Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Brand (Johann Christian)

Peintre et graveur autrichien (Vienne  1722  – id.  1795).

Il fait ses débuts dans l'atelier de son père, Christian Hilfgott Brand, peintre de paysages installé à Vienne depuis 1722. En 1740, il est élève de l'Académie de Vienne. De 1751 à 1756, il séjourne en Hongrie. Il est nommé peintre de la cour de Vienne en 1766. En 1769, il entre à l'Académie, où il devient professeur en 1771. Ses nombreux paysages de petit format sont construits sur le schéma du paysage idéal (arbres formant coulisses, diagonale de la route ou du cours d'eau fuyant vers l'horizon), agrémenté de ruines, d'animaux et de figures au coloris chaud, dans une atmosphère légère et vaporeuse (Paysages, musée de Graz). L'influence française s'y perçoit. Parfois, Brand abandonne la composition décorative stéréotypée pour peindre des paysages d'après nature (le Danube près de Vienne, 1787, Vienne, Österr. Gal.), où une nature plutôt hostile et dure n'est pas l'expression de sentiments romantiques mais offre un contraste avec le monde des Hommes, ou bien encore un Orage sur la côte (musée de Graz), conformément au goût pour les scènes de catastrophes naturelles. On lui doit également une série de 4 Scènes de chasse au héron à Laxenbourg, commandée par l'empereur en 1758 (Vienne, Österr. Gal.), des portraits de petit format (Portrait d'un officier, musée de Graz), des animaux (Cerf, 1759, id.) et des gravures de paysages.

Brandl (Petr)

Peintre tchèque (Prague  1668  – Kutná-Hora, Kuttenberg, 1735).

Né d'un père allemand et d'une mère tchèque qui comptait des artistes dans sa famille, il entra dans l'atelier de Christian Schröder, peintre de la cour, mais sa véritable formation se fit par l'étude des maîtres italiens et néerlandais de la galerie du château de Prague, dont son maître était le directeur. On retrouve dans son art l'influence des Vénitiens, Véronèse et les Bassano en particulier, mais aussi celle des peintres vivant à Prague, tels Byss, Willmann, Liska et surtout Halbax, dont la peinture ténébriste lui permit de poursuivre dans la voie ouverte par Skreta. Son activité se limite au territoire des pays de la couronne de Bohême et il jouissait, en son temps, d'une certaine renommée, même à l'étranger. L'art de Brandl se caractérise par une très grande liberté de l'écriture, apte à traduire toutes les émotions, et par une conception presque sculpturale du volume qui influença des artistes comme Braun et Brokof, ce qui contribua à lui donner une place centrale dans l'apogée du Baroque en Bohême. Il n'a cessé de travailler sur l'espace et la lumière, s'orientant de plus en plus vers un luminisme comparable à celui de S. Ricci. Ses tableaux d'autel sont nombreux. L'Adoration des mages (1727, Smiřice) rappelle la couleur et l'harmonie de Véronèse. L'emploi d'un clair-obscur, en avance sur son temps, dans la Mort du bienheureux Günther (Břevnov) trouve son équivalent chez le Bolonais Crespi et surtout le Vénitien Piazzetta. Le portraitiste fut aussi très apprécié. Le Gentilhomme drapé dans une cape bleue (Prague, Narodní Galerie) présente des analogies avec la tradition française du portrait d'apparat mais aussi avec l'œuvre de N. Maes, tant par la conception d'ensemble que par les détails de l'exécution, la couleur et la lumière. La parenté de son Autoportrait (v. 1697) avec Kupecký est due à une communauté de vues et non à une influence directe. Le Portrait d'un administrateur des mines, comme toutes les œuvres tardives de Brandl, se caractérise par un emploi très large des tons froids. Il y démontre ses qualités expressives en associant diverses techniques du pinceau, dont l'une consiste à laisser dans la matière des petits trous ronds aux bords surélevés avec l'intervention directe des doigts. Il pratiqua aussi la peinture de genre : Trois Femmes et un chasseur (v. 1720, Hluboká, Gal. Alès). Les années qui précédèrent sa mort furent sombres et la peur des créanciers lui fit mener une vie errante. C'est peut-être aussi à cause de cette triste fin que, depuis le Romantisme, sa personnalité, devenue légendaire, est l'objet d'une véritable vénération.

Brandt (Andreas)

Peintre allemand (Halle 1935).

Andreas Brandt s'installe en 1955 à Berlin-Ouest où il voit, dès 1959, la peinture américaine (Pollock, Newman, Rothko...). Il est également attiré par la tradition constructiviste européenne, notamment par l'œuvre de Vordemberge-Gildewart. Dans cette lignée, il reste fidèle à une conception du tableau de chevalet où s'affirme le primat de la composition et des relations internes entre les éléments formant l'œuvre. Dans les années 1960 ses premiers tableaux, de longs formats horizontaux, présentent des successions de lignes verticales colorées sur fond blanc. Plus tard (Viermal Gelb mit Grau, 1980, Hambourg, Kunsthalle), il utilise la grille avec une capacité de variations qui ne l'empêche pas de déclarer que l'artiste doit " toujours se décider pour ce qui est le plus simple ". Il brise ensuite les lignes pour parvenir à un rythme qui se transforme, dans ses derniers tableaux, en une simple ponctuation de carrés de couleur flottant dans le champ de la toile. Son utilisation de systèmes de régulation géométrique peut rattacher son travail à certains aspects de l'art concret suisse (Schwarz-Weiss, 1993), et notamment de l'œuvre de Camille Graeser. En affirmant vouloir faire " des tableaux où tout est perceptible ", il rejoint l'ambition d'une grande partie de l'art abstrait depuis ses origines.

Brangwyn (Frank)

Peintre et graveur britannique d'origine belge (Bruges 1867  – Ditchling, Sussex, 1956).

Installé à Londres dès 1877, il fit ses études à la South Kensington Art School et travailla quelque temps avec William Morris. Il atteignit rapidement une célébrité officielle par ses œuvres inspirées de l'Orient, où il voyagea. Son Marché sur la plage (Orsay), acquis au Salon de 1895 pour le musée du Luxembourg, est, par son pittoresque coloré, caractéristique de sa nouvelle manière, les tonalités discrètes, fréquentes dans les marines et paysages antérieurs, disparaissant alors. Il fit de grandes décorations, particulièrement pour la Chambre des lords à Westminster, sur le thème de l'Empire britannique. En 1936, il donna à Bruges, sa ville natale, 450 œuvres — peintures, aquarelles et gravures —, qui sont conservées au Brangwynmuseum.