Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Clérisseau (Charles Louis)

Architecte, dessinateur et peintre français (Paris 1721  – id. 1820).

Prix de Rome d'architecture en 1746, il fut pensionnaire de l'Académie de France à Rome en 1749 et resta presque vingt ans en Italie. Il fréquenta les voyageurs anglais, et notamment les frères Adam, dont il devint l'associé, voyagea en leur compagnie, à partir de 1757, en Dalmatie et à Venise. De retour à Rome en 1762, il se consacre à l'étude des monuments antiques et peint, surtout pour les étrangers qui visitent la ville, un grand nombre de tableaux et de gouaches à sujets d'architecture. Le cardinal Albani, à qui l'a recommandé Winckelmann, lui confie le décor d'une salle de sa villa (1764). Clérisseau quitte Rome en 1767 pour regagner Paris, dessine au passage les monuments antiques de Provence. C'est comme " peintre d'architecture " que l'Académie le reçoit en 1769. Appelé à Londres par Robert Adam en 1771, il y reste plusieurs années et expose à la Royal Academy. De nouveau à Paris en 1775, il obtient diverses commandes de décors d'intérieurs ; en 1778 paraît son recueil de gravures des Antiquités de la France. Catherine II l'appelle alors à Saint-Pétersbourg ; Clérisseau exécute pour elle différents projets de décors et devient son premier architecte. Rentré à Paris en 1782, il se tiendra à l'écart pendant la Révolution. Plus tard, en 1806, paraîtra une seconde édition, augmentée, de ses Antiquités de la France.

   Le peintre reste célèbre pour ses vues à la gouache de monuments antiques, souvent " caprices " architecturaux, où il arrive que les personnages, au début de sa carrière, soient l'œuvre de A. Zucchi. Des gouaches et des dessins de Clérisseau se trouvent au Louvre, aux musées d'Orléans et de Rouen ; ils sont nombreux à Saint-Pétersbourg (Ermitage ; plus de 1 100 dessins acquis par Catherine II, dont une sélection a été exposée au Louvre en 1995) et en Angleterre : à Londres (British Museum, Soane Museum, V. A. M.) ainsi qu'au Fitzwilliam Museum de Cambridge.

Cleve (les Van)

Peintres flamands.

 
Joos (Clèves [ ? ] v.  1484  – Anvers 1540-41). On l'a identifié avec le Maître de la Mort de Marie, ainsi appelé à cause de 2 retables (œuvres de ses débuts) représentant ce sujet et conservés à Munich (Alte Pin.) et à Cologne (W. R. M.). Il est franc maître à Anvers en 1511 et doyen de la gilde de Saint-Luc en 1519 et 1525. Il aurait habité Bruges avant de venir à Anvers ; il a subi, en tout cas, l'influence de Memling (la Vierge et l'Enfant adorés par saint Bernard, Louvre) et de Gérard David (le Repos pendant la fuite en Égypte, Bruxelles, M. R. B. A. ; la Mort de la Vierge, Munich, Alte Pin.). Il n'est pas certain qu'il ait séjourné en Italie, où cependant se trouvent plusieurs de ses œuvres (églises et musées de Gênes notamment). Au reste, certains de ses tableaux révèlent une influence italienne très marquée. Ainsi, le Retable de saint François (Louvre), exécuté v. 1530-1535, évoque à la fois l'art de Léonard et celui de Gaudenzio Ferrari. On sait qu'il fut appelé à la cour de France v. 1530 pour exécuter des portraits de François Ier (Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson) et de sa seconde femme, Éléonore de France (Vienne, K. M.), et qu'il fit à Londres, en 1536, le Portrait d'Henri VIII (Hampton Court). Il est l'un des meilleurs portraitistes du temps, et le naturel plein de distinction de ses figures (Autoportrait, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza ; Femme au rosaire, Offices ; Portraits d'hommes, musée de Lyon et Louvre) fait parfois de lui l'égal de Holbein.

   On doit à Joos Van Cleve des tableaux religieux, retables, polyptyques ou panneaux isolés (musées de Berlin, de Bruxelles, de Detroit, de Dresde, de Munich, de Philadelphie, de Prague, Metropolitan Museum). L'artiste fut copié par les élèves de son atelier anversois.

 
Cornelis (Anvers 1520 – id. 1567). Fils de Joos, il vit dans l'aisance lorsqu'il part pour Londres en 1554 afin de présenter quelques-unes de ses œuvres au roi Philippe II d'Espagne, qui s'y était marié avec Marie Tudor. Antonio Moro, peintre officiel du roi, se charge de recommander l'artiste au souverain, mais ne parvient pas à le faire accepter. Van Cleve, se croyant lâchement trompé par son protecteur, conçut à son égard un vif sentiment de haine. Ruiné et sans espoir, il perd la raison à l'âge de trente-six ans. Il sera surnommé " Sotte Cleef " (Cleve le fou). On le renvoie dans sa patrie en 1560. C'est à l'historien d'art Friedländer que revient le mérite d'avoir pu l'identifier avec le Pseudo-Lombard. Les œuvres les plus importantes de l'artiste se trouvent à la Gg de Dresde (Adoration des bergers), à Anvers (Adoration des mages), à Saint-Pétersbourg (Adoration des mages), à Cologne (Portrait de femme) et à Hampton Court (Adoration des bergers). Il a peint plusieurs compositions avec la Vierge et l'Enfant (musées de Bruges, de Berlin, de Munich, de Philadelphie, église Saint-Jacques à Anvers). Son style s'inscrit dans la tradition flamande, mais, inspiré par l'exemple de son père, de P. Coecke, de F. Floris et d'A. Moro, Cornelis Van Cleve s'est laissé influencer par Raphaël, Léonard de Vinci et Andrea del Sarto.

cliché-verre

Procédé des arts graphiques inventé par Grandguillaume et Adalbert Cuvelier, et pratiqué presque exclusivement par Corot, Rousseau, les artistes de Barbizon, puis, plus tard, par Man Ray. Une plaque de verre étant couverte de collodion, l'artiste enlève le trait à la pointe ; il peut aussi poser la couche protectrice au pinceau pour obtenir plus ou moins de transparence. On tire ensuite des épreuves sur papier photographique.

clivage

Séparation qui se produit entre deux couches superposées d'une peinture. Cette perte d'adhérence (entre la couche d'impression et la couche picturale, ou entre la couche picturale et la couche protectrice) est provoquée par différents facteurs : altération des éléments constitutifs de la matière picturale, dilatation et contraction du support, contraction des vernis. Un clivage local se manifeste sous forme de cloque ; un clivage largement répandu provoque un écaillage généralisé.