Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Charlet (Nicolas)

Peintre français (Paris 1792  – id.  1845).

Il fut l'élève de Gros, mais, plus qu'à ses peintures, pourtant admirées par Delacroix (Épisode de la retraite de Russie, musée de Lyon), Charlet doit sa célébrité à ses dessins et à ses estampes. C'est Géricault qui lui enseigna l'art d'une lithographie forte et colorée. Fougueux bonapartiste, par ses caricatures aux légendes incisives, par ses scènes militaires, par ses " grognards ", dont il créa le type, il a entretenu autour du souvenir de l'Empereur une sentimentalité patriotique et cocardière qui contribua à préparer l'avènement de Napoléon III.

Charlier (Jacques)

Artiste belge (Liège 1939).

Il apprend à peindre à l'âge de 15 ans, en autodidacte, en retransposant à peu près toute la peinture moderne. De 1957 à 1977, il travaille au Service technique provincial de Liège. Ses thèmes favoris, traités de façon humoristique, sont : l'art, l'art par rapport à l'art, le monde de l'art. Vers 1960, ses premières expositions sont une mise en scène d'objets récoltés dans les brocantes ; vers 1970, il réalise des photographies de vernissage, des romans-photos, des dessins humoristiques, des expériences musicales (le groupe After-Punk Terril). Les années 80 correspondent aux grandes satires picturales, où il a recours aux cadres d'époque, aux craquelures (Peinture pirate, 1989). En 1983, son œuvre fait l'objet d'une rétrospective à Bruxelles, au palais des Beaux-Arts ; il participe à l'exposition " l'Art en Belgique : un point de vue ", musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 1990.

Charlot (Jean)

Peintre français (Paris 1898  –Hawaï 1979).

Après avoir fréquenté l'École des beaux-arts de Paris, Charlot, fasciné par le Mexique, s'y installe en 1921. Il est aussitôt intégré au mouvement muraliste et Rivera le recrute en 1922 comme assistant sur le chantier de l'École préparatoire de Mexico, lui confiant aussi un décor mural. Charlot y expérimente la technique de la fresque et opte pour un thème historique, intelligible à tous, le Massacre au Temple Majeur, que sa composition solidement structurée apparente au cubisme et, plus encore, à Uccello. Ce sens de la construction comme la sensation de pesanteur qui en résulte caractérisent aussi les tableaux de chevalet, peu connus, où Charlot dresse un portrait tendre du peuple mexicain, de ses enfants (Mama Shanks, 1926) et de ses Bâtisseurs de pyramides (1930) dont il a pu étudier les réalisations lors d'une expédition archéologique de trois ans au Yucatán. En 1929, il s'installe aux États-Unis, enseignant entre autres à l'Art Student League à New York, avant de rejoindre l'université de Hawaï : les peintures murales de Charlot sont présentes dans ces deux pays.

Charlton (Alan)

Peintre britannique (Sheffield 1948).

Après avoir effectué ses études à la Sheffield School of Arts en 1965-66 puis à la Camberwell School of Art et à la Royal Academy de Londres de 1966 à 1972, Alan Charlton apparaît comme le meilleur représentant de l'école britannique de la peinture monochrome. Couleur uniforme, grands formats et châssis découpés, mais à l'intérieur du champ pictural : carrés évidés, fentes médianes longitudinales, pourtour formant un cadre. Ses dessins sont à cet égard très révélateurs de sa démarche dans leur précision et leur objectivité conceptuelle. Charlton va ensuite passer à l'utilisation du polyptyque en réalisant ses peintures monochromes sur des châssis différents et en juxtaposant des modules : rectangles horizontaux superposés, panneaux verticaux disposés en série sur le mur ou dans l'angle de la pièce (présentation à la gal. Liliane et Michel Durand-Dessert en 1986). Il commence à exposer dès 1972, dans un contexte très marqué par l'art conceptuel, ses premiers tableaux monochromes gris (Whitechapel Art Gal., Londres ; Konrad Fisher, Düsseldorf). Variété des formats, d'une exposition ou d'une période à l'autre, diversité des rythmes, austérité et raffinement de la gamme colorée, conception originale et dynamique de l'espace, rigueur de la démarche, telles sont les caractéristiques de l'abstraction très conceptuelle que pratique Alan Charlton depuis 1972 (exposition au M. A. M. de la Ville de Paris, 1989). Son œuvre est représentée dans de nombreuses collections particulières et publiques en Grande-Bretagne et en Europe, à Lyon (musée Saint-Pierre) et au musée de Grenoble.

Chase (William Merritt)

Peintre américain (Williamsburg, auj. Ninevah, Indiana, 1849  – New York 1916).

Il étudia tout d'abord avec Benjamin Hayes à Indianapolis (1868) et J. O. Eaton à New York à la N. A. O. (1870) avant de se rendre en Allemagne, en 1872, où, bien qu'élève de Karl von Piloty et d'Alexander Wagner à la Münchner Akademie, il subit surtout l'influence de Wilhelm Leibl (1872-1876). Il visita ensuite l'Italie, en particulier Venise, avec Duveneck et Twatcham, alors également à Munich. Il revint à New York en 1878 et consacra une grande partie de sa vie à enseigner, tout d'abord à l'Art Students League, puis à la Chase School of Art, qu'il fonda en 1896 (connue aussi sous le nom de New York School of Art, 1898-1908), à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, et enfin à la Summer School, qu'il créa à Shinnecock, Long Island, tous lieux d'un enseignement rompant avec la tradition. Charles Sheeler, Morton Schamberg et Georgia O'Keeffe furent au nombre de ses élèves. Ses activités de professeur, des voyages en Europe, ne l'empêchèrent pas de laisser une production considérable (plus de 2 000 œuvres), qui atteste une grande fermeté de style. Il peignit portraits et natures mortes (surtout à ses débuts) aussi bien que scènes d'intérieur et paysages. L'influence des maîtres anciens qu'il admirait — Hals, Velázquez, Tintoret —, liée aux pratiques de l'école de Munich, se retrouve dans une toile telle que An English Cod (1904, Washington, Corcoran Gal.), brossée avec vigueur et brio. Ses paysages (Near the Beach, 1895, musée de Toledo) révèlent l'influence de l'Impressionnisme (Chase encourageait ses étudiants à peindre en plein air), mais n'en acceptent cependant pas tous les principes.

   Chase fut célèbre et honoré de son vivant. Personnalité prépondérante dans le milieu artistique new-yorkais, il conseilla de nombreux collectionneurs (c'est sur son avis que J. A. Weir acheta pour Erwin Davis les deux premiers Manet entrés aux États-Unis, la Femme au perroquet et l'Enfant à l'épée du Metropolitan Museum de New York). Son œuvre est bien représentée dans les musées américains. Une de ses toiles, Jeune Fille en blanc, se trouve au musée d'Orsay.