Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Nooms (Rainier) , dit Zeeman

Peintre et graveur néerlandais (Amsterdam v. 1623  – id. v. 1667).

Fils de pêcheurs, il fut mousse, puis envoyé à Paris par des protecteurs (1650), où il deviendra célèbre comme peintre de marines et de sites urbains. Surnommé " le Marin ", il navigua à travers toute la Méditerranée et près des côtes occidentales de l'Afrique. Une fois établi comme peintre, il séjourna à Londres et travailla aussi à Berlin pour le roi Frédéric Ier.

   Nooms fut également un excellent aquafortiste, il laissa des planches de Paris (le Faubourg Saint-Marcel ), des monuments d'Amsterdam, des ports de Hollande ainsi que des tableaux qui sont autant de fidèles documents : Vue du Louvre (Louvre).

   L'originalité du talent de Nooms réside davantage dans ses marines. Sa Bataille de Leghorn (Rijksmuseum), commémorant une victoire navale hollandaise de 1653, reste conventionnelle et proche des grands déploiements de vaisseaux d'un Hendrick Vroom ; mais, dans sa petite Marine (Louvre), la Rade (Copenhague, S. M. f. K.), l'artiste apparaît sensible aux effets intensément colorés de la lumière entre l'eau et le ciel et rejoint Ludolf Backhuysen et Willem Van de Velde. Ses Ports méditerranéens (musée de Kassel), sa Baie portuaire d'Italie (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), aux coloris très chauds, sont évocateurs de la lumière et de l'atmosphère du Midi. Rainier Nooms a laissé également un important œuvre gravé.

Noordt (Joannes Van)

Peintre néerlandais (Amsterdam v. 1620  – id. 1676).

On ignore presque tout de sa vie et de sa formation. Peut-être a-t-il été élève de Rembrandt. Ses œuvres, surtout des portraits et quelques tableaux historiques (Continence de Scipion, 1672, Rijksmuseum) et allégoriques, attestent une indéniable influence flamande (Jordaens, G. Seghers, Van Thulden) comme la connaissance de J. B. Weenix, Berchem, Bol, Maes. Son style, très personnel et remarquable par le frémissement des draperies, l'opulence du coloris et des formes, l'insistance presque irritante d'une lumière qui accuse partout le modelé, constitue l'une des plus intéressantes contributions à l'orientation baroquisante et pompeuse de toute une peinture néerlandaise à partir des années 1650. Le superbe Portrait de famille du musée de Dunkerque, le Jeune Homme du musée de Lyon (1665), l'un des chefs-d'œuvre de l'artiste, les deux Garçons au faucon de la Wallace Coll. (Londres), le Portrait de femme anonyme du W. R. M. de Cologne (attribué jadis à Bartholomeus Van der Helst) en sont des illustrations caractéristiques. Quant au tableau montrant Vénus et ses compagnes (La Haye, Stichting Nederlands Kunstbezit), il mérite d'être spécialement noté comme une saisissante anticipation du XVIIIe s. français, des nudités mythologiques d'un Boucher par exemple. Parmi ses élèves, il faut noter Johannes Voorhout.

Noort (Adam Van)

Peintre flamand (Anvers 1562  – id. 1641).

Maître longtemps oublié malgré le superbe portrait qu'en avait fait Van Dyck, puis mal compris par les érudits du XIXe s., qui, à partir d'une fausse attribution — la Pêche miraculeuse de l'église Saint-Jacques d'Anvers aujourd'hui définitivement rendue au jeune Jordaens —, confondirent toute une partie de son œuvre avec celle de Jordaens, Van Noort, redécouvert finalement en 1928, n'est que l'un des nombreux représentants de ce Maniérisme tardif classicisant, disons même " réactionnaire ", sorte d'académisme glaçant et correct, dérivé de Floris et des Italiens (les Zuccari), qui caractérise tout le milieu " romaniste " des peintres d'histoire à Anvers à la fin du XVIe s., de Backer à Venius, et dont Rubens — il ne faudrait jamais l'oublier — a su tirer en ses débuts le meilleur profit stylistique. Aussi bien Van Noort fut-il avant Venius et après Verhaecht l'un des maîtres de Rubens et par son atelier passèrent encore des peintres célèbres comme Hendrick Van Balen, qui resta très attaché à son style d'une élégance un peu compassée, Sébastien Vrancx et bien sûr Jordaens, qui devint même son gendre en 1616 après avoir été son élève dès 1607 et qui habita d'abord chez lui puis le recueillit.

   Fils du peintre cartonnier de vitraux, Lambert Van Noort, franc maître en 1587, artiste sans forte originalité, Adam Van Noort a laissé peu d'œuvres signées, ou qui puissent être attribuées avec certitude. Citons parmi ses tableaux la Prédication de saint Jean-Baptiste (1601) et une Adoration des mages, signées, toutes deux à la maison de Rubens à Anvers, un Christ bénissant les enfants au musée de Mayence, bien comparable à des œuvres d'un Hieronymus ou d'un Ambrosius Francken, enfin deux Christ bénissant les enfants à Bruxelles (M. R. B. A.), dont l'un, assez tardif, mais signé montre que Adam Van Noort, abandonnant son premier style maniérisant, finit par pasticher Jordaens lui-même. De Van Noort on connaît aussi quelques dessins et d'assez nombreuses gravures de livres exécutées sur son invention : citons ainsi 5 dessins datables de 1608 par la gravure, 9 autres de 1630 au musée Plantin Moretus d'Anvers, au Louvre, au B. V. B. de Rotterdam, au British Museum. Parmi ses graveurs, on mentionnera notamment Pieter de Jode, Charles Mallery, Adriaen Collaert, Gillis Van Breen, Theodor Galle. Il semblerait qu'un artiste homonyme, néerlandais et paysagiste, ait existé au XVIIIe siècle.

Noort (Lambert Van)

Peintre néerlandais (Amersfoort, près d'Utrecht, v. 1520  – Anvers v. 1570).

Il fut reçu franc maître à la gilde d'Anvers en 1549. On ignore quelle fut sa formation mais son style graphique laisse supposer la double connaissance de Lambert Lombard et de Scorel. Van Noort voyagea probablement en Italie avant son installation à Anvers, comme l'indique une Assomption signée de lui, encore en place à San Apollinare de Ferrare.

   L'essentiel de son activité anversoise, connue par des dessins, consiste en projets de vitraux pour les églises de Gouda et d'Amsterdam et en illustrations de livres, mais quelques peintures, réalisées entre 1555 et 1568, telles que l'Adoration des mages (1555, Anvers, M. R. B. A.) et le Lavement de pieds (1560, id.), attestent ses affinités avec le style ample et monumental propre à l'école anversoise de l'époque, marqué par les exemples de Frans Floris et de Pieter Aertsen.