Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Huntington (Daniel)

Peintre américain (New York 1816  – id. 1906).

Huntington personnifie l'exemple du peintre dont la réputation s'effondre complètement après sa mort. Aujourd'hui oublié ou tenu pour secondaire, il fut de son temps l'un des peintres les plus connus et estimés aux États-Unis, jouissant d'une aisance financière confortable, ce qui était alors peu courant en Amérique pour un artiste. Il avait travaillé à New York avec Morse et Inman avant de se rendre en Italie (1839-1842). Il vécut ensuite à New York, sauf entre 1851 et 1858, où il séjourna en Grande-Bretagne. Il laisse une œuvre considérable, plus de mille peintures, pour l'essentiel des portraits. Sa popularité lui vint surtout de ses peintures religieuses et de ses scènes de genre, reproduites par la gravure : Mercy's Dream (1842, Philadelphie, Pennsylvania Academy of Fine Arts), dont le sujet est tiré du Pilgrim's Progress de John Bunyan. Il avait été élu à la National Academy of Design en 1840 et en fut le président à deux reprises, en 1862-1870 et en 1877-1890.

Huot (Charles Édouard)

Peintre canadien (Québec 1855  – id.  1930).

Dès l'âge de dix-sept ans, il exécute avec brio plusieurs paysages dans le goût de l'époque et se fait remarquer à Québec. Un comité de souscription de notables de la ville lui offre un séjour d'études à Paris. Inscrit à l'École des beaux-arts dès juillet 1874, il reçoit les conseils Alexandre Cabanel. La famille Lefèvre-Niedermeyer, qui dirige l'École de musique religieuse, l'héberge jusqu'à la fin de 1877, puis il décide de rester en France à ses propres frais. La même année, il participe au Salon, où il expose le Bon Samaritain (auj. au musée de Pontoise). S'il rêve de peinture historique, il doit se contenter d'exposer des paysages et d'exécuter certains travaux mineurs (portrait aujourd'hui perdu d'un conseiller municipal de Paris, M. Frère). La carrière de Charles Huot connaît un nouveau développement lorsqu'il obtient la décoration de l'église Saint-Sauveur de Québec en 1887. Il ne cesse plus alors de travailler à des projets de peinture murale pour des édifices religieux du Québec et effectue de nombreux voyages d'études en Europe. Cependant, mis à part certaines réalisations dans la région du lac Saint-Jean et de Chicoutimi, ses toiles historiques constituent la meilleure part de son œuvre, comme la Bataille des Plaines d'Abraham (1900) ou le célèbre Débat sur les langues (1910-1913), au palais législatif de Québec. La composition de cette immense toile s'apparente au relief du sculpteur J. A Dalou, Mirabeau répondant à Dreux-Brézé (1883), mais l'esprit de l'œuvre la rapproche de celles de Cormon ou Laurens. Le musée du Québec, qui possède une esquisse de cette œuvre, conserve aussi des esquisses pour des tableaux religieux et des tableaux de chevalet. Huot est également représenté à la N. G. d'Ottawa.

Huszar (Vilmos)

Peintre néerlandais d'origine hongroise (Budapest 1884  – Hierden 1960).

Après avoir accompli ses études à l'École des arts appliqués de Budapest, puis à Munich, le peintre Vilmos Huszar s'est installé à la Haye en 1905. Ses premières œuvres sont marquées par le Réalisme mais aussi par l'art de Van Gogh (Autoportrait avec sa femme, 1910, La Haye, Gemeentemuseum). Il évolue ensuite vers l'art " nabi " en privilégiant les aplats et les formes simplifiées (Garçon regardant un nuage blanc, 1910, Otterlo, Rijksmuseum Kröller-Müller). Il pratique ensuite un art marqué par le futurisme avec d'évidentes allusions symbolistes (Vincent). Sa palette se simplifie (Portrait du marchand Willem Walrecht, 1916) en même temps qu'il se consacre à la recherche de vitraux, qui le conduit à l'Abstraction (Jeune Fille, 1916, perdu). Il rencontre en 1917 Bart Van der Leck, qui le marque profondément. Les tableaux qu'il réalise alors (Composition II [les Patineurs], Marteau et scie, 1917, La Haye, Gemeentemuseum) sont uniquement constitués de surfaces colorées et de formes géométriques disposées dans un espace à deux dimensions selon les directions horizontale et verticale. Vilmos Huszar va être cofondateur du mouvement De Stijl en 1917 et réalise la couverture de la revue de Van Doesburg créée la même année. En 1917, dans le n° 6 de la revue De Stijl, Vilmos Huszar publie la Composition VI, seulement constituée de surfaces noir et blanc où se pose le problème du fond et de la forme et qui représente un apport original au Néo-Plasticisme. Il travaille par la suite avec l'architecte Jan Wils, pour lequel il réalise des aménagements intérieurs ainsi que des vitraux. En 1923, il a l'occasion de collaborer avec Gerrit Rietveld à l'étude d'un pavillon d'exposition pour Berlin, pour lequel il met au point la polychromie intérieure mais qui ne sera pas exécuté. Il est aussi soucieux de faire passer ses recherches dans la vie courante et il effectue de nombreux travaux de typographie et de graphisme publicitaire, notamment pour la firme de tabac Miss Blanche (1926-27). Dès 1923, il avait quitté le mouvement De Stijl et était revenu à une peinture plus figurative (Fleurs, 1922, Paris, M. N. A. M. ; Joueurs de baccara, 1928, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza). Il a eu également l'occasion de collaborer avec le mouvement dadaïste néerlandais, en particulier avec Théo Van Doesburg et Kurt Schwitters, en 1923. Une rétrospective de son œuvre a été organisée au Gemeentemuseum de La Haye en 1985.

Hutin (Charles-François)

Peintre et sculpteur français (Paris 1715  – Dresde 1776).

Il fut élève de F. Lemoyne et séjourna en Italie (1736-1743), où, sous l'influence de Slodtz, il se mit à la sculpture. À son retour, il fut reçu académicien avec un marbre (le Nocher Caron, 1746, Louvre). En 1748, il se rendit à Dresde, où il devint bientôt directeur de l'Académie électorale. Ses dessins de la Gg de Dresde furent gravés à Paris (1750-1756). Ses peintures de genre sont un bon exemple des répercussions qu'eut la manière de Watteau et de ses imitateurs outre-Rhin (la Ménagère saxonne, 1769, Louvre).

Huys (Pieter)

Peintre et graveur flamand (Anvers v.  1519  – id. 1584).

Il devint franc maître en 1545. Ses tableaux sont fort rares ; il en subsiste une douzaine, dont quatre signés et datés entre 1547 et 1577. Ses " diableries " sont inspirées de celles de Bosch, mais elles se révèlent plus proches de la nature. Huys a été également influencé par Pieter Bruegel et par Jan Van Hemessen. Il a travaillé pour l'éditeur d'estampes Hieronymus Cock et pour la maison Plantin, où il a collaboré à l'illustration de nombreux ouvrages. L'influence de Bosch se manifeste dans son œuvre la plus ancienne, la Tentation de saint Antoine (1547, Louvre). L'artiste s'y distingue de son modèle par un coloris personnel, un modelé plus poussé et une plus grande objectivité dans le rendu des détails. Dans l'Enfer du Prado (1570), il s'est inspiré de Bruegel, sans l'imiter entièrement. Le Joueur de cornemuse des musées de Berlin (1571) rappelle Hemessen par la représentation, mais se rapproche davantage de Bruegel par l'exécution. Il est curieux de voir comment Huys revient finalement à la manière de Bosch dans sa dernière œuvre datée : la Tentation de saint Antoine (1577, Anvers, musée Mayer Van den Bergh).