Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Caporali (Bartolomeo)

Peintre italien (Pérouse v.  1420  – id.  1505).

Malgré les nombreux documents qui attestent ses activités, aussi bien dans l'administration de Pérouse qu'au sein de la corporation des peintres, sa date de naissance et les étapes de sa formation restent inconnues. La première de ses œuvres authentifiées, l'Annonciation du triptyque de Bonfigli peint pour l'église S. Domenico (1467-68 ; Pérouse, G. N.), le révèle comme disciple de Fra Angelico (qui avait envoyé à Pérouse en 1437 un de ses fameux polyptyques pour l'église S. Domenico) et surtout de Benozzo Gozzoli (qui travailla en Ombrie v. 1450). Les œuvres plus tardives, comme la Pietà (1486) de la cathédrale de Pérouse, se rapprochent de celles de Fiorenzo di Lorenzo et du jeune Pérugin. La plupart des documents concernant Caporali font état de travaux mineurs tels que restaurations, dorures, peinture d'armoiries et d'étendards, préparations de cérémonies et de fêtes. Cette activité se traduit sur l'ensemble de son œuvre, assez modeste en réalité, par une tendance à l'ornementation et une prédilection pour l'or décoré au poinçon.

Cappelle (Jan Van de)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1626  – id.  1679).

Teinturier de son état, il apprit à peindre, puis pratiqua cet art en dilettante. Autodidacte, formé sans doute d'après les œuvres de S. de Vlieger, qu'il admirait, il s'agit du cas extraordinaire d'un personnage doué, peignant vraiment pour son plaisir, qui laissa une œuvre relativement peu importante (près de 200 tableaux).

   En 1653, il acquiert la citoyenneté de sa ville et, après 1663, on ne lui connaît plus d'œuvres datées, ce qui a laissé supposer que, comme tant d'autres artistes néerlandais (Hobbema, Van der Neer), il s'est alors surtout consacré à son entreprise.

   Riche, lié avec Rembrandt, qui le portraitura tout comme le firent Hals et Eeckhout, Cappelle laissait à sa mort une immense collection, dont 500 gravures de Rembrandt, 900 dessins d'Avercamp, 16 tableaux de Porcellis, 10 peintures et plus de 400 dessins de Van Goyen, d'autres peintures et dessins de E. Van de Velde, de P. Molyn, de H. Seghers, un considérable ensemble de S. de Vlieger (90 tableaux et 1 300 dessins de Vlieger lui-même ou copiés par Cappelle), collection qui ne laissa pas d'exercer la plus large influence sur les débuts de l'artiste. Aussi celui-ci est essentiellement un peintre de marines " calmes ", d'abord inspirées par celles de Vlieger et caractérisées par leur harmonie de gris argentés, puis de plus en plus personnelles. Cappelle sait mieux que tout autre évoquer la confusion de l'air et de l'eau, la transparence de celle-ci sous l'incertitude et la mobilité de grands ciels nuageux très légers, dans une riche et chaleureuse harmonie de tons gris-brun et blonds. On admire particulièrement l'étude des reliefs des voiles et des coques sur l'eau tranquille. De tous les marinistes hollandais, Cappelle est certes l'un des plus poétiques — ses mers " calmes " ont un mystère qui rejoint, bien qu'avec des moyens différents et plus naturels, la poésie d'un Lorrain —, mais aussi l'un des plus novateurs. Il annonce Willem Van de Velde le Jeune.

   Il a peint aussi quelques paysages d'hiver, chefs-d'œuvre du genre (de bons exemples datés de 1653 au Mauritshuis et à l'Inst. néerlandais de Paris), assez comparables à ceux de Jacob Van Ruisdael. C'est à Londres (N. G.) qu'on peut le mieux étudier Cappelle, représenté par au moins 8 marines. D'autres œuvres — elles sont assez rares — sont conservées dans les musées d'Amsterdam, de Rotterdam, de La Haye, de Cologne, de Chicago et de Toledo.

Cappiello (Leonetto)

Peintre français d'origine italienne (Livourne 1875  – Grasse 1942).

Faisant de l'esprit parisien la base de ses œuvres, il collabore à plusieurs journaux satiriques : le Rire (1898), l'Assiette au beurre (1901). Dessinateur hors pair, il exécute de nombreux " portraits de caractère ", pleins de vivacité (Mounet-Sully dans " Œdipe "), des albums de silhouettes (Nos actrices). Grâce au développement de la lithographie, il crée des affiches très dynamiques tirant leur valeur publicitaire de leur arabesque ferme et de leurs couleurs vives (le Frou-frou, 1899 ; l'Ouate Thermogène, 1909 ; Cinzano, 1910 ; Bitter Campari, 1921 ; le Bouillon Kub, 1931). Il s'y montre souvent caricaturiste féroce (Louise Balthy, 1902). Cappiello se révéla aussi portraitiste intelligent (Portrait de Paul Adam, musée d'Arras ; Portrait d'Henri de Régnier, 1910, Orsay), peintre habile (les Dormeuses, 1938, musée de Lyon) et bon décorateur dans ses cartons de tapisseries (l'Abondance, 1924, musée de Vesoul) et ses fresques murales (Restaurant Dupon-Barbès, 1935-1937).

Caracciolo (Giovanni Battista)

Peintre italien (Naples v. 1570  – id.  1637).

Il fut le premier et le plus prestigieux des maîtres de la grande peinture napolitaine du XVIIe s. Avec lui s'affirme l'orientation moderne de l'art à Naples, qui met fin aux nombreuses expériences encore maniéristes d'origine romano-florentine et vénitienne qu'avaient fait prévaloir au début du siècle des artistes comme B. Corenzio, F. Santafede, Curia, Imparato ou Forlí. Battistello, au contraire, s'inspire directement de Caravage, dont il étudie non seulement les œuvres laissées dans les églises napolitaines (séjours de 1606-07 et 1609-10), mais aussi celles qui furent exécutées à Rome.

   Dès ses débuts, Battistello opte ainsi pour un luminisme constructif, qui se révèle parmi les plus " engagés ", même par rapport aux expériences romaines. En revanche, la recherche naturaliste apparaît déjà chez lui, dès cette première phase, fort estompée et fort éloignée de celle qu'on aurait pu penser trouver dans l'interprétation d'un peintre aussi directement lié à l'enseignement de Caravage. Cet enseignement se révèle pleinement dans la Libération de saint Pierre peinte en 1615 pour l'église du Pio Monte della Misericordia, où, quelques années auparavant, Caravage avait exécuté pour le maître-autel ses Sept Œuvres de miséricorde, et dans tout un groupe d'œuvres encore conservées dans différentes églises napolitaines (Immaculée Conception, S. Maria della Stella, 1607 ; Trinitas Terrestris, Pietà dei Turchini, 1617 ; Miracle de saint Antoine, S. Giorgio dei Genovesi).

   Battistello tenta toujours de valoriser les volumes de la composition grâce à l'incidence de la lumière, même lorsque, à la suite de nouvelles expériences à Rome (voyage dont parle De Dominici) et à Florence, il renonça définitivement à une représentation précise et naturaliste. Il adopta alors un formalisme solennel, attitude à laquelle n'étaient pas étrangers le succès d'Annibale Carracci à la galerie Farnèse et l'impression ressentie au contact direct des grands modèles florentins du cinquecento (le Lavement des pieds, S. Martino, 1622). Ainsi s'explique ce curieux accent qui rappelle presque les débuts du Maniérisme et qui, malgré la modernité de son langage, semble caractériser la position unique de Caracciolo au sein de la peinture napolitaine du XVIIe s. : un initiateur, un intermédiaire et pourtant un isolé.

   L'utilisation de la lumière coupante, qui révèle et exalte les surfaces, caractérise les œuvres les plus anciennes. Plus tard, la palette s'éclaircira de plus en plus ; le goût pour l'exaltation des volumes se traduira désormais, grâce à une nouvelle sensibilité chromatique, par la manière de disposer les couleurs, variées et recherchées, comme un encastrement de matières précieuses d'une pureté minérale.

   Battistello déploie aussi une grande activité de fresquiste. Il donne à ses visions monumentales et sévères une gamme inattendue de couleurs claires et lumineuses, dans lesquelles éclate sa nostalgie pour les anciennes cadences formelles du XVIe s. : désaccord profond que seule une forte intuition dissipe. On retrouve ses fresques dans de nombreuses églises napolitaines : S. Teresa agli Studi (1617), église de la chartreuse de S. Martino (chapelle dell'Assunta, 1623-26 ; chapelle S. Gennaro, vers 1631-33), S. Maria la Nova (chapelle Severino, 1623-24), oratoire dei Nobili au Gesù Nuovo (où son œuvre fut achevée par Lanfranco). Dans le cycle de fresques de la chapelle dell' Assunta à S. Diego all' Ospedaletto (après 1631), enfin, la série de paysages des lunettes révèle un nouvel aspect de l'art de Battistello, nettement marqué, malgré tout, par l'exemple des Carrache. Une exposition rétrospective a été organisée à Naples (Castel Sant' Elmo) en 1991.