Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Van Hoeydonck (Paul)

Peintre et sculpteur belge (Anvers 1925).

Diplômé d'histoire de l'art à l'Institut supérieur d'Anvers, autodidacte dans le domaine de la création artistique, il s'oriente, sous l'influence de Morandi, vers la réalisation de natures mortes ; ses œuvres évoluent ensuite vers l'Abstraction géométrique. Il emploie alors le Plexiglas et crée des reliefs sur fond blanc. Sa première exposition se tient à Anvers en 1952. Fasciné par l'avenir du monde technique et industriel, il aborde à la fin des années 50 le domaine de la science-fiction, souhaitant préfigurer une humanité future dans une série intitulée " Cité du Futur ", projection de l'homme dans l'espace sidéral. À cette fin, il assemble et accumule des objets et des matériaux de la vie quotidienne, mettant en scène la mutation du rêve en cauchemar technologique. Dans les années 60 apparaît un nouveau cycle avec les séries intitulées " Torses ", " Mutants " puis " Astronautes ", expressions d'une mutation formelle où les qualités plastiques, formes et couleurs jouent le rôle essentiel. Van Hoeydonck construit ses visions du futur à partir de matériaux du présent : la vie triomphe dans l'assemblage de pièces de machines, mannequins et poupées, dont le sens est renouvelé. En 1958, ses " Homo cyberneticus " montrent des robots aux membres délicats, véritables revenants du futur. Van Hoeydonck s'intéresse également aux phases réelles de l'exploration lunaire : en août 1971, il entre en contact avec les astronautes américains lors de l'expédition Apollo 15. Une figurine créée par ses soins (Fallen Astronaut) est déposée sur le sol lunaire en hommage aux astronautes morts en mission. Il participera à d'innombrables expositions de groupe : en 1967 à la Kunsthalle de Berne, au musée des Arts décoratifs de Paris, en 1969 au musée d'Art contemporain de Chicago, etc. Ses œuvres sont présentes au M. O. M. A. de New York, au musée d'Art moderne de Bruxelles.

Van Koningsbruggen (Rudolphus Johannes Philippus, dit Rob)

Peintre néerlandais (La Haye, 1948).

Des études à l'Académie royale des Beaux-Arts (1967), à l'Académie libre de La Haye (1968-1970), puis à l'Atelier 63 de Haarlem, conjuguées à une grande admiration pour l'œuvre de Jan Schoonoven, conduisent Van Koningsbruggen à un travail mettant en valeur l'action de la pratique du peintre par rapport à la peinture achevée. D'abord concrétisée dans des œuvres composées de bandes grises ou blanches tracées en fonction de la largeur du pinceau (1971-72), cette tendance à valoriser le faire se marque dans des séries de tableaux où il utilise la toile même comme pinceau, appliquant de la peinture sur les tableaux, sur les côtés ou à l'intérieur de formes géométriques simples, cercles ou carrés, et faisant glisser une peinture sur une autre. Cette approche conceptuelle de la peinture insiste sur l'émergence des formes en dehors de toute détermination préalable du résultat, dans des tableaux en blanc et noir, puis en jaune, rouge et bleu, caractérisés par des effets de frottages et de superpositions de couleurs. Après une exposition rétrospective à Amsterdam (Stedelijk Museum, 1979), l'artiste marque une pause dans son œuvre, pour aboutir, à partir de 1982, à une approche plus volontaire du travail pictural. Effectuant des recherches sur les mélanges de couleurs, leur réaction entre elles, souvent à partir de cercles chromatiques, Van Koningsbruggen donne des tableaux où des triangles, des cercles, des carrés, des cônes de couleurs se superposent, glissent partiellement, coulent et se salissent réciproquement, créant des combinaisons picturales hors de toute convention, dans lesquels sont privilégiés les motifs géométriques.

   De 1972 à 1978, l'artiste a souvent exposé gal. Swart ; son œuvre a fait l'objet d'expositions rétrospectives à Rotterdam (B. V. B., 1988) et à Saint-Priest (Centre d'art contemporain, 1988). Elle est représentée dans les grandes collections néerlandaises et notamment à Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Groningue.

Van Loo (Charles Amédée Philippe) , dit Van Loo de Prusse

Peintre français (Rivoli, près de Turin, 1719  – Paris 1795).

Il fut élève de son père Jean-Baptiste, et devint membre de l'Académie en 1747 : Martyre de saint Sébastien (Notre-Dame de Versailles). Un an après, le marquis d'Argens le faisait engager au service du roi Frédéric de Prusse, qu'il quitta de 1758 à 1763 (Baptême du Christ, Salon de 1761 ; Versailles, cathédrale Saint-Louis) et qu'il rejoignit en 1763 pour ne rentrer à Paris qu'en 1769. Son œuvre, considérable, se trouve principalement à Berlin et à Potsdam (plafonds allégoriques, portraits, grands tableaux d'histoire ou mythologiques, tableaux galants inspirés de Watteau). Nommé adjoint à professeur en 1770 et adjoint à recteur en 1790, il exécuta entre 1773 et 1775, pour la manufacture des Gobelins, les cartons de tapisserie pour la Tenture du costume turc, qui comptent parmi les exemples les plus importants du goût pour l'Orient : la Sultane et les odalisques (1774), la Toilette d'une sultane (1774, Louvre).

Van Loo (Charles-André, dit Carle)

Peintre français (Nice 1705  – Paris 1765).

Second fils de Louis-Abraham (Amsterdam, v. 1656 — Nice 1712), il rejoignit son frère aîné, Jean-Baptiste, à Turin en 1712, puis alla à Rome, où il fut l'élève de Benedetto Luti. Rentré à Paris en 1719, il peignit ses premières compositions religieuses (la Présentation au Temple, 1725, Lyon, église Saint-Jean) et remporta en 1724 le premier prix, qui lui ouvrit les portes de l'Académie de France à Rome. Il y partit en 1727, en même temps que Boucher, et y resta jusqu'en 1732 : Apothéose de saint Isidore (1729, Rome, église Saint-Isidore ; esquisse à la Kunsthalle de Hambourg ; Énée et Anchise, 1729, Louvre). Entre 1732 et 1734, il est à Turin, où il travaille pour le roi de Sardaigne — 11 sujets de la Jérusalem délivrée, du Tasse (1733, Turin, Palazzo Reale), Repos de Diane (1733, plafond du château de Stupinigi ; esquisse à l'Ermitage) — et pour des établissements religieux : Cène et Multiplication des pains (1783, Turin, église S. Croce ; esquisses au musée d'Arras).

   Rentré à Paris en 1734, il est reçu académicien en 1735 avec Apollon faisant écorcher Marsyas (Paris, E. N. B. A.) et connaît ensuite une brillante carrière officielle ; adjoint à professeur en 1736, professeur en 1737, adjoint à recteur en 1752, recteur en 1754, il est nommé premier peintre du roi en 1762 et directeur de l'Académie en 1763, postes qu'il occupera jusqu'à sa mort. En 1749, il reçoit le titre de gouverneur de l'École des élèves protégés et a un rôle pédagogique important auprès de ses élèves, parmi lesquels on peut citer Fragonard et le peintre d'histoire Nicolas-Guy Brenet formé également dans l'atelier de Boucher.

   Van Loo, dont Grimm disait qu'il était le " premier peintre de l'Europe ", est, aux côtés de J.-F. de Troy et de Natoire, un des meilleurs représentants du " grand style ". Il travailla soit pour le roi : Chasse à l'ours, Chasse à l'autruche (1736, musée d'Amiens), Halte de chasse (1737, Louvre), 3 Allégories des Arts (1745, Paris, B. N., cabinet des Médailles), Auguste fermant les portes du temple de Janus (1765, terminé par Louis-Michel, musée d'Amiens), soit pour la manufacture des Gobelins : Thésée vainqueur du taureau (1746, musée de Nice ; autre version au musée de Besançon), Neptune et Amymone (1757, Louvre), soit pour des particuliers : Mercure bûcheron, Jupiter et Junon, Mars et Vénus, Toilette de Vénus, Castor et Pollux (1737, Paris, hôtel de Soubise, auj. Archives nationales), et surtout pour des églises : Lavement des pieds (1742, musée du Mans), 4 tableaux de la Vie de la Vierge (1746-1751, Paris, Saint-Sulpice), 6 tableaux de la Vie de saint Augustin et Vœu de Louis XIII (1748-1753, Paris, Notre-Dame-des-Victoires), Nativité (1751, musée de Brest ; esquisse au musée d'Amiens), Sainte Clotilde au tombeau de saint Martin (1752, musée de Brest ; esquisse au musée d'Angers), Saint Charles Borromée (1753, Paris, Saint-Merri), la Résurrection (1755, cathédrale de Besançon). Il peignit aussi plusieurs scènes de genre et fut l'un des premiers à représenter dans ses toiles des costumes de fantaisie, turcs ou espagnols : le Pacha faisant peindre sa maîtresse (1737, Londres, Wallace Coll.), Une sultane prenant le café, Une sultane travaillant à une tapisserie (1755, Paris, musée des Arts décoratifs), la Conversation espagnole (1755), la Lecture espagnole (1761, Ermitage).

   Professeur estimé de ses élèves (Doyen, Lépicié, Lagrenée l'Aîné) et rival de Boucher, qui ne sera nommé premier peintre qu'après sa mort (en 1765), Carle Van Loo est l'un des plus doués des peintres d'histoire du XVIIIe s.

   Victime de la réaction davidienne et contesté de son vivant même (Vien présentera en effet sa Marchande d'Amours en 1763), Carle Van Loo n'en reste pas moins un artiste habile, aux compositions plaisantes et décoratives, dont les grandes machines, trop longtemps ignorées, sont une des gloires du Rococo français.

   Une exposition a été consacrée à Carle Van Loo en 1977 (musées de Nice, Clermont-Ferrand et Nancy).