Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zenale (Bernardo)

Peintre italien (Treviglio v.  1450  – Milan 1526).

Un premier document atteste sa présence à Milan en 1481. Zenale travaille aux côtés de son compatriote Butinone durant les vingt dernières années du XVe s. À l'encontre de Butinone, son personnage et l'autonomie de son activité ont longtemps été discutés en dépit de la renommée dont l'artiste jouissait au XVIe s. Zenale se signala également comme théoricien de la perspective et de l'architecture. On lui reconnaît unanimement les figures de plus large inspiration et de plus grande monumentalité dans le polyptyque de la collégiale de Treviglio, exécuté en commun avec Butinone (comme ce fut le cas des fresques de la chapelle Griffi à S. Pietro in Gessate de Milan) à partir de 1485, et dans le triptyque de la Pentecôte : centre au musée de Lawrence (Kansas) ; volets avec des Saints, donation Contini-Bonacossi à Florence, Pitti. La Dérision du Christ (Isola Bella, coll. Bozzomeo) est l'œuvre essentielle de la phase suivante de l'activité du peintre, elle fait apparaître les influences de Bramante et Bramantino ressenties par Zenale à travers celle de Foppa.

   Sur ces bases stylistiques, on a proposé l'identification de Zenale avec l'artiste appelé " Pseudo-Civerchio " ou Maître XL, auteur de la Circoncision du Louvre et d'une Pietà à l'église S. Giovanni Evangelista à Brescia, ainsi que de nombreuses autres œuvres réparties aujourd'hui dans des coll. part. ou des musées : Madone adorant l'Enfant avec des anges, Los Angeles, The J.P. Getty Museum, centre d'un triptyque dont les volets, avec des Saints sont conservés à Milan (P. P. et Fond. Bagatti-Valsecchi) ; Pietà (Nice, musée Masséna) ; Madone et saints au musée de Denver, nettement influencée par Léonard de Vinci. Une exposition Zenale et Leonardo a été présentée (Milan, musée Poldi-Pezzoli) en 1982-1983.

Zéro (groupe)

Nom donné à un mouvement de jeunes artistes qui, en 1957, à Düsseldorf, décident de réagir à une situation de tension propre à l'Allemagne de l'après-guerre et, sur le plan artistique, de repartir sur de nouvelles bases en opposant une résistance à la toute-puissance de l'Expressionnisme abstrait. Le groupe Zéro, nommé ainsi à la suite de la publication d'une revue manifeste intitulée Zéro, se constitua autour de ses principaux instigateurs et seuls membres permanents : Heinz Mack et Otto Piene. Ce fut plus un rassemblement occasionnel d'artistes sensibilisés par les mêmes problèmes qu'un groupe défini (les participants aux expositions pouvaient changer). Parti de l'intention de purifier la couleur des excès de l'Informel, le groupe Zéro en vient à s'intéresser aux notions d'espace et de lumière dans une optique cosmique idéaliste proche de celle d'Yves Klein. Motivé par le désir d'explorer les possibilités de communication entre l'homme et la nature, Zéro aborde cette recherche par le biais de la technologie, qu'il considère comme l'instrument le plus adéquat. Ouvert aux démarches s'apparentant à la sienne, le groupe Zéro entre en relation avec Fontana et avec les membres du Nouveau Réalisme et du Cinétisme, avec lesquels il participe à de nombreuses manifestations. L'aluminium, pour sa capacité à capter et à diffuser la lumière, est le matériau de prédilection du groupe. Travaillé en relief ou en creux, il prend diverses formes : sphères, panneaux, stèles, disques et appareils rotatifs, tiges hélicoïdales. À l'instar de Mack, Piene conçoit des projets fondés sur la pénétration dynamique de la lumière dans l'espace et, dans cet esprit, réalise la façade des magasins Wormland à Cologne. Parallèlement, il exécute des peintures à la fumée et au feu, proches des expériences antérieures de Klein. En 1961, le groupe accueille un 3e membre permanent, Gunther Uecker. Tout en rejoignant par certains aspects la démarche de Mack et de Piene, le travail d'Uecker s'en différencie sur l'essentiel. Chez lui, en effet, l'emploi de la lumière est plus anecdotique, supplanté par un élément prédominant, le clou, qui, en structures informelles ou en compositions équilibrées, en forêt agressive, en spirale ou en revêtement sadique d'objets quotidiens, se retrouve dans la majorité de ses œuvres. En 1967, le groupe Zéro est dissous : Mack, Piene et Uecker se séparent, chacun continuant seul ses investigations.

Zichy (Mihály)

Peintre et dessinateur hongrois (Zala  1827  – Saint-Pétersbourg  1906).

Il commença ses études à Budapest et les continua à Vienne chez Waldmüller (1844). Entré en 1857 au service de la famille impériale russe comme maître de dessin, il devint en 1859 peintre de la Cour. À Saint-Pétersbourg (1858), Théophile Gautier le remarqua et fit une critique élogieuse de son art. À l'exception d'un voyage en Europe (1871) et d'un séjour à Paris (1874-1879), Zichy vécut en Russie jusqu'à sa mort, où il fut le chroniqueur fidèle des événements de la cour impériale. Certaines séries furent lithographiées (le Couronnement du tsar Alexandre II, les Chasses de Belec). Invité en Écosse, l'artiste exécuta quelques croquis des chasses du prince de Galles (Windsor Castle). Son œuvre personnelle est composée de dessins inspirés par la défense des idées libérales. Il illustra également des œuvres littéraires (Faust de Goethe, 1874-1878 ; Un héros de notre temps de Lermontov, 1881 ; la Tragédie de l'homme d'Imre Madach, 1886-1888 ; les Ballades de János Arany, 1892-1897). L'art de Zichy relève de l'académisme, mais ses qualités graphiques sont fort brillantes. Les fusains et les crayons de grand format ont le caractère et les ambitions de la peinture.

Zick (les)

Peintres allemands.

 
Johann (Lachen  1702  – Würzburg  1762). Après un apprentissage de trois ans chez Stauder à Constance, il travaille à Munich (1723-1725). D'après une source contemporaine, il aurait parfait sa formation chez Piazzetta à Venise, ce que ne révèle absolument pas son style. En 1729, il est cité à Munich et y devient peintre de cour en 1732. Il répond en 1749 à l'appel du prince Karl Philipp von Greifenklau pour peindre le plafond de la salle du jardin de la Résidence de Würzburg (le Festin des dieux et le Repos de Diane). De 1751 à 1754, il exécute son œuvre majeure pour le prince-évêque de Spire au château de Bruchsal : une série de peintures décoratives à la fresque et à l'huile, retraçant l'histoire de l'archevêché. Vers 1759, il est de retour à Würzburg, où il s'occupe essentiellement de mathématiques et d'astronomie. Le style de ses fresques s'inscrit dans la lignée de l'école bavaroise, en particulier d'Asam et de Bergmüller. Les tableaux de chevalet, surtout au début et à la fin de sa vie, se rattachent à la tradition rembranesque et hollandaise en général, par l'atmosphère intime et le clair-obscur violent (la Mort de Sénèque et la Déposition de croix, musée de Karlsruhe).

 
Januarius (Munich 1730 – Ehrenbreitstein 1797). Il fut aussi architecte. Il assimila d'abord le style de son père Johann, dont il fut l'élève, mais en signant très tôt de son propre nom. Il entreprend un grand voyage, dont les étapes sont mal connues : en 1757, il est à Paris, où son compatriote J.G. Wille le pousse à étudier les petits maîtres néerlandais et où il copie Watteau ; il passe par Bâle et aurait été en contact avec Mengs à Rome, mais ce séjour en Italie n'est pas prouvé. Sur le chemin du retour, à Augsbourg, en 1758, il est nommé membre de l'Académie de cette ville. Vers 1760, il devient peintre à la cour du prince électeur de Trèves. En 1762, il s'établit à Ehrenbreitstein, où il recevra Goethe à plusieurs reprises et développe une activité très intense, à la fois comme fresquiste pour des bâtiments religieux ou civils, comme portraitiste des milieux bourgeois et comme peintre d'histoire et de genre. Ses fresques de plafond les plus notoires décorent l'église de l'abbaye de Wiblingen (Histoire de la Sainte Croix, 1778-1780), l'église de l'abbaye de Rot (Jésus parmi les docteurs et autres Scènes de la vie du Christ, 1784), le palais de Coblence (salle d'audience : Allégorie de la Justice ; chambre à coucher : l'Aurore, 1785-86) et le palais de Mayence (salle de l'Académie : Apothéose d'Apollon, protecteur des sciences, 1787). Dans ces œuvres, Januarius Zick s'adonne, contrairement à son père, à une peinture aux effets mesurés selon la nouvelle formule classique : la composition est claire, le raccourci modéré, le trait de contour cerne la forme, le coloris est doux. Dans la peinture de chevalet, il se rapproche beaucoup du style des œuvres de son père à ses débuts, au point qu'il est difficile de les distinguer ; on retrouve notamment ces mêmes effets de clair-obscur rembranesque comportant un violent coup de lumière blanc argenté (la Circoncision, musée de Kassel). L'artiste continuera à affectionner les éclairages blanchâtres et scintillants contrastant très artificiellement avec une zone d'ombre qui baigne le reste de la scène dans une tonalité brune très chaude. De nombreux musées allemands possèdent des tableaux de Januarius Zick. Citons plus particulièrement la Rixe devant l'auberge et la Danse devant l'auberge (Stuttgart, Staatsgal.), dérivées de compositions hollandaises, Énée sauvant Anchise (musée de Wiesbaden), Scène d'intérieur (musée de Soissons), Portrait de la famille Remy (1776, musée de Nuremberg). La Compagnie (Bonn, Städtisches Kunstmuseum) échappe aux classifications habituelles de scène de genre ou peinture de mœurs. Januarius Zick a été appelé " le dernier grand peintre bourgeois d'Allemagne " (A. Feulner) et précède de peu la nouvelle génération qui se tournera vers des sujets plus intellectuels.