Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Nazaréens (les) (suite)

Les fresques du Casino Massimo

Après le succès remporté par les fresques de la Casa Bartholdy, le marquis Carlo Massimo, marié à la princesse Christine de Saxe, désira faire décorer sa maison de campagne du Latran, le Casino Massimo, l'ancienne Villa Giustiniani. Le travail dura dix ans, et le marquis mourut avant d'avoir vu sa commande exécutée complètement. Les 3 pièces furent décorées avec des scènes épiques tirées de Dante, du Tasse, de l'Arioste et de Pétrarque.

   Cornelius devait décorer le plafond d'après " le Paradis " de Dante et Horny exécuter les guirlandes de fruits et de fleurs. Cornelius appelé à Munich, le marquis sollicita Koch, qui lui conseilla de confier la décoration à Philipp Veit, lequel ne l'acheva point, et Koch s'en chargea finalement.

   Dans une autre salle, Overbeck travailla à l'exécution de la Jérusalem délivrée. À la mort du marquis en 1827, le peintre se sentit délivré de son contrat et partit pour Assise. Führich fut chargé de terminer la fresque dans la chambre du Tasse ; dans la pièce du milieu, la décoration, inspirée du Roland furieux de l'Arioste, fut confiée à Schnorr von Carolsfeld, qui l'acheva seul. Il se dégage de ces fresques un sentiment lyrique et pastoral. Les deux ensembles de la Casa Bartholdy et du Casino Massimo devaient jouer un rôle capital dans l'évolution de l'art allemand. Lorsque Schnorr travaillait au Casino Massimo, il avait déjà reçu par Louis de Bavière l'invitation d'aller rejoindre Cornelius à Munich. Führich, deux ans plus tard, retournera à Prague, et Overbeck restera le seul Nazaréen à Rome, jusqu'à sa mort, en 1869.

   En 1819, les Nazaréens et quelques autres artistes de Rome organisèrent une exposition de leurs œuvres en l'honneur de la visite de l'empereur d'Autriche dans cette ville. Friedrich Schlegel, qui était conseiller aulique de Metternich, fit une longue description de cette exposition, dans laquelle il répondait aux attaques de Goethe ; mais, si l'empereur ne prêta guère attention aux Nazaréens, par contre le prince héritier de Bavière (1786-1868), qui devait régner plus tard sous le nom de Louis Ier, leur voua une très vive admiration et les invita plus tard à se rendre à Munich.

   Au cercle des Nazaréens, on peut rattacher : Eduard von Steinle, qui vint à Rome en 1828 et qui accompagna Overbeck à Assise en 1829 ; Johann Evangelist Scheffer von Leonardshoff, élève de l'Académie de Vienne, qui, à l'âge de quatorze ans, prit part à la guerre de libération, vécut à Rome de 1814 à 1816, puis en 1820-21. Il fit partie de la confrérie de Saint-Luc en 1815 et mourut de consomption à l'âge de vingt-sept ans ; Friedrich Olivier, élève de l'Académie de Vienne, qui vint en 1818 à Rome ; Johann David Passavant, qui étudia à Paris avec David et Gros ; J. A. Ramboux, élève de l'Académie de Vienne, qui étudia à Paris et séjourna à Rome une première fois de 1816 à 1822, puis de 1832 à 1844.

   Les Nazaréens eurent une grande influence en Italie sur le mouvement Il Purismo, qui avait pour chef de file Tommaso Minardi.

   En France, ils marquèrent les peintres de l'école lyonnaise ; des artistes tels qu'Orsel, Périn, les Flandrin et même Chenavard furent en rapport avec eux. Ingres, nommé directeur de l'Académie de France à Rome en 1835, portait au groupe une admiration que celui-ci lui rendait. En Angleterre, les Nazaréens exercèrent une vive influence sur le mouvement d'Oxford et sur les préraphaélites anglais : Rossetti, Hunt, Ford Madox Brown ou le peintre religieux écossais William Dyce. Le peintre canadien Nicolas Bourassa séjourna en Italie entre 1852 et 1855 et rencontra sans doute Overbeck à Rome.

Nebbia (Cesare)

Peintre italien (Orvieto v. 1536  – lid. v. 1614).

Élève de Girolamo Muziano, quand celui-ci séjournait à Orvieto, et influencé par Federico Zuccaro, il travaille à Rome sous le pontificat de Sixte V, entre 1587 et 1590, à des ensembles décoratifs, parfois en collaboration avec Giovanni Guerra et Muziano pour certains chantiers collectifs à Sainte-Marie-Majeure, à Saint-Jean-de-Latran, au Vatican (Scènes de la vie des saints à Sainte-Suzanne, Couronnement d'épines et Ecce homo à l'Oratorio del Gonfalone). Il participe aussi au long chantier de décoration de la cathédrale de sa ville natale, Orvieto. En 1603-1604, il travaille au Collegio Borromeo de Pavie (Scènes de la vie de saint Charles Borromée).

Neeffs (Pieter I)
ou Pieter I Neefs

Peintre flamand (Anvers v. 1578  – id. entre 1656 et 1661).

Élève de H. Van Steenwyck et inscrit à la gilde d'Anvers en 1609, Pieter I peignit (souvent en collaboration avec les Francken et David Téniers) des Intérieurs d'église, principalement celui de la Cathédrale d'Anvers, dans un style précis et souvent sec (très nombreux exemples dans les musées d'Anvers, Bruxelles, Kassel, Francfort [Städel. Inst.], au Prado, au Louvre, à l'Ermitage, à Rotterdam [B. V. B.]). Il eut un fils, Pieter II (Anvers 1620 - id. apr. 1675) , lui aussi spécialisé dans les intérieurs d'église, qui reprit les compositions de son père, avec lequel il collabora. Il est souvent difficile de distinguer leurs œuvres quand elles ne portent pas de signature caractéristique.

Neer (Aert Van der)
ou Aernout Van der Neer

Peintre néerlandais (Amsterdam [ ? ] 1603/1604  – id.  1677).

Ce paysagiste a une carrière mal connue. Son plus ancien tableau, une scène de genre, est daté de 1632, époque où il s'est fixé à Amsterdam. Il ne se serait ainsi consacré que tardivement à la peinture, à moins qu'il n'ait déjà été l'élève de Camp-huysen v. 1626. Si ses premières vues d'hiver s'inspirent de ce maître et surtout d'Avercamp, la chronologie de ses autres paysages est mal connue et fort peu d'entre eux sont datés. On sait également que Van der Neer tenait une auberge à Amsterdam, où il fit faillite en 1662 ; à la vente qui s'ensuivit, le prix de ses tableaux, quelques guilders, révèle le peu d'estime que lui portaient ses contemporains. La fin de sa vie fut très malheureuse. Il est l'un des premiers peintres des Pays-Bas à avoir appliqué au paysage un clair-obscur original, à la fois contrasté et très coloré, où le bleu ardoise des nocturnes tranche avec une lumière jaune allant du clair au roux. Il est resté célèbre pour ses Clairs de lune (Rijksmuseum ; musée d'Avignon ; Copenhague, S. M. f. K. ; Hambourg, Kunsthalle ; Londres, N. G. ; musée de Montpellier ; Louvre ; Rotterdam, B. V. B.), ses Couchers de soleil (musée de Kassel ; Mauritshuis ; Ermitage ; Londres, N. G. ; Louvre ; Paris, Petit Palais) et ses Levers de soleil (Mauritshuis). Aert laissa aussi des Paysages d'hiver qui rappellent Avercamp et G. Van de Velde (musée d'Amiens ; Rijksmuseum ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Bruxelles, M. R. B. A. ; Mauritshuis ; Ermitage ; Londres, N. G. ; Munich, Alte Pin. ; Vienne, K. M.) et des Incendies nocturnes (Bruxelles, M. R. B. A. ; Copenhague, S. M. f. K. ; Moscou, musée Pouchkine).

 
Son fils Eglon Hendrik (Amsterdam 1634 –Düsseldorf 1703) fut son élève et dut aussi travailler dans l'atelier de Jacob Van Loo à Amsterdam. Il accompagna en France le comte Dona, gouverneur d'Orange, connut vite le succès et, dès 1650, partagea son temps entre Amsterdam, Rotterdam et La Haye. Il résida aussi à Bruxelles et épousa la miniaturiste Maria Duchatel (1679). En 1687, il fut nommé peintre de la cour de Charles II d'Espagne, mais ne s'y rendit jamais. En 1690, il se fixa à Düsseldorf et devint peintre de la cour de l'Électeur palatin.

   Ses portraits (musée de Lille ; Munich, château de Schleissheim) sont voisins de ceux de Caspar Netscher, tandis que le fini trop élaboré, la convention du clair-obscur et des compositions caractérisent ses sujets religieux (Judith, Londres, N. G. ; Tobie et l'ange, 1690, Rijksmuseum ; Munich, Alte Pin. ; Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle) et ses scènes de genre, peintes dans le goût de Metsu et d'Ochtervelt : Marchande de poisson (Louvre), Jeune Femme déjeunant (musée d'Aix-en-Provence), Joueuse de guitare (Rotterdam, B. V. B.), Femme dessinant (Londres, Wallace Coll.), Conversation dans un parc (Copenhague, S. M. f. K.), Femme jouant de la mandoline (id.).