Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Chintreuil (Antoine)

Peintre français (Pont-de-Vaux, Ain, 1814  – Septeuil, Yvelines, 1873).

Artiste pauvre, de santé précaire, Chintreuil fut un paysagiste isolé. Il fit ses débuts au Salon de 1847. En 1850, il alla habiter Igny (vallée de la Bièvre), puis quelques années plus tard se fixa à Septeuil, près de Mantes. Conseillé à ses débuts par Corot, il témoigna de son influence dans ses premières études, mais très vite s'attacha à une technique différente, s'appliquant, dans un souci de sincérité et de respect vis-à-vis de la nature, à s'effacer devant elle. Il évita, au contraire des paysagistes contemporains, de personnaliser son œuvre par la " touche ". Il procéda souvent par aplats, d'où découle une certaine monotonie, qui peut passer, à l'inverse du sentiment qui l'animait, pour un manque d'émotion (Pluie et soleil, Salon de 1873, Orsay). Ses études directes, dont le musée de Pont-de-Vaux montre un ensemble, nous retiennent davantage par leur spontanéité que des œuvres de Salon plus ambitieuses, comme l'Espace (1869, Orsay). Le centenaire de l'artiste a été célébré par une rétrospective au musée de Bourg-en-Bresse en 1973.

Chittussi (Antonín)

Peintre tchèque (Ronov nad Doubravkou  1847  – Prague 1891).

Formé (1866-1876) à Prague, à Munich et à Vienne, il peint d'abord des tableaux de genre et des paysages de Bohême, de Hongrie (1872-73) et de Bosnie, où il avait été envoyé comme soldat (1878). Déçu par la médiocrité de la vie artistique à Prague, il se rend à Paris (1879), où il passe six ans, en retournant de temps à autre en Bohême pour y peindre et exposer.

   Les premiers tableaux qu'il exécute en France révèlent l'influence de Daubigny et de Rousseau. Il expose aux Salons de Paris des motifs de la forêt de Fontainebleau ou des rives de la Seine, ainsi que des paysages de Bohême (la Seine à Suresnes, v. 1885, Prague, G. N. ; Paysage des hauteurs tchéco-moraves, 1882, id.). Malgré l'audience favorable qu'il obtient en Bohême, il reste isolé. Il a pourtant dégagé définitivement le paysage tchèque des schémas romantiques et introduit dans son pays la peinture de plein air en utilisant une technique particulière fine et presque translucide. L'exemple de Chittussi exerça une puissante influence sur la génération des paysagistes tchèques des années 1890, notamment sur Slaviěk.

Chodowiecki (Daniel)

Peintre et graveur allemand d'origine polonaise (Gdańsk 1726  – Berlin 1801).

Établi à Berlin à partir de 1743, Chodowiecki se consacra à la miniature, soit à l'aquarelle, soit sur émail, pour le décor des tabatières. Puis il apprit la technique de l'huile et devint membre de l'Académie en 1764. Sa production peinte, peu importante, céda de plus en plus le pas à son activité de graveur. Si la mimique sentimentale et mélodramatique à la manière de Greuze nuit aux Adieux de Calas (1765, Berlin, musées), gravés en 1768, Chodowiecki est plus à l'aise dans le genre de Watteau : Réunion galante au Tiergarten à Berlin (musée de Leipzig). Enfin, lorsqu'il combine cette amabilité à un intimisme très simple, comme dans la Chambre de l'accouchée (Berlin, musées), il fait preuve d'une fraîcheur sincère et d'une observation pénétrante. On retrouve ces mêmes qualités dans tout l'œuvre gravé, qui restitue l'environnement familial et social de cet artiste bourgeois (l'Atelier du peintre, 1771). Les quelque 2 000 gravures, d'un format réduit, qu'il exécuta à l'eau-forte, avec une technique minutieuse au trait et au pointillé, étaient destinées à illustrer des almanachs et des livres. Les dessins préparatoires pour les gravures (Voyage de Berlin à Gdańsk, 1773 ; le Vicaire de Wakefield, de Goldsmith) sont précis et un peu raides, mais certains dessins (Jeune Fille assise, Berlin) font preuve de sûreté dans le trait et la répartition des effets. Chodowiecki fut nommé directeur de l'Académie royale de peinture de Berlin en 1797.

chrisme

Terme d'iconographie chrétienne désignant le monogramme formé soit par la ligature des lettres grecques X et I du nom du Christ, soit, plus souvent, par celle des lettres X et P. Ces monogrammes apparaissent dès le IIIe s.

Christo (Christo Javacheff, dit)

Artiste américain d'origine bulgare (Gabrovo, Bulgarie, 1935).

Après des études à l'Académie des beaux-arts de Sofia (1952-1956), au cours desquelles il participe aux travaux d'" agencement " du paysage le long du trajet de l'Orient-Express, Christo passe à l'Ouest (1956) et s'installe à Paris (1958). Dans l'ambiance du courant des " Nouveaux Réalistes ", il réalise ses premiers empaquetages d'objets, bouteilles, meubles, magazines (Empaquetage, 1959, Marseille, musée Cantini), sous des plastiques transparents ou des tissus opaques (Panneaux de signalisation emballés, 1963, musée de Mönchengladbach). En 1961, à Cologne, il expose ses premières structures de barils et de rouleaux de papier dissimulés sous une toile goudronnée, barils dont il se ressert en 1962 pour le Rideau de fer, où 240 bidons de pétrole barrent la rue Visconti à Paris sur 4,5 mètres de hauteur. Cet intérêt pour la surface des matériaux se retrouve en 1963 dans les vitrines de magasins oblitérées par des papiers ou des tissus, suivies, après son installation à New York en 1964, des premières devantures. Après les premiers travaux monumentaux, tels les empaquetages d'air (Empaquetage de 5 600 m³ d'air pour la Documenta de Kassel, 1968), Christo, qui depuis 1961 projetait l'empaquetage d'édifices publics, peut réaliser en 1968 l'empaquetage du Kunsthalle de Berne. Passant de l'espace urbain à l'espace naturel, il réalise, dans la lignée du Land Art, l'empaquetage de deux kilomètres de plages rocheuses en Australie (Little Bay, 1969), suivi en 1972 par le Rideau dans la vallée, à Rifle, Colorado, puis par la Barrière qui court (1976), rideau de tissu de 40 kilomètres de long tendu en Californie. Par la suite, il poursuit ses réalisations d'empaquetages de monuments urbains (Pont-Neuf, 1985, Paris ; Reichstag, Berlin, 1995) ou de lieux naturels (Îles entourées, 1983, Floride), toujours préparés par de très nombreux dessins ou collages, et généralement autofinancés. Présent dans de très nombreuses collections publiques, son œuvre a fait l'objet d'importantes expositions à Cologne, musée Ludwig (1981), et à Nice (M. A. C.), 1989.