Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Cox (David)

Peintre et aquarelliste britannique (Birmingham 1783  – id. 1859).

Fils d'un forgeron, il fait son apprentissage chez un peintre de miniatures et travaille aux décors d'un théâtre de Birmingham. En 1804, il arrive à Londres et y devient l'élève de Varley, dont le lyrisme se reflète dans des œuvres comme Moulin dans le nord du pays de Galles (v. 1804-1814, Londres, V. A. M.). Il vit de ses leçons et publie plusieurs livres sur la peinture, dont le plus célèbre est Treatise on Landscape Painting and Effect in Water Colour (1813-14). De 1814 à 1827, il enseigne à Hereford, et son style s'affirme progressivement. Après plusieurs séjours aux Pays-Bas, en Belgique et en France (1826-27, 1829, 1832), Cox acquiert une facture très vigoureuse (Soleil, vent et pluie, 1845, Birmingham, City Museum), s'intéressant tout particulièrement à des effets très simples, qui, après 1836, seront accentués par l'emploi d'un papier rugueux légèrement teinté. Il se retire à Birmingham en 1841 et s'adonne à la peinture à l'huile : Funérailles galloises, Bettws-y-Coed (v. 1845-1850, Londres, Tate Gal.). Ses dernières années sont marquées par de fréquents séjours dans le pays de Galles, qu'il représenta souvent durant cette période. Nombre de ses œuvres se trouvent à Londres, à la Tate Gal. (une cinquantaine d'aquarelles) et au V. A. M. Cox peut être considéré comme l'un des grands représentants de l'école anglaise d'aquarelle dans la première moitié du XIXe s. Une exposition lui a été consacrée en 1983 à Birmingham.

Coxcie (Michiel)

Peintre et graveur flamand (Malines v.  1499  – id.  1592).

Il fut vraisemblablement élève de B. Van Orley avant de résider à Rome, où Vasari le rencontra en 1532 et où il devint membre de l'Académie de Saint-Luc en 1534, après avoir peint, de 1531 à cette date, les fresques de la chapelle Sainte-Barbe à S. Maria dell'Anima. Il se trouve à Malines en 1539, puis à Bruxelles en 1543 et devient peintre du roi d'Espagne Philippe II. Dans ses tableaux religieux (la Cène, 1567, Bruxelles, M. R. B. A. ; Sainte Cécile, 1569, Prado ; le Calvaire, 1589, Saint-Michel de Bruxelles) comme dans ses gravures, ses cartons de tapisseries (Histoire de Psyché) et ses projets de vitraux, il témoigne d'un art académique et romanisant inspiré de Raphaël (on l'appela le " Raphaël flamand "). On lui doit quelques solides portraits (Christine de Danemark, 1545, Oberlin College, Ohio).

 
Coxcie eut deux fils peintres : Raphaël (Malines 1540 – † 1616) , qui exécuta pour le roi d'Espagne un grand nombre de portraits de cour, et Michiel II (v. 1569-1616) , qui fut influencé par Maerten de Vos.

Coypel (Antoine)

Peintre français (Paris 1661  – id. 1722).

Il fut élève très précoce de Noël Coypel, son père. Celui-ci l'emmène avec lui à Rome, où il dirige l'Académie de France de 1673 à 1675. Le jeune Antoine fait figure d'enfant prodige (il aurait étonné Bernin et Carlo Maratta) tout en étudiant Raphaël, Carrache, les antiques et, sur le chemin du retour, Corrège (dont il se souviendra toute sa vie), Titien et Véronèse. Ses premières œuvres sont malheureusement perdues, notamment celles dont il orna l'église de l'Assomption, aux côtés de La Fosse. Toutefois, la Conception de la Vierge, connue par une gravure de Tardieu, montre une virtuosité illusionniste stupéfiante pour un artiste qui n'avait pas vingt ans. On conserve en revanche son morceau de réception à l'Académie en 1681, une Allégorie des victoires (de Louis XIV) [musée de Montpellier ; une autre Allégorie de style et de date très proches est à Versailles], dans laquelle son style est parfaitement formé, caractérisé par l'abondance des figures plus ou moins désarticulées et fortement expressives, un coloris chaud, un dessin de virtuose. L'influence de son père — notamment dans un certain arbitraire des formes, l'aspect métallique des draperies — et surtout de Le Brun dans la recherche systématique de l'expression des passions durera toute sa vie. Antoine Coypel recevra de nombreuses commandes du roi, pour Marly, Trianon, Meudon, Versailles, mais surtout des ducs d'Orléans, dont il devient premier peintre. Autour de 1690-1692, alors qu'il dessine les médailles de la vie du roi, son style pictural est fortement marqué par Rubens (Démocrite, Louvre ; Baptême du Christ, église de Saint-Riquier). Il peint ensuite ses œuvres les plus célèbres, gravées et souvent copiées, mais perdues, Bacchus et Ariane et le Triomphe de Galatée, qui ouvrent la voie à tout l'art aimable du XVIIIe s. par leur grâce un peu appliquée. Dans le même style, on conserve notamment la Diane au bain (musée d'Épinal) ou le Silène barbouillé de mûres, peint en 1701 pour Meudon (musée de Reims). Dans les années 1695-1697, il peint une importante série de tableaux sur des sujets de l'Ancien Testament (qu'il reprendra en grand format autour de 1710 pour en faire des cartons de tapisserie), dont la composition se fait plus lisible et ordonnée : Esther et Assuérus, Athalie chassée du temple (Louvre). Sacrifice de Jephté (musée de Dijon), Suzanne justifiée (Prado). À la même veine, rajeunissant la tradition classique par le charme des visages et la gaieté du coloris, se rattache l'Eliézer et Rébecca peint pour le roi en 1701 (Louvre). À la fin de sa vie, outre de grands tableaux, perdus, pour Notre-Dame, Coypel peint deux cartons de tapisserie tirés de l'Illiade : Colère d'Achille et Adieux d'Hector et Andromaque (musée de Tours).

   Antoine Coypel a été un grand décorateur. Si l'hostilité du surintendant Hardouin-Mansart, ennemi de son père, le fait tenir à l'écart du chantier des Invalides, il prend une revanche en décorant la galerie d'Énée au Palais-Royal. D'abord la voûte (1703-1705), dont le souvenir est conservé par la gravure et par une esquisse de la partie centrale (musée d'Angers), entreprise grandiose qui, au-delà des galeries à l'illusionnisme timide de Versailles, renouvelle la tradition illustrée par Perrier et Le Brun en associant percées fictives, tableaux rapportés et ensembles d'ornements. De 1714 à 1717, il décore les murs de grands tableaux inspirés de l'Enéide (plusieurs en mauvais état au Louvre ; Énée et Anchise et Mort de Didon au musée de Montpellier ; Énée et Achate apparaissent à Didon, musée d'Arras), qui unissent coloris rubénien et grâce corrégesque. Entre-temps (1709), il orne la voûte de la chapelle du château de Versailles d'une vaste composition qui tire le parti le plus intelligent d'une architecture peu commode. Percées fictives et ornements en trompe l'œil forment un ensemble digne des décors romains de Gaulli, que Coypel a sans doute admirés. Il devient directeur de l'Académie, premier peintre du roi en 1716 et est anobli en 1717. Peintre lettré, il publiera en 1721 d'intéressants Discours sur son art ; son intérêt pour le théâtre deviendra une passion chez son fils, Charles-Antoine, dont l'art, à bien des égards, prolonge le sien.