Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Klossowski (Pierre)

Peintre et écrivain français (Paris 1905-Paris 2001).

Issu d'une famille d'artistes et de lettrés (il est le frère de Balthus) qui le met en contact avec les milieux intellectuels, ses premières activités seront littéraires malgré une pratique épisodique et confidentielle du dessin. Il sera secrétaire de Gide, lié aux mouvements philosophiques en marge du surréalisme (Contre-Attaque, Collège de sociologie). Ces années d'apprentissage s'achèvent sur une tentative de vie monastique durant l'Occupation. En 1953 commence la parution du cycle romanesque de Roberte avec Roberte ce soir, qu'il illustre de six dessins. Mis à part quelques portraits, et quand bien même, au tournant de 1970, elle prend le pas sur son œuvre littéraire, sa pratique, exclusivement vouée aux crayons, exploitera seulement les épisodes de ses écrits et en majorité ceux de la Révocation de l'édit de Nantes (1959). Variations ou redites, en grandeur nature, des aventures de Roberte ou du Baphomet, exégèses érotiques sur fond d'érudition théologique, ses " grandes machines " sont, plus que des dessins d'écrivain, des recherches de ces images mentales ou visions, antérieures à toute écriture (Roberte et les Barres parallèles n° 8, 1984). Klossowski expose depuis 1967 dans diverses galeries. Il a participé à " Alibis ", au M. N. A. M. de Paris (1984). Des rétrospectives lui ont été consacrées : Berne, Kunsthalle (1981) ; Nice, musée Chéret (1982) ; M. A . M. de la Ville de Paris (1989) ; Paris, M. N. A. M. (1990). Ses dessins ont été présentés (Genève, musée d'Art et d'Histoire ; Bruxelles, musée d'Ixelles) en 1996.

Klucis (Gustav)

Artiste russe d'origine balte (Volmar, Latvia, 1895  – 1944).

Il suit une première formation à l'Institut d'art de Riga (1913-1915), puis à l'école de la Société d'encouragement des arts (1915-1917). Après la révolution, il étudie à Moscou, d'abord aux Svomas puis aux Vhutemas sous la direction de Malévitch et de Pevsner. En 1921, il expose avec le groupe suprématiste Unovis et devient membre de l'Inkhuk (1921-1925). Il travaille alors le graphisme, les photomontages, les affiches d'exposition, et suit des études typographiques qui ont une grande influence sur ses peintures abstraites (Ville dynamique, 1919-1921 ; Composition axonométrique, 1920, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza). De 1924 à 1930, il donne des cours aux Vhutemas. Invité par le groupe constructiviste de Rodtchenko, Popova et Stepanova à l'Inkhuk, il y réalise des affiches et des livres. Parallèlement, il crée beaucoup de dessins, de structures spatiales et de constructions architecturales. Membre fondateur du groupe Octobre en 1928, il contribue à son exposition de 1930. Artiste productiviste, ses peintures abstraites, tout comme les " prouns " de El Lissitsky, membre d'Unovis et enseignant aux Vhutemas, forment un groupe proche du Constructivisme.

Knaus (Ludwig)

Peintre allemand (Wiesbaden 1829– Berlin 1910).

Ce peintre de genre de l'école de Düsseldorf compléta sa formation à l'Académie de Düsseldorf (1846-1848) par des voyages d'études à Berlin, à Dresde, à Vienne, à Munich, où la vie du peuple et les musées l'intéressèrent également. Médaille d'or en 1852 à Berlin, il acheva sa formation à Paris (1852-1860), où il connut un certain succès : médaillé en 1853, 1855 et 1857, il fut fait chevalier de la Légion d'honneur en 1859 puis officier en 1867. la Promenade aux Tuileries (1855, Paris, musée des Arts décoratifs) fut acquise par l'État français en 1862 et il fut grande médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris en 1867. Il travailla ensuite surtout à Düsseldorf (1867-1874) et à Berlin, où il enseigna à l'Académie de 1874 à 1882. Le succès international de Knaus s'explique par la popularité de ses sujets ainsi que par la virtuosité de sa technique de coloriste et ses dons d'observateur précis du détail. L'artiste transposa le genre hollandais au XIXe s. et se spécialisa dans les scènes villageoises d'auberges, de foires et de la vie familiale, qu'il relevait par un accent moralisateur (les Joueurs de cartes, 1861, Düsseldorf K. M.). Improprement appelé le Courbet allemand, il traite ses sujets avec une sentimentalité complaisante. Sa conception de la scène d'intérieur est archaïsante, avec des effets de clair-obscur dans lesquels une couleur vive et émaillée se détache d'une gamme généralement sombre. Ses représentations urbaines eurent en revanche une grande influence sur des peintres comme Heilbuth ou Béraud. Les musées de Düsseldorf, de Berlin, de Hambourg, de Cologne et le Louvre conservent des tableaux de Knaus.

Kneller (sir Godfrey)

Peintre anglais d'origine allemande (Lübeck  1646  – Londres  1723).

Il travailla à Amsterdam avec F. Bol vers 1666 avant de partir pour l'Italie en 1672, où l'on présume qu'il rencontra Bernin et Maratta. Il retourna en Allemagne en 1675. Arrivé en Angleterre en 1676, il attira l'attention de Vernon, secrétaire du duc de Monmouth, ce qui lui valut de faire les portraits de ces derniers. Il voyagea probablement à l'étranger entre 1677 et 1683, car aux alentours de 1680 son style révèle une certaine maturité, alors que son œuvre antérieure est dans la tradition conventionnelle de Lely et de Wissing. Sa Duchesse de Portsmouth (1684, Goodwood House, Sussex) devint, pour une génération au moins, le type du grand portrait d'apparat. Kneller exécuta les effigies de Charles II et de Jacques II, reçut, en 1688, la charge de " principal painter " du roi, qu'il partagea avec John Riley jusqu'à la mort de ce dernier, en 1691, et, l'année suivante, fut nommé chevalier. Vers 1690, il exécuta une suite de portraits (les Belles de Hampton Court, Hampton Court), par esprit d'émulation avec les fameuses Belles de Windsor de Lely. Plus tard, l'abondance de sa production entraîna le relâchement de son style et une certaine négligence d'exécution. Comme Lely, l'artiste avait un atelier très achalandé, ce qui l'obligeait à faire appel à de nombreux collaborateurs. Bien qu'il ait ainsi exécuté beaucoup d'œuvres de qualité médiocre, Kneller pouvait se surpasser, en particulier lorsqu'il cherchait vraiment à rendre la personnalité et le caractère de ses modèles (Matthew Prior, 1700, Cambridge, Trinity College). L'une des meilleures illustrations de son talent réside dans la série des 42 Portraits du club des Kit-Kat, exécutés entre 1703 et 1721, avec notamment celui de Jacob Tonson (1717, Londres, N. P. G.). Mais les poses généralement conventionnelles et les visages dépourvus d'expression qui abondent dans l'œuvre de Kneller ont dominé de son vivant le portrait anglais, et ce style s'est perpétué fort avant dans le siècle, avec des peintres comme Jonathan Richardson. Kneller fut le premier gouverneur de la première académie de perfectionnement des artistes en Angleterre en 1711. Il est représenté dans les musées d'Amsterdam, d'Anvers, de Brunswick, de Budapest, de Dresde, de Florence, de Glasgow, de Saint-Pétersbourg et particulièrement bien à Londres, à la N. G. et à la N. P. G. : l'Empereur Charles VI, George Ier, George II, Isaac Newton, Jacques II, Robert Harley.