des surfaces sans profondeur (la Carriole, 1928, coll. part.). Après une brève influence picassienne (1944), sollicité par les recherches de Dubuffet et de l'Art brut, Guiette se constitue un style personnel, dont le graphisme est mis en valeur sur des fonds d'une matière dense et de tonalités généralement unies ou accordées à une dominante (Collioure gris, 1947, musée d'Anvers). Il réalise des frottages sur des parois rocheuses (1952), puis, v. 1955, s'initie au zen, dont on perçoit le rôle dans ses peintures et ses dessins à l'encre de Chine (Petites Écritures, encre de Chine et pinceau sur papier, Bruxelles, M. R. B. A.). En 1958, ses moyens se limitent. Guiette peint alors ce qu'il appelle des " vides ", matérialisation par la couleur et la touche de l'immatériel. Dans ses œuvres ultérieures, il introduit des signes hiéroglyphiques et travaille ses fonds monochromes de façon à recréer la vibration de la lumière. Il participera à de nombreuses expositions de groupe, notamment celles organisées par la Fondation Carnegie de Pittsburgh. Guiette est représenté au M. N. A. M. de Paris, au M. A. M. de São Paulo, aux musées de Bruxelles, Anvers, Amsterdam, La Haye. Le musée de Brou (Bourg-en-Bresse) lui a consacré une exposition en 1996.

Guigou (Paul)

Peintre français (Villars, Vaucluse, 1834  – Paris 1871).

Né dans une famille aisée, Guigou était clerc de notaire à Apt quand s'éveilla sa vocation artistique (1851). Il usait de ses moments de liberté pour peindre des paysages sur le motif. Il s'installa en 1854 à Marseille où il reçut les conseils de Loubon, et participa à partir de cette date aux expositions de la Société artistique des Bouches-du-Rhône, où, parmi des peintres locaux, figuraient Corot, Rousseau, Diaz, Puvis de Chavannes. Un voyage à Paris lui fit connaître les peintures de Courbet, qui l'influencèrent fortement. La Route de la Gineste (1859), la Lavandière (1860) et le Paysage de Provence (id.), tous trois au musée d'Orsay, Paris, témoignent de la sensibilité avec laquelle l'artiste rendit dans un profond réalisme la sèche limpidité provençale. En 1862, il rompit avec la carrière notariale et, sous-estimé de ses compatriotes, se fixa à Paris, en réservant de longs séjours à son pays natal. Il figura à tous les Salons à partir de 1863. Son premier envoi, les Collines d'Allauch (1862, musée de Marseille), prouve sa science à conserver, dans une œuvre de grandes dimensions, l'émotion des études exécutées en plein air. Si les environs de Paris l'inspirèrent parfois (Vue de Triel, musée de Marseille), Guigou demeura l'interprète fidèle et tendre des sites provençaux. Souvent accompagné dans ses promenades par Monticelli, son art revêtit un aspect très différent. Peintre de la réalité, Guigou s'apparente plutôt à Bazille, avec qui il retrouvait les impressionnistes au café Guerbois. Leur commune origine méridionale les tint écartés de l'école naissante, qui exprimait la luminosité de l'atmosphère par une vibration mouvante.

   Engagé comme professeur de dessin par la baronne de Rothschild en 1871, le peintre entrevoyait un répit à ses années de gêne pécuniaire, quand il fut frappé par une congestion cérébrale. L'artiste est représenté dans les musées de Marseille, d'Aix-en-Provence, d'Avignon, de Montpellier, de Toulon et de Périgueux, et à Paris au musée du Petit Palais.