Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

vorticisme

Le mouvement est lancé en 1914 par P. W. Lewis, qui se sépare des Omega Workshops de R. E. Fry pour fonder le Rebel Art Center avec les peintres Christopher N. Nevinson (1889-1946), William Roberts (1895-1980), Edward Wadsworth (1889-1949), les sculpteurs Epstein et Gaudier-Brzeska, les écrivains T. E. Hulme et E. Pound. Wyndham Lewis, dans The Caliph's Design (1914), et Gaudier-Brzeska, dans la revue Blast (juin 1914), définissent le Vorticisme (de vortex, tourbillon), dont le manifeste est publié dans le second et dernier numéro de cette revue, en 1915. Une exposition du groupe se tient à Londres, galerie Doré, la même année (David Bomberg, membre du London Group, y participe) ; puis la guerre met fin aux manifestations du mouvement. Le Vorticisme veut se démarquer des grands mouvements initiateurs, Futurisme, Cubisme. Son esthétique reste pourtant, sauf dans ses œuvres abstraites, proche de ceux-ci. On en trouvera des résurgences chez P. Nash, D. J. C. Grant, B. Nicholson, etc., fondateurs en 1933 du groupe Unit One.

Vos (Cornelis de)

Peintre flamand (Hulst, près d'Anvers, 1584  – Anvers 1651).

De 1599 à 1604, il fut élève de David Remeeus à Anvers, où il devint maître en 1608. Son activité fut variée et pas seulement picturale (jusqu'en 1616 et en 1623, il est cité comme marchand de tableaux, ce qui l'amena aussi à se rendre aux foires de Saint-Germain à Paris. Ainsi, il exécuta des sujets religieux (Descente du Saint-Esprit, 1613, église de Nieuwkerken ; l'Adoration des bergers, musée d'Anvers ; le Sacre de Salomon, Vienne, K. M.), allégoriques (l'Agriculture couronnée par l'Abondance, Rotterdam, B. V. B.) et mythologiques (le Triomphe de Bacchus, la Naissance de Vénus, Apollon et le serpent Python, Prado) d'après des esquisses de Rubens (Prado, Bruxelles, M. R. B. A.), destinés à la Torre de la Parada (il fut particulièrement apprécié en Espagne) ; il participa aussi en 1635 à la décoration de la ville d'Anvers à l'occasion de l'entrée de l'archiduc Ferdinand d'Autriche. Mais il excella surtout dans le portrait (exemples à Anvers, musées de la Ville et Mayer Van den Bergh ; à Bruxelles, M. R. B. A. ; à l'Ermitage ; à Francfort, Städel. Inst. ; à Londres, Wallace Coll.), où sa rigueur contraste sensiblement avec le brio de Rubens ou de Van Dyck. Le Portrait de l'artiste et de sa famille (1621, Bruxelles, M. R. B. A.), le Portrait d'un juriste (1622, Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), Antonia Canis (1624, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), le Groupe de famille (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) offrent à des degrés divers l'image d'un art tranquille et subtilement discret dû à la sobriété des coloris finement nuancés et à la pose naturelle des modèles, dont le maintien est observé avec exactitude et la psychologie patiemment analysée (Portrait d'Abraham Grapheus, 1620, musée d'Anvers). Cornelis de Vos fut particulièrement habile à saisir la personnalité des enfants : Jeune Garçon, Fillette (id.), Jeune Garçon (1627, Vienne, Akademie) et surtout Portrait des enfants de l'artiste (musées de Berlin), œuvres qui charment par leur grâce et leur spontanéité.

   Son frère Paul, ses beaux-frères Frans Snyders et Jan Wildens furent à l'époque plus célèbres que lui. Son influence fut presque nulle et, parmi les 7 élèves qu'on lui connaît, seul Simon de Vos devait avoir un certain renom.

 
Paul (Hulst 1595 – Anvers 1678) . Frère cadet de Cornelis, il fut inscrit à Anvers comme apprenti en 1604 chez Denis Van Hove, puis l'année suivante chez David Remeeus. Il a dû, à partir de 1611, entrer dans l'atelier de son beau-frère Snyders. En 1620, il fut reçu franc maître à Anvers. Peintre animalier du cercle de Rubens, il fut très célèbre en son temps et partagea son activité entre l'Espagne et les Flandres. Entre 1633 et 1640, il exécuta plusieurs commandes pour le duc d'Arschot et, à Madrid, devait participer à la décoration des châteaux de Buen Retiro et de la Torre de la Parada (11 tableaux d'animaux conservés au Prado). Ses œuvres, nombreuses (musée d'Anvers ; Bruxelles, M. R. B. A. ; Rotterdam, B. V. B. ; Louvre ; musée de Senlis ; Prado ; Stockholm, Nm ; Vienne, K. M.), sont d'un style résolument baroque. D'une facture rapide, plus nerveuse même que celle de Snyders, elles sont d'une qualité inégale, qui tient au fait que, souvent, elles étaient seulement destinées à l'ornementation de résidences. Parmi les plus belles, il faut citer la Chasse au cerf (Bruxelles, M. R. B. A.), la Chasse au daim et le Cerf harcelé par la meute (Prado) ainsi que les séries de l'Ermitage, qui réunissent les caractères essentiels de son art : composition pleine de vie, stylisation des formes et coloris harmonieux. Il faut également signaler un aspect original de la production de Paul de Vos : les tableaux d'armes et d'instruments d'astronomie et de musique, dont les musées de Vienne (K. M.), de Bruxelles (M. R. B. A.), de Munich (Alte Pin.) possèdent chacun un exemplaire. L'artiste collabora avec Jan Wildens et Lucas Van Uden, qui peignirent les fonds de paysage de certains de ses tableaux.

 
Simon (Anvers 1603 – id. 1676) . Élève de Cornelis de Vos et probablement de la même famille sans que l'on sache toutefois son degré de parenté, il fut maître à Anvers en 1620, puis entra dans l'atelier de Rubens, dont il devint l'un des collaborateurs. Artiste au talent précoce (la Madeleine pénitente, 1634, Brunswick), vif et souple, proche de Francken et de Van Dyck, Simon de Vos a peint des scènes de genre (la Diseuse de bonne aventure, 1639, musée d'Anvers ; les Œuvres de miséricorde, musée de Varsovie, Munich, Alte Pin., et Louvre), des portraits (Portrait d'homme, 1640 ; Portrait d'homme, 1645, Rotterdam, B. V. B.), des scènes mythologiques (Hommage à Vénus, musée de Karlsruhe), ainsi que des sujets religieux (la Mort de saint Paul, id. ; l'Adoration des mages, Anvers, musée de l'Assistance publique), directement dérivés de Rubens.

Vos (les de)

Famille de peintres flamands (actifs à Anvers aux XVIe et XVIIe s.).

Pieter I (Leyde 1490 – Anvers 1567) , doyen à Anvers en 1536, fut le père de Pieter II (Anvers ?– id. 1567 [ ?] ) , lui-même père de Willem (Anvers av. 1593 – id. apr. 1629). Pieter II fut le père de Maerten, ou Martin (Anvers 1532 – id. 1603) , qui fut le plus célèbre représentant de la dynastie des De Vos. Élève de son père, Pieter le Vieux, puis de Frans Floris à Anvers, Maerten de Vos se rendit en Italie en 1552, à Rome, Florence et surtout Venise, où il travailla dans l'atelier de Tintoret comme spécialiste de paysage si l'on en croit Ridolfi ; rentré à Anvers en 1556, il fut nommé doyen de la gilde des peintres en 1572 et fonda le confrérie des romanistes, regroupant les peintres qui avaient fait le voyage d'Italie. Peintre de portraits (Gillis Hoffman et sa femme, 1570, Rijksmuseum ; Portrait, Cologne, W. R. M. ; la Famille Panhuys avec Moïse présentant les tables de la Loi, 1575, Mauritshuis ; Antoine Anselme et sa famille, 1577, Bruxelles, M. R. B. A.), il traita surtout les thèmes religieux, historiques ou mythologiques. Élève de Floris, il fut le véritable continuateur de ce dernier et, après sa mort, le peintre le plus en vue de la ville. En 1594, il fut chargé d'ordonner la Joyeuse Entrée de l'archiduc Ernest d'Autriche à Anvers. Italianiste éclectique, souvent marqué par un réalisme populaire aux accents parfois vulgaires, il ajouta au grand style hérité de son maître un colorisme délicat, souvenir de son séjour dans l'atelier de Tintoret ; Saint Paul à Malte (Louvre) et Saint Paul à Éphèse (1567, Bruxelles, M. R. B. A.) réalisés pour la salle à manger du marchand anversois Hooftman, l'Incrédulité de saint Thomas (1573, musée d'Anvers), la Parenté de la Vierge (1585, musée de Gand ; 1593, musée de Valenciennes), l'Adoration des mages (1599, id.), Triptyque du denier de César (1601, musée d'Anvers), Triptyque de saint Luc peignant la Vierge (1602, id.). Citons aussi d'autres œuvres au musée (Triptyque du triomphe du Christ, la Tentation de saint Antoine, la Vie du bienheureux Conrad), à l'église Saint-Paul (Nativité et Purification), à l'église Saint-Jacques (Martyre de saint Jacques) et à la cathédrale (les Noces de Cana) de sa ville natale ainsi que les 6 importants panneaux du musée de Rouen retraçant l'Histoire d'Éliézer et de Rébecca. Excellent dessinateur, il a laissé plus de 500 dessins, vifs et très enlevés (Vienne, Albertina ; New York, Pierpont Morgan Library). Maerten fut le père de Daniel (Anvers 1568 – id. 1605) et de Maerten II (Anvers 1576 – id. 1613).