Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
K

Kobell (les von)

Famille de peintres allemands.

 
Ferdinand (Mannheim  1740  – Munich  1799). Il fit des études juridiques et devint secrétaire à la cour palatine de Mannheim ; son goût pour le dessin de paysage fut encouragé par l'Électeur palatin Karl Theodor et il reçut une première formation dans l'atelier de Verschaffelt à l'Académie de Mannheim. En 1764, il fut nommé décorateur à l'Opéra de la Cour et, en 1771, peintre de cabinet. Un séjour à Paris (1768-1770) lui permit entre-temps de parfaire son métier auprès du graveur allemand hollandisant J. G. Wille.

   L'attachement de Kobell à son Palatinat natal, qu'il dut en 1793 abandonner pour Munich, le retint d'aller en Italie.

   Les panneaux exécutés en 1773 pour l'établissement thermal de Schwetzingen représentent son premier travail important ; à ces paysages pastoraux se rattache un groupe de paysages décoratifs, la plupart pendants ou cycles, d'un sentiment mesuré. Kobell y suit la claire conception spatiale des Néerlandais italianisants de la seconde moitié du XVIIe s. Il peignit aussi des paysages isolés, d'une atmosphère dramatique ou romantique, dans le style d'Everdingen et de Ruisdael (Paysage de montagne à la chute d'eau, 1779, musée de Karlsruhe). L'importance de l'artiste fut limitée jusqu'à l'exécution du cycle d'Aschaffenburg (1786, 8 Vues d'Aschaffenburg et de ses environs, commande de l'Électeur Erthal de Mayence, aujourd'hui à la Neue Pin. de Munich et au musée d'Aschaffenburg), qui inaugure nettement le paysage réaliste.

   On a pu en attribuer le mérite à son fils et élève Wilhelm, qui a notoirement collaboré à l'exécution du cycle.

 
Franz (Mannheim 1749 – Munich 1822). Frère de Ferdinand, il étudia d'abord auprès de lui, mais il échappa à son influence par ses séjours répétés en Italie et sa formation romaine de 1779 à 1784. Représentant typique de la peinture du paysage arcadien, il suivit la tradition de Poussin et de Lorrain. Bien qu'il ait parfois sacrifié à la manière néerlandaise, vers laquelle son frère le poussait, il préféra les Néerlandais italianisants, comme Jan Both. On ne conserve que peu de tableaux de Franz von Kobell, d'une couleur onctueuse et baroquisante ; en revanche, l'artiste a laissé d'innombrables dessins à la sépia, dont le charme réside dans le tracé large des masses dans l'espace et le traitement magistral de la lumière. Il est représenté dans les cabinets d'Estampes de Dresde, de Berlin, de Munich et de Francfort.

 
Wilhelm (Mannheim 1766 – Munich 1853). Fils de Ferdinand, il fut l'artiste le plus remarquable de la famille. Formé par son père, par Egidius Verhelst et par Franz Anton von Leidensdorf à l'Académie de Mannheim, il fut influencé principalement par les peintres hollandais du XVIIe s. Cuyp Wouwermann et Berghem, mais aussi par l'œuvre de Johann Heinrich Roos. Les peintres de chevaux et de chasses anglais et la " sporting print " le marquèrent également (Paysage aux vaches, 1803, musée d'Innsbruck). En 1791, il se rend à Salzbourg ; en 1793, il est peintre de la Cour à Munich, où son style devient plus réaliste. À partir des dernières années du XVIIIe s., Kobell se spécialisa dans la représentation de paysages des environs de Munich traités avec un rare sens poétique montrant, le plus souvent, des figures au premier plan, restituées par un dessin précis, dans une lumière nette qui accuse la rigueur de la composition (Chasseurs près de Schorndorf, 1823, Essen, Folkwang Museum ; Chevaux dans l'Isar près de Munich, 1815, Schweinfurt, coll. Schäfer ; Vue du Tegernsee, 1838, Munich, Neue Pin.). En 1806, il peint pour le maréchal Berthier les hauts faits des campagnes de Napoléon en Bavière et en Autriche ; à partir de 1803, Louis, le prince héritier, lui commande aussi des tableaux de batailles que l'artiste prépare en se rendant sur les lieux des combats, ainsi qu'à Vienne et à Paris, en 1808 et 1810. Il fut nommé professeur de peinture de paysage à l'Académie de Munich en 1814. Dans les dernières années de sa vie, il peignit des " rencontres " silencieuses dont les personnages ressemblent à des statues, d'une composition architectonique rigoureuse. Son œuvre gravé comprend 134 eaux-fortes et aquatintes d'après des esquisses personnelles et surtout d'après des tableaux néerlandais.

Købke (Christen)

Peintre danois (Copenhague 1810  – id. 1848).

Il fut sans doute le plus grand des peintres de l'" âge d'or danois ", période faste de l'art danois où, au rebours des tendances préromantiques d'Abildgaard et sous l'influence classique d'Eckersberg, tout un groupe de peintres (notamment W. Bendz, C. Hansen, J. Roed, C. A. Jensen, J. Th. Lundbye et Købke) peignent des scènes d'intérieur, des portraits familiers, des vues de la campagne danoise, et cela avec une justesse dans l'observation de la lumière, un raffinement de palette et une sûreté de mise en page qui font de leurs meilleures œuvres, le plus souvent de petites dimensions, des morceaux de peinture de la plus subtile qualité.

   Købke se forma à l'Académie de Copenhague, dans l'atelier de C. A. Lorentzen, de 1822 à 1832, et fut l'élève d'Eckersberg à partir de 1828. Hormis un voyage en Italie (Rome, Naples, Capri, 1838-1840), il se fixa dans la banlieue de Copenhague. Dès sa première œuvre importante (la Salle des moulages de Charlottenborg, 1830, Copenhague, Hirschsprungske Samling), il a trouvé son style (science de l'éclairage, qui fait jouer les blancs et anime l'espace ; composition stricte, mais ne refusant pas l'insolite) et son ton d'intimisme tranquille (le Marchand de cigares, 1830, Louvre ; Vue prise d'un grenier dans les remparts de la citadelle de Copenhague, 1831, Copenhague, S. M. f. K.). Ses portraits d'amis (Frederic Sodring, 1832, id.), ses paysages des environs de Copenhague (le Port, 1834, Copenhague, N. C. G.) illustrent la même maîtrise que celle de ses débuts, la même sensibilité chaleureuse et discrète. Sa touche, fluide et précise, traduit, au-delà de la leçon d'Eckersberg, une vision très personnelle de la lumière et des valeurs colorées. Il peint sous plusieurs angles le Château de Frederiksborg (1835, Copenhague, Hirschsprungske Samling, et 1836, Copenhague, S. M. f. K.), dont les toits à clochetons, se détachant sur la campagne, lui fournissent les motifs de grands panneaux décoratifs (Copenhague, musée des Arts décoratifs ; projet à Copenhague, C. L. Davids Samling). Il peint ses proches, ses amis (Marstrand, 1836, Copenhague, S. M. f. K. ; H. E. Freund, Copenhague, Académie royale ; Adolphine, la sœur de l'artiste, 1832, Louvre). Vers 1838, il est attiré par le romantisme de G. D. Friedrich, qui le conduit à exalter parfois les mystères brumeux de l'aube et les effets d'arbres dépouillés à contre-jour (le Matin au bord du fleuve, 1838, Copenhague, N. C. G.) ou la poésie de l'attente (l'Embarcadère sur le lac de Sortedam, 1838, id.), tendance que son séjour en Italie en compagnie de Hilker devait atténuer (1838-1840, le Castel de l'Uovo à Naples, id.). À son retour à Copenhague en 1842, il est nommé membre de l'Académie et participe, en 1844-1845, au décor pompéien du musée Thorvaldsen ; il fournit également des peintures décoratives pour les propriétés de particuliers (les Puggaard, à Ordrup).

   L'œuvre peint de Købke, qui comprend un peu plus de 200 numéros, est pour une bonne part conservé à Copenhague. Chacun des musées de la ville (S. M. f. K., N. C. G., Hirschsprungske Samling) conserve un bel ensemble d'œuvres de l'artiste. Il est également représenté à Stockholm (Nm), à Winterthur, fondation Oskar Reinhart à Londres (N. G.), au Metropolitan Museum, dans les musées de Cleveland, de Toledo et au Louvre.