Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pacher (Michael)

Peintre allemand (Bruneck, v. 1435  – Salzbourg 1498).

À partir de 1467, il dirige un atelier de peinture et de sculpture à Bruneck. Il faut chercher ses origines stylistiques dans son pays natal : sa technique est celle du Maître de Saint Sigmund (identifié avec Jacob Sunter), et plus encore celle du Maître d'Uttenheim, vraisemblablement son parent, chez lequel il reçut sa première formation. C'est par l'intermédiaire du retable de Multscher à Sterzing (1456-1459), œuvre d'origine souabe, qui était alors la plus moderne dans son entourage, qu'il connaîtra les acquis de la peinture néerlandaise et de la Haute-Allemagne, ce qui exclut l'hypothèse d'un voyage dans la région du haut Rhin v. 1470. Ses œuvres de jeunesse sont le Couronnement de la Vierge (v. 1460, Munich, Alte Pin.) et la Vierge et l'Enfant (fragment d'une Fuite en Égypte, v. 1470, musée de Bâle). La datation du retable de l'église Saint-Laurent de Pustertal reste problématique ; les parties sculptées correspondent bien à la date de 1462, mais les volets, et en particulier la Légende de saint Laurent (Vienne, K.M. ; Munich, Alte Pin.), supposent la connaissance des fresques de Mantegna à la chapelle Ovetari de Padoue, ce qui permet de les dater v. 1482-1484. La première grande commande faite à Pacher, le Retable de Gries, près de Bozen (1471-v. 1475), doit se situer à cette époque, mais les volets ont disparu. C'est également en 1471 que Pacher passe un contrat avec l'abbé de Mondsee, Benedikt Eck, pour le Retable de saint Wolfgang, travail qui ne fut pourtant pas entrepris avant l'achèvement du Retable de Gries ni avant le premier séjour ( ?) de l'artiste en Italie. La fresque de la cathédrale d'Innichen révèle les débuts de l'influence italienne sur Pacher, influence qui se manifeste avec éclat dans le Retable de saint Wolfgang (1481). Le traitement des figures, la souveraine maîtrise de la perspective reflètent l'exemple de Mantegna et de Jacopo Bellini. Les 4 tableaux, de chaque côté de l'écrin richement sculpté, illustrent, selon l'iconographie traditionnelle, les scènes de la Vie de Marie. On voit, lors d'une première fermeture du retable, 8 scènes de la Vie du Christ ; quand le retable est complètement fermé, 4 scènes de la Légende de saint Wolfgang. Les peintures des volets extérieurs ont d'ailleurs été exécutées par Friedrich Pacher d'après les esquisses de Michael. Celui-ci reçut ensuite commande du Retable des Pères de l'Église de Neustift (av. 1483, auj. à Munich, Alte Pin.), qui présente sur 4 panneaux les Docteurs de l'Église et 4 scènes de la Légende de saint Wolfgang lorsque les volets sont fermés. C'est à cette époque que se situa le troisième voyage de Pacher en Italie ; l'artiste eut alors l'occasion de voir le maître-autel de Donatello au Campo Santo de Padoue, qui devait faire sur lui une vive impression, manifeste dans la prédelle consacrée aux scènes de la Vie de Thomas Becket, portant au revers les symboles des Évangélistes (musée de Graz). En 1484, il eut l'honneur de recevoir la commande d'un retable pour l'église paroissiale de Salzbourg (auj. église des Franciscains), ce qui l'obligea à résider dans cette ville. Les seuls vestiges authentiques de cet ensemble sont une Flagellation, le Mariage de la Vierge, un panneau représentant une Scène de la vie de Joseph en Égypte (tous à Vienne, Österr. Gal.). Ces peintures et un panneau représentant la Vierge entre saint Michel et un évêque (v. 1490, Londres, N. G.) sont les derniers témoins de l'œuvre de maturité de Pacher, dont l'art est la synthèse entre les traditions locales et les courants occidentaux et méridionaux. Cette situation, loin de faire de l'artiste un épigone de l'une ou l'autre tendance, favorisa au contraire l'épanouissement de sa personnalité. Pacher assimila toutes les influences étrangères tout en restant un maître gothique. Encouragé par les " hellénismes " de Mantegna, il ajouta dans le panneau de la Résurrection de Lazare de Saint-Wolfgang, où les assistants se bouchent le nez, le texte original grec correspondant : 'Ózεl (" ça pue ") [Jean, XI, 39].

Pacino di Bonaguida

Peintre et enlumineur italien (Florence, documenté de 1303 à 1330 environ).

Il est formé à Florence dans les années de transition entre les deux siècles, d'après les nouveaux modes apportés par Giotto, dont il donne, dans de très nombreux panneaux et miniatures, une version vulgarisée et souvent banale, inférieure, par exemple, à celle du Maître de la Santa Cecilia. La période la plus typique de sa production se situe parallèlement à l'activité de la première génération giottesque et, sous certains aspects, se rapproche, vers la fin, de celle des Taddeo Gaddi, Bernardo Daddi, Jacopo del Casentino. Inscrit à la corporation des Medici e Speziali entre 1327 et 1330, il fut certainement à la tête d'un vaste atelier de peinture et d'enluminure (M. S. 1466, Florence, Biblioteca Riccardiana ; Missel d'Or San Michele ; Codex de la Morgan Library, New York). Sa seule œuvre signée est le polyptyque (la Crucifixion et quatre Saints) de l'Accademia de Florence (1319).

Padovanino (Alessandro Varotari, dit)

Peintre italien (Padoue 1588  – Venise 1649).

Élève d'un disciple de Titien, Damiano Mazza, il est, dès sa prime jeunesse, sensible à la première manière de Titien, qu'il connut à la Scuola del Santo (Padoue), comme le dénote clairement une de ses premières œuvres : l'Incrédulité de saint Thomas (1610, Padoue, Santa Lucia), où, refusant l'influence académique des maniéristes tardifs, il revient à la période plus classique de la peinture vénitienne du XVIe s. En 1614, il est à Venise, qu'il quitte vite pour aller étudier à Rome les Bacchanales de Titien. À son retour définitif à Venise, vers 1620, il se fait le champion de la manière titianesque, ignore le maniérisme tardif et s'inspire systématiquement, et presque par contradiction, du chromatisme des maîtres vénitiens du XVIe s. On trouve un exemple caractéristique de cette orientation dans son tableau des Noces de Cana, peint pour la Scuola San Marco (1622, Venise, Accademia). L'attitude de Varotari fut cependant décisive pour le XVIIe s. vénitien, qui retrouva ainsi la palette du cinquecento.