Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Desmarées (Georg)

Peintre suédois d'ascendance française (Österby, Suède, 1697  – Munich 1776).

Formé à partir de 1710 à Stockholm chez Martinus Van Mytens, il commença sa carrière en 1720 en peignant les portraits de membres de l'aristocratie suédoise : Nicodemus Tessin le Jeune (1723, château de Gripsholm), Madame Appelbom, femme de l'amiral (1723, Stockholm, Nm), tableau exécuté dans une facture plutôt sévère et énergique, au coloris sombre. En 1724, il quitte la Suède et se rend successivement à Amsterdam, à Nuremberg, à Munich, à Vienne, à Venise, où il travaille chez Piazzetta, à Rome et à Augsbourg. À partir de 1730, il réside à Munich, où les hauts dignitaires de l'Électorat sont ses modèles. Précédé par une renommée grandissante, il séjourne à Bonn de 1735 à 1749, et de 1753 à 1754 chez l'Électeur de Cologne, puis à Kassel (1762), à Würzburg (1763) et enfin chez l'Électeur de Mayence (1767). Son art se distingue par la netteté du dessin, qui traduit bien le caractère, ainsi que par la séduction de ses portraits féminins. Durant son long séjour en Allemagne, le style de Desmarées acquit une allègre virtuosité avec de vifs effets de lumière et une couleur brillante : portrait du peintre Johan Georg Winter (1750, Munich, Alte Pin.), Johan Arckenholtz (1753, Uppsala, coll. de l'Université).

Desportes (François)

Peintre français (Champigneulle, Ardennes, 1661  – Paris 1743).

De famille modeste, il vient encore enfant à Paris, où il devient l'élève de Nicasius Bernaerts, spécialiste flamand de la peinture d'animaux dans la tradition d'un Snyders. Les débuts de Desportes sont assez lents : il collabore avec Audran, notamment pour la décoration (détruite) du château d'Anet. En tant que portraitiste, il séjourne en Pologne en 1695-96 ; il est alors rappelé pour devenir peintre animalier à la Cour. Reçu à l'Académie en 1699 (Autoportrait en chasseur, Louvre), il participe à la décoration de la Ménagerie (tableaux déposés à l'Assemblée nationale), à celle de Marly (2 toiles au Louvre), à celle de Meudon, et représente en série les chasses du roi et les chiens de sa meute. Très apprécié en Angleterre, il s'y rend en 1712, et son œuvre a laissé des traces dans la peinture anglaise du XVIIIe s. En France, son succès continue auprès du Régent et de Louis XV : il travaille pour la Muette (1717, tableaux aux musées de Grenoble et de Lyon), les Tuileries (1720), les petits cabinets de Versailles (1729), Compiègne (1738-39), enfin Choisy (1742). En même temps, il donne des dessins et des cartons pour la Savonnerie (feuilles de paravent, tapis) et les Gobelins (tenture des " Nouvelles Indes ", 1736-1741). Il travailla aussi pour des particuliers, comme les Pâris, le conseiller Glucq (1725-26, tableaux dispersés dans les musées de Rennes, de Senlis, de Fontainebleau et au Louvre). Desportes est également l'auteur de natures mortes où les fruits, les fleurs exotiques, le gibier, traités avec minutie et des couleurs montées, s'accompagnent d'orfèvreries précieuses, dans une mise en pages et une composition un peu solennelle. Cette intense activité s'appuie sur des études d'après nature heureusement conservées (manufacture de Sèvres, en partie déposées à Compiègne, aux musées de la chasse de Gien, de Senlis et de Paris, ainsi qu'au Louvre) et qui sont peut-être la part la plus fascinante de son œuvre. On y trouve non seulement des études d'animaux, mais aussi des paysages réalistes d'une sensibilité toute moderne. Ce que l'art de Desportes a parfois d'un peu pompeux est en effet toujours racheté par un sens très flamand du réel, qui se traduit aussi bien dans les fonds de paysage que dans le rendu riche et précis de la matière, pelage et plumes des animaux ou épiderme chatoyant des fleurs et des fruits.

Desprez (Louis Jean)

Architecte, peintre et graveur français (Auxerre 1743  – Stockholm 1804).

Il séjourna en Italie (1777-1784, Voyage pittoresque de l'abbé de Saint-Non) et en Suède, où il travailla pour Gustave III, (un tableau au Nm de Stockholm) qui le nomme son premier architecte (1788). Ses dessins d'architecture et de perspective, ses projets de décor de théâtre, énergiquement indiqués à la plume et au lavis ou rehaussés d'aquarelle, montrent parfois un goût du fantastique dérivé de Piranèse et une grande fantaisie imaginative qui peut aller jusqu'au visionnaire et au morbide (Paris, École polytechnique et Institut Tessin ; musées de Poitiers et de Besançon ; et surtout Stockholm, Nm, et Drottningholm, Teatermuseum. D'importantes expositions à Stockholm (1992) et à Paris (la Chimère de Monsieur Desprez, Louvre, 1994) ont remis son œuvre à l'honneur.

dessin

Représentation graphique des formes, comportant ou non des rehauts colorés destinés à marquer certains volumes ou certains accents, exécutée sur des supports de dimensions et de nature variables (tablette, parchemin, carton, papier teinté ou non, textile, matières synthétiques) à l'aide de différents matériaux (dessin au crayon, à la sanguine, lavis). Ensemble des lignes et des contours qui déterminent une forme peinte : " Premièrement l'on appelle dessin la pensée d'un tableau laquelle le peintre met sur du papier ou sur de la toile pour juger de l'ouvrage qu'il médite [...] L'on appelle (aussi) dessin les justes mesures, les proportions et les contours que l'on peut dire imaginaires des objets visibles " (Roger de Piles).

Les catégories de dessins

Le dessin peut être une première délimitation linéaire, cursive, abrégée de l'ensemble d'une composition (esquisse), ou la notation du mouvement et des lignes organiques d'un modèle (étude), ou la mise en place des principaux éléments d'une scène animée ou d'un paysage (croquis-croqueton) ; enfin, il peut être considéré comme une œuvre achevée en soi.

   Les termes techniques suivants spécifient les différentes catégories de dessins : Dessin d'après la bosse : dessin d'après un relief ou une ronde-bosse. Dessin d'architecture : dessin représentant le plan, la coupe ou l'élévation d'un bâtiment. Dessin aux trois crayons : dessin à la pierre d'Italie (ou pierre noire) et à la sanguine rehaussé de craie blanche pour les lumières. Dessin estompé : dessin exécuté avec un matériau qui peut s'écraser et s'égaliser à l'estompe (petit rouleau de papier) ; les ombres au fusain sont estompées. Dessin géométrique : dessin qui reproduit les proportions géométriques d'un objet. Dessin graphique : dessin des coupes, plans, en tant qu'il est appliqué aux sciences exactes. Dessin grainé : dessin dont les lignes sont exécutées au crayon de telle façon qu'aucune ne soit visible. Dessin haché : dessin dont les ombres sont rendues par des hachures parallèles à la plume ou au crayon. Dessin d'imitation : dessin exécuté pour apprendre à reproduire les contours des figures des paysages et des ornements. Dessin lavé : dessin ombré à l'encre de Chine ou coloré avec des pigments dilués dans de l'eau. Dessin leucographique : dessin en blanc sur fond noir. Dessin linéaire : dessin technique utilisé pour représenter des ornements ou des objets qui appartiennent à l'industrie. Dessin de machines, ou industriel : dessin au trait ou levé, destiné à représenter des machines, des pièces mécaniques... Dessin à main levée : dessin exécuté sans la règle ni le compas et traité avec une grande liberté. Dessin d'après nature : dessin d'après un modèle vivant ou d'après un paysage réel ; au XVIIIe s., on disait " d'après le vrai ". Dessin ombré : dessin dans lequel les ombres et les lumières sont rendues. Dessin piqué : dessin dont le contour est percé de petits trous destinés à en permettre la reproduction (poncif). Dessin de report : dessin décalqué puis repris à la main ; il est difficile à distinguer de l'œuvre originale. Dessin topographique : dessin qui reproduit la configuration des terrains, le relief du sol avec des courbes de niveau ou au moyen de hachures. Dessin au trait : dessin qui ne donne que les linéaments des figures.

Les instruments

L'évolution des techniques et des différents procédés du dessin dépend étroitement de celle des styles particuliers à chaque époque et du parti esthétique des artistes dessinateurs.