dada (suite)
Hanovre
Le mouvement Dada de Hanovre se limite à l'activité du seul Kurt Schwitters, à partir de 1918. Schwitters abandonne alors la peinture figurative pour élaborer sa technique originale consistant à assembler de vulgaires détritus selon des combinaisons d'une haute qualité plastique et poétique. L'initiative est toujours laissée au hasard, mais l'imagination harmonieuse et ingénue est bien propre à Schwitters. Celui-ci, du reste, ne se laisse pas annexer pleinement par Dada. Il donne à son mouvement le nom de " Merz " et poursuit une carrière autonome et personnelle, allant jusqu'à transformer sa maison en un gigantesque assemblage, le Merzbau.
Paris
Au mouvement Dada de Paris préside la rencontre d'avant-gardes locales et de transfuges des mouvements américain, zurichois et allemand (Picabia, Tzara, Ernst). L'impulsion décisive provient du groupe constitué autour de la revue Littérature, fondée par les futurs surréalistes. Lancé par l'arrivée de Picabia (1919), puis de Tzara (1920), culminant en 1920, relancé en 1921, le mouvement parisien va bientôt se scinder en deux tendances antagonistes : l'une, dominée par Tzara, reste fidèle à l'esprit de Zurich ; l'autre, sous la direction de Breton, annonce le Surréalisme par son exigence de sérieux et de méthode. Dada s'effondrera en 1922, mais quelques manifestations plastiques s'imposent auparavant à l'attention. Un essai de jonction avec la Section d'or échoue en 1920. La même année, les dadaïstes trouvent une galerie accueillante, Au Sans Pareil, qui expose, sans grand succès, Picabia puis Ribemont-Dessaignes. Plus importantes sont, au cours de la " grande saison dada de 1921 ", les expositions de Picabia et d'Ernst, venu à Paris, qui présente " peinto-peintures " et " fatagagas ". En juin 1922, un " Salon dada ", galerie Montaigne, réunit la plupart des protagonistes, à l'exception (il est vrai capitale) de Picabia et de Duchamp.
D'autres pays s'étaient laissé gagner par des ramifications secondaires, mal connues, souvent mêlées aux avant-gardes locales : en Hollande, Theo Van Doesburg, alias I. K. Bonset, mêle étroitement Dada et De Stijl ; en Roumanie, patrie de Tzara et de Janco, ce dernier se rapproche du Constructivisme ; en Italie, quelques futuristes se laissent séduire par Dada. L'épisode définitif ne se situe pas moins à Paris, lorsqu'au " Congrès de Paris ", organisé par Breton en 1922, Dada s'effondre sous la poussée du Surréalisme naissant. En considérant le mouvement Dada d'un point de vue surtout littéraire, on oublie souvent le rôle qu'y ont joué les artistes. Non seulement les noyaux dadaïstes de Cologne et de Hanovre furent presque purement plastiques, mais les promoteurs essentiels, Picabia et Duchamp, étaient des peintres. Surtout, l'expérience dadaïste a fortement contribué à infléchir l'inspiration d'artistes aussi importants qu'Ernst, Schwitters et Arp. Ceux-ci, au-delà de l'esprit de subversion qui faisait rejeter toute manifestation d'art par les dadaïstes orthodoxes, avaient trouvé dans l'effervescence d'idées suscitée par Dada une beauté nouvelle, une véritable poétique, dominée par les sollicitations du hasard et de l'inconscient, et promise à une riche fortune.