Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Navarro Baldeweg (Juan)

Peintre espagnol (Santander 1939).

Étudiant à l'école des Beaux-Arts de San Fernando à Madrid en 1959-60, il entreprend des études d'architecture jusqu'en 1965. Il est invité comme artiste résidant par l'Institut de technologie de Cambridge (É.-U.) de 1971 à 1975. Il retourne à Madrid, où il enseigne à l'école technique d'Architecture jusqu'en 1977.

   Il s'affirme comme peintre avec la série des toiles " Kouroi " (gal. Buades, Madrid, 1980), qui présente l'amorce d'une figuration. Après 1985, ses œuvres exploitent une thématique classique (Baño turco, 1986 ; Academia, 1987) en hommage à des maîtres confirmés et notamment à Matisse, dont il s'inspire pour la peinture particulièrement colorée de ses scènes d'intérieur.

   En 1978, Navarro Baldeweg est invité à présenter des œuvres à l'intérieur du pavillon espagnol de la Biennale de Venise ; en 1986, le M.E.A.C. de Madrid lui consacre une exposition personnelle importante. Il est présent dans les collections du M.E.A.C. de Madrid et dans celles de la Fundacio Caixa de Pensions de Barcelone.

Navez (François Joseph)

Peintre belge (Charleroi 1787  – Bruxelles 1869).

Fils d'un échevin de Charleroi, il entre en 1803 à l'Académie de Bruxelles et s'y distingue bientôt. Envoyé à Paris comme pensionnaire de la Société des beaux-arts, il s'inscrit dans l'atelier de David (août 1813), pour qui il ressent une vive admiration et qu'il accompagne dans son exil à Bruxelles (1816). Il peint alors le portrait de ses amis De Hemptinne (Bruxelles, M. R. B. A.), tableau dans lequel la leçon davidienne est intelligemment exploitée, ainsi que dans le portrait de Madame Faber (1816, id. ) et dans celui même de son maître (David, 1817, id. ). De 1817 à 1821, il séjourne à Rome où il fréquente assidûment Ingres et Granet. À son retour (1822), Navez commence une brillante carrière : directeur de l'Académie (1830-1862), il prolonge l'enseignement de David. Ses compositions sur des thèmes bibliques ou mythologiques (Hermaphrodite et Salmacis, 1829, musée de Gand) n'échappent pas aux poncifs du Néo-Classicisme tardif, et c'est dans le portrait que réside le meilleur de son œuvre. Plus près d'Ingres, avec qui il était lié, que de David, dont il ne possède point la technique souple et variée, Navez a laissé de la société bourgeoise de son époque des effigies probes et sensibles (près de 200), en peintre attentif au caractère intime de son modèle et que distinguent l'harmonie recherchée des timbres, l'exécution des effets de matière (Autoportrait, 1826, Bruxelles, M. R. B. A. ; Madame De Hemptinne, 1847, Bruxelles, coll. part.).

   Ses tableaux religieux reflètent la culture éclectique issue du Néo-Classicisme (Sainte Famille, 1848, musée d'Anvers). L'artiste favorisa, comme son compatriote Leys en Belgique, et comme Ingres en France, un intérêt nouveau pour la peinture des primitifs. Navez est bien représenté dans les musées belges et surtout à Bruxelles, et par 4 tableaux au Louvre.

Navrátil (Josef)

Peintre tchèque (Slaný 1798 – Prague 1865).

Il fut la figure la plus marquante du " second Rococo " pragois. Formé à l'Académie de peinture de Prague, chez Joseph Bergler, il voyagea en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en France et en Italie. La peinture fut d'abord pour lui un gagne-pain : comme décorateur d'intérieur, il restaura, dans les châteaux de Bohême, de nombreuses fresques baroques puis exécuta des décorations murales (fresques à sujets historiques d'inspiration romantique, scènes de caractère anecdotique), appliquant les principes luministes de la peinture baroque. Parmi les décorations les plus connues, citons celles des châteaux de Liběkov (1848), de Źakupy (1851), de Ploskovice (1858), de Velké Jirny (1857), où Navŕatil décora la chambre dite " alpine ". Les tableaux de chevalet comprennent des paysages romantiques (Chasse au renard, 1855, musée de Prague) et des scènes de genre, où son sens de l'observation et sa vision réaliste rendent la poésie de l'activité humaine (l'École de village, 1857, id. ; l'Atelier, 1858, id.). Tout comme ses fresques et les enseignes réalisées à l'âge mûr, ces œuvres annoncent le Réalisme luministe de la seconde moitié du XIXe s. Mais ce sont les petits formats non destinés au public et de caractère intime peints entre 1835 et 1861 qui constituent son apport essentiel, car Navŕatil y aborde des problèmes auxquels devait s'attacher la peinture européenne du XIXe s. Ses gouaches et ses pochades montrent une facture vive et fraîche, d'une grande sensibilité. Ces œuvres se caractérisent par les thèmes romantiques et le coloris, fait d'accords bleu-rouge (Figure de jeune fille, 1835, id.). Vers 1850, les couleurs éclatantes font place aux gris et aux tons assourdis ; c'est le cas, en particulier, de nombreux portraits inspirés du monde du théâtre (Femme rêveuse, 1847, id. ; Norma, id.). Coloriste-né, Navŕatil a rénové la tradition baroque tchèque par son approche réaliste du sujet, sans sombrer dans le sentimentalisme du style Biedermeier ni dans le Naturalisme.

Nay (Ernst Wilhelm)

Peintre et dessinateur allemand (Berlin 1902  – Cologne 1968).

Influencé par Matisse, Chagall et le cercle du Sturm, il peint en autodidacte jusqu'à ce qu'il obtienne une bourse en 1925 grâce à Karl Hofer, dont il suivra les cours à l'Académie de Berlin. Ayant exposé pour la première fois en 1925, il séjourne à Paris (1928), à Rome (1930-31), puis à Oslo (1936-37) chez Edvard Munch, dont il subira l'influence. Les premières œuvres de Nay relèvent du courant néo-réaliste expressionniste de l'époque avec une tendance vers l'Abstraction, notamment dans les relations formelles fortuites. À partir de 1934, la couleur devient l'élément essentiel de la composition, engendrant un jeu de formes plus librement imaginatives et symboliques, pour devenir totalement non figuratives après la guerre. L'artiste appuie, dès lors, sont style sur des principes tantôt biomorphiques, tantôt géométriques, formes et couleurs élémentaires, habilement constractées, animant ses œuvres d'un dynamisme puissant (Dominante bleue, 1951, musée de Hanovre). En 1960, il réalisa une grande composition murale pour le hall de l'Institut de chimie de l'université de Fribourg-en-Brisgau.

   Nay est représenté notamment dans les musées de Bâle, Brême, Düsseldorf, Hambourg et Munich. Une rétrospective lui a été consacrée (Édimbourg, Cologne) en 1991.