Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Merida (Carlos)

Peintre mexicain (Quetzaltemango, Guatemala, 1893  – Mexico 1984).

Ce peintre muraliste d'origine maya-quiché a d'abord fait des études musicales avant de se tourner vers la peinture. En 1910, il vit à Paris, étudie avec Van Dongen et se lie à Modigliani. En 1914, Merida retourne au Guatemala et étudie l'art indien populaire et, en 1919, se rend au Mexique et développe un art basé sur les motifs indigènes. Les éléments de ses œuvres sont simplifiés à l'extrême, la perspective et le volume, bannis. Il est l'un des tout premiers à s'intéresser à l'art mural et adhère au Syndicat des travailleurs techniques, peintres et sculpteurs dès sa fondation (1925). Puis il revient au chevalet et tend progressivement vers l'abstraction. L'artiste a contribué à la création de nouvelles techniques à base de mosaïques, de verre et de ciment polychrome. Ainsi, dans les années 50, il réalise des façades d'immeuble à Mexico où de grandes figures blanches se détachent sur un fond de couleur, représentant des dieux et déesses mayas. Il est notamment représenté à l'Institut national des beaux-arts de Mexico.

Merson (Luc-Olivier)

Peintre français (Paris 1846 id. 1920).

Merson obtint le prix de Rome en 1869. Certaines de ses toiles d'inspiration religieuse sont traitées dans un style réaliste un peu conventionnel, mais avec des couleurs fraîches et de ravissants détails (le Loup d'Agubbio, 1877, musée de Lille). D'autres toiles, à la composition rigoureuse et aux tons sobres, se souviennent du Moyen Âge et des fresques du quattrocento (Saint François prêche aux poissons, 1881, musée de Nantes ; la Salutation angélique, 1890, musée de Bordeaux). Les illustrations de Merson pour Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou les Trophées de Heredia sont d'un beau graphisme poétique. L'artiste imita les enluminures médiévales dans ses cartons de vitraux et de tapisseries (Saint Michel, 1875, manufacture des Gobelins) et dans ses motifs ornementaux. Il dessina pour l'État français ses 2 célèbres billets de banque (50 F et 100 F). La maquette de la grande mosaïque de l'église du Sacré-Cœur et les décorations murales qu'il exécuta à Paris au Palais de justice (Galerie de Saint Louis, 1877), à l'hôtel Watel-Dehaynin (la Famille, la Vérité et la Fortune, 1901, musée d'Orsay) et à la Sorbonne (la Théologie) sont d'un archaïsme discret ; quant aux décorations de l'Opéra-Comique, elles sont d'un modernisme mieux enlevé (la Musique, la Poésie, l'Élégie). Professeur à l'E. N. B. A. (1894), Merson s'y montra fervent défenseur du Classicisme.

Méryon (Charles)

Graveur français (Paris 1821  – Charenton 1868).

Après avoir commencé une carrière d'officier de marine, il se consacre en 1848 uniquement à la gravure, le souvenir de ses voyages constituant une source d'inspiration importante dans son œuvre. Après une formation à Toulon, auprès du peintre Cordouan, entre 1839 et 1841, puis en 1846 chez C.F. Phélippes, un élève de David, il apprend la technique de la gravure chez l'aquafortiste Bléry, de 1849 à 1850, et copie les maîtres hollandais du XVIIe s., et surtout Zeeman, d'après lequel il grave sa première série d'Eaux-fortes sur Paris (1850-1855) ; il en expose la première planche, le Petit Pont, au Salon de 1850. En 1857, il achève une Vue de San Francisco, panorama qu'il exécute d'après cinq daguerréotypes. Entre 1860 et 1863, il réalise des Vues de l'Océanie, ainsi que des copies de vues de Paris des XVIIe et XVIIIe s. (l'Ancien Louvre d'après une peinture de Zeeman, 1866). Ses gravures se caractérisent par une composition fondée sur un jeu rigoureux de lignes entrecroisées et une suggestion dramatique de la lumière par des contrastes de valeurs audacieux ; l'aspect visionnaire de son œuvre séduit Baudelaire, qui écrit sur Méryon dès 1859, dans son compte rendu du Salon. L'artiste meurt atteint d'une maladie mentale, interné à l'hospice de Charenton ; il laisse une œuvre importante de gravures et de dessins, conservée en grande partie à Londres (British Museum) et à Paris (B. N.).

Merz (Gerhard)

Peintre allemand (Bayern 1947).

Merz fait ses études à l'École d'art graphique de Munich (1966-1969), puis à l'Académie des beaux-arts, où il suit les cours de Rudi Tröger. S'il débute comme sculpteur, il se tourne rapidement vers la peinture et exécute, à partir de 1972, des tableaux monochromes où toute référence à une réalité extra-picturale est exclue. Les années 1977-78 marquent un nouveau tournant dans l'œuvre de l'artiste. I love my time (coll. de l'artiste), réalisé en 1978, ouvre la série de tableaux monochromes interrompus par des mots. Apparaissent également les tableaux aux surfaces quadrillées et colorées.

   À partir de 1983, Merz utilise le lieu comme élément pictural. La couleur du tableau Mondo Cane est déterminée directement par les murs du Lenbachhaus de Munich.

   Depuis 1984, il applique sa propre peinture murale dans toutes les salles où il expose, recherchant le lien harmonique entre l'image et l'architecture. Ainsi dans Eupalinos, 1988, exécuté lors d'une exposition au musée de Grenoble, Merz réalise une installation qui souligne la fonction architectonique de la peinture. D'immenses monochromes jaune de Naples ou noir d'ivoire sont disposés dans les salles du musée de façon à s'intégrer à l'architecture et devenir des éléments de construction équivalant à la pierre ou au verre. Par leur position, ces œuvres monochromes permettent d'édifier l'espace et de révéler les rapports de proportion et de direction de l'édifice. En soumettant la peinture à l'ordre architectural, Gerhard Merz peut, à l'inverse de l'architecte visionnaire Étienne-Louis Boullée qui étudia la peinture avant l'architecture, affirmer : " Ed io anche son architetto " (et moi aussi je suis un architecte).

Merz (Mario)

Peintre italien (Milan 1925- Turin 2003).

En 1945, Mario Merz est incarcéré pour ses activités politiques. Après la guerre, lié au milieu intellectuel turinois, il exécute des peintures d'une grande densité, à sujet souvent réaliste — Arbre, 1953 ; Soudeur, 1956 —, et expose pour la première fois en 1954 (Turin, gal. La Bussola). Rompant avec le tableau-plan, il réalise en 1965-66 une série de tableaux projetés, créant des œuvres volumétriques en toile ou en paille tressée, traversées par des barres de néon. Ce matériau, qui restera une constante dans son œuvre, est utilisé en 1967 en association avec divers objets : Bouteille, Parapluie, Imperméable, traversés par la lumière, qui, en générant un courant d'énergie, détruit l'idée d'objet pour créer une " situation ". En 1968, Merz présente ses premiers igloos, " formes organiques par excellence ", structures fondamentales et permanentes dans son œuvre future, qui permettent l'abandon du plan, la mise en œuvre, dans le cadre de la sphère posée au sol, d'un espace absolu en lui-même, autonome, recouvert de matériaux informes : glaise, sacs de terre (Igloo de Giap, 1968, Paris, M. N. A. M.), verre, pierre, assemblés autour de structures métalliques plus ou moins visibles. À partir de ce moment, il participe à toutes les expositions du groupe de l'Arte povera : Bologne, gal. De' Foscherari, Amalfi, Arsenal, etc. Parallèlement, il expose (1969, gal. l'Attico, Rome) une série d'objets, de situations mêlant éléments naturels (foin, fagots, cire) et éléments industriels : structures tubulaires, néons. En 1971, l'idée de prolifération trouve dans la suite de Fibonacci l'une de ses réalisations formelles : cette suite numérique, dont chaque terme est égal à la somme des deux termes précédents, génère le passage d'un espace mesuré et clos à un espace organique et prend la forme d'une série de chiffres en néon disposée dans l'espace, seule ou en liaison avec des objets divers comme des accumulations de journaux (le Retour des journaux, le jour d'après, quand plus personne n'est intéressé à les lire, 1970-1976, Lyon, musée d'art contemporain) ou une motocyclette (Accélération = songe, nombres de Fibonacci au néon et motocyclette-fantôme, 1972, Documenta V, Kassel). Le thème de la prolifération se matérialise également dans le motif de la table, forme géométrique carrée ou traitée en spirale, souvent en verre, liée à des installations dans l'espace composées avec d'autres matériaux : fagots, pierre brute (exposition Turin, gal. Sperone, 1976), fruits (Pescara, gal. Mario Pieroni, 1976). Vers 1975, l'élément pictural reprend une place importante dans le travail de Merz : de grandes peintures de couleurs vives sur des toiles sans châssis, représentant des éléments de la nature : animaux sauvages (Rhinocéros, 1979 ; Tigre, 1981), plantes, parties du corps humain, souvent présentés dans des installations comprenant les éléments du vocabulaire de son œuvre : igloos, fagots, tables. D'importantes expositions de l'œuvre de l'artiste ont eu lieu à San Marino (1983), au Kunsthaus de Zurich (1985), au musée d'Art contemporain de Bordeaux (1987). Son œuvre est représentée dans plusieurs musées français : Épinal, musée (Truciolo, 1967), Saint-Étienne, M. A. M., Paris, M. N. A. M., ainsi qu'à l'étranger : Eindhoven, New York (M. O. M. A), Rivoli.