Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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unit one

Cette association britannique de peintres, de sculpteurs et d'architectes fut fondée par Paul Nash en 1933 et était destinée à permettre au public anglais de prendre conscience d'un mouvement d'art moderne en Angleterre. Au nombre de ses membres figuraient Ben Nicholson et les sculpteurs Henry Moore et Barbara Hepworth. En 1934, une exposition fut organisée à la Mayor Gal. de Londres, et sir Herbert Read édita un volume de comptes rendus avec reproductions. Le groupe, qui n'avait pas d'unité stylistique, se scinda bientôt en tendances abstraites et en tendances surréalistes.

Unterberger (Michelangelo)

Peintre autrichien (Cavalese, Trente,  1695  – Vienne  1758).

Il fut l'élève de Giuseppe Alberti à Varena, puis de Nicola Grassi à Venise. Il travailla pour les églises et les couvents du Tyrol, fit un séjour prolongé à Passau et s'établit à Vienne. En 1737, il obtient un premier prix de dessin d'après le modèle à l'Académie et, l'année suivante, une médaille d'or pour sa composition la Répudiation d'Agar. En 1751, il est élu, pour trois ans, recteur de l'Académie, sans doute en raison de sa présence dans l'établissement depuis quatorze ans. Janneck et Troger sont ses assesseurs. Le mandat suivant est assuré par Troger, et Unterberger devient assesseur, mais il est réélu recteur en 1757. Contrairement à la plupart de ses compatriotes, Unterberger ne pratiqua presque jamais la fresque. Il peignit de nombreux tableaux d'autel dans un atelier très productif après 1750, auquel collabora peut-être son frère Franz Sebald (Cavalese 1706 - id. 1776) , dont il est parfois difficile de distinguer les œuvres, en particulier pour ce qui concerne les esquisses. Le tableau de l'église des Augustins à Vienne Jésus parmi les docteurs comporte les caractéristiques essentielles du style de Michelangelo Unterberger : accords de rouge et de bleu, pourtour noyé dans une zone d'ombre, fort contraste de lumière éclairant l'enfant gracile qui rappelle Trevisani. Dans la Mort de la Vierge (1749-50), considérée comme le chef-d'œuvre d'Unterberger (cathédrale de Brixen [Bressanone]), des motifs entiers sont empruntés à l'Assomption de Piazzetta (Louvre), qui connut un énorme succès dans les pays germaniques. Les esquisses (Madone et saints, pin. de Cavalese), à la palette vive et claire, reflètent parfois l'influence de Troger et celle de Pittoni. Les dessins (musées d'Innsbruck et de Budapest) font valoir la sûreté du trait et la précision de la répartition de la lumière.

 
Christoph (Cavalese 1732 – Rome 1798) . Neveu des deux frères, il subit d'abord leur influence à Vienne, puis se rendit en Italie, à Vérone et à Rome (1758), où il travailla avec Mengs. Ses œuvres appartiennent alors au goût néo-classique : portraits, décoration (fresques au Museo Clementino du Vatican et à la gal. Borghèse à Rome : le Triomphe d'Hercule, 1785-86) et tableaux d'autel envoyés dans les églises de sa région.

Úprka (Joža)

Peintre tchèque (Knezdub 1861  – Hroznová Lhota 1940).

Formé à l'Académie de Prague, auprès de Čermák (1881-1884), et à Munich (1884-1887), il voyage en France, où il séjourne quelque temps, en Angleterre et en Hollande. Reconnu dès 1895 à Prague, il remporte un certain succès en 1900 à Paris et à Vienne. Il fonde en 1907 la société Mánes, qui eut une grande importance dans la vie artistique pragoise. Dans le Faucheur (1896, Prague, Národní Galerie), les moyens techniques d'un impressionnisme massif sont mis en œuvre et domestiqués par une composition simplifiée et une réduction de la gamme colorée à des effets de camaïeu, au service d'une nette dimension symboliste.

   Familier des thèmes de l'art populaire, Úprka donna ensuite des compositions extrêmement statiques où des processions de personnages organisés en frise sont fortement rythmées par la scansion d'arbres ou d'éléments d'architecture (l'Enterrement, 1901, Prague, id.). La couleur, posée en aplats de tons francs et purs, n'a plus rien de naturaliste et la technique atteint alors une certaine monumentalité fort décorative.

usure

Détérioration des vernis et parfois de la couche picturale, due en général au frottement. Affaiblissement et détérioration des supports en toile résultant de leur vieillissement. Les peintures dont le vernis est usé prennent un aspect terne ; l'usure, dans ce cas, se différencie difficilement des embus. (Voir RESTAURATION.)

Utrillo (Maurice)

Peintre français (Paris 1883 Dax 1955).

Ce fils de Montmartre est né sur la Butte un 26 décembre, enfant naturel d'une femme peintre, modèle d'atelier, Marie-Clémentine Valadon, dite Suzanne Valadon. En 1891, il est reconnu par Miguel Utrillo y Molins, artiste et brillant personnage de Barcelone, qu'il n'a jamais vu. Élève au collège Rollin, il prend très jeune des habitudes de vagabondage et de boisson. On lui trouve un emploi dans une banque, où il donne d'abord satisfaction, mais se fait renvoyer pour son humeur fantasque. À la suite d'esclandres répétés, on l'interne à Sainte-Anne pour lui faire subir une première cure de désintoxication. En 1902, un médecin intelligent conseille à sa mère de l'occuper en le faisant peindre. De 1903 à 1906, Utrillo peint en banlieue — à Montmagny, à Pierrefitte — et à Montmartre, dans une manière sombre et très épaisse. Le marchand Clovis Sagot et quelques connaisseurs commencent à s'intéresser à lui. À partir de 1907, Utrillo éclaircit sa palette et, v. 1910, il peint avec des blancs, qui feront donner à la période de sa production qui va jusqu'à 1915 le nom de " période blanche ". Le marchand Libaude, en 1909, tente d'accaparer ses toiles et lui verse une modeste mensualité. Mais, par lui, Utrillo connaît Francis Jourdain, Élie Faure, qui s'enthousiasment pour son talent, ainsi qu'Octave Mirbeau. À partir de 1909, il expose au Salon d'automne et aux Indépendants. Cependant, il a peu de contacts avec les peintres et partage sa vie misérable entre le cabaret de la Belle-Gabrielle et le bistrot du Casse-Croûte. En 1912, une crise de delirium tremens le fait admettre dans une maison de Sannois. Après deux mois de cure, Utrillo voyage en Bretagne et en Corse, où il peint beaucoup. Sa première exposition d'ensemble a lieu à la galerie Eugène Blot en 1913. À partir de 1914, sa technique évolue, sous l'influence de sa mère, vers un style plus dessiné, plus coloré et cloisonné. En 1916, il est interné à Villejuif avec les fous furieux, puis se fait soigner à l'asile de Picpus. Une exposition en 1919 à la galerie Lepoutre lui vaut un grand succès moral et matériel, mais, dès lors, ses proches le surveillent de près et l'exploitent. Après deux expositions à la gal. Weill, la gal. Bernheim-Jeune lui offre un contrat, et une vogue foudroyante commence pour lui. Malgré ses succès, Utrillo reste aussi instable, tente de se suicider, et sa mère l'emmène au château de Saint-Bernard, dans l'Ain, où, à partir de 1923, il passe chaque été. Il exécute pour les Ballets russes de Diaghilev le décor de Barabao. En 1935, il épouse Lucie Valore. En même temps, le marchand Paul Pétridès s'assure toute sa production par contrat. L'artiste exécute en 1948 un décor pour Louise (de G. Charpentier) à l'Opéra-Comique, et, en 1955, deux panneaux de 3 mètres de large lui sont commandés pour décorer la salle de la Commission des beaux-arts de l'Hôtel de Ville. Son talent a beaucoup baissé : il répète ses sujets en images coloriées, tandis que sa gloire devient internationale (exposition à New York en 1939 ; une salle à la Biennale de Venise en 1950) et que les faux Utrillo se multiplient, donnant lieu à des scandales retentissants.

   Sa peinture est inclassable. On a essayé de la rattacher à celle des naïfs à cause de la minutie de son dessin et de ses figures populaires. Mais ces caractères n'apparaissent que dans les toiles relativement tardives de la manière colorée. En fait, Utrillo est bien un autodidacte, n'ayant reçu que des conseils de sa mère et surtout du peintre Quizet, un solitaire comme lui, avec qui il travaillait au début dans les rues, car, dans les premières années, il peignait toujours sur le motif, et ce n'est que plus tard, quand son talent déclina, qu'il se mit à copier des cartes postales. Son originalité réside d'abord dans sa conception de l'espace, des perspectives montantes et descendantes, des détours des rues, des volumes des maisons, créant, parallèlement au Cubisme, un art soucieux de rigueur. D'autre part, il a su donner une expression poignante aux murs lépreux des maisons pauvres, à la répétition hallucinante des fenêtres noires, à la solitude des chaussées et des trottoirs.

   La manière blanche, plus aérée, est surtout représentée par des vues de Montmartre. Utrillo a su tirer une poésie surprenante de banals cabarets, comme le Lapin agile (1910, Paris, M. N. A. M.), du Sacré-Cœur, de quelques églises de banlieue.

   Le M. N. A. M. de Paris conserve des œuvres de l'artiste, qui est aussi bien représenté au M. A. M. de la Ville, au musée de l'Orangerie (coll. Walter-Guillaume) et dans les grands musées d'Europe et des États-Unis.