Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

Beardsley (Aubrey)

Dessinateur et affichiste britannique (Brighton 1872  – Menton 1898).

Il ne reçut pratiquement pas de formation académique et, très vite, fit preuve d'un style fortement individualisé quoique très éclectique. Dans sa première commande, l'illustration de la Mort d'Arthur (1893), l'influence de Burne-Jones apparaît de façon évidente, mais l'illustration de la Salomé de Wilde (1894) révèle son intérêt pour les effets décoratifs sans reliefs, empruntés à l'art japonais et à l'art grec, rendus au moyen d'un trait fortement stylisé et de larges surfaces noires et blanches. Éditeur d'art du célèbre Yellow Book (1894), il participa au climat décadent et " fin de siècle ", ce qui amena son injuste licenciement après le procès d'Oscar Wilde. Pendant les dernières années de sa courte carrière, son dessin se fit de plus en plus compliqué, sous l'influence rococo, comme en témoigne The Rape of the Lock de Pope (1896). Son art, profondément original, reçut un large accueil international et influença de façon décisive l'Art nouveau.

Beaubrun (les)

Famille de portraitistes français du XVIIe s.

 
Les mieux connus sont les cousins Henri (Amboise 1603 – Paris 1677) et Charles (Amboise 1604 – Paris 1692) , qui travaillèrent en collaboration à Paris entre 1630 et 1675 env. Peintres du roi, ils exécutèrent de nombreux portraits officiels. On conserve d'eux quelques tableaux à Versailles (la Reine Marie-Thérèse, Louise Ollier de Nointel et au Prado (Anne d'Autriche ; la Grande Mademoiselle, 1655 ; le Grand Dauphin, 1663), ainsi que plusieurs gravures d'après des portraits perdus. Leur style assez raide et leur facture menue se rattachent à la tradition des portraits dessinés du XVIe s. avec une note légèrement solennelle qui leur vient sans doute de F. Pourbus le Jeune.

Beaudin (André)

Peintre français (Mennecy, Essonne, 1895  – Paris 1979).

Élève de l'école des Arts décoratifs à Paris de 1911 à 1915, il rencontre en 1922 Juan Gris, qui l'initie à la méthode du Cubisme. Celle-ci donne le sens de la mesure à sa sensibilité poétique. Il fait sa première exposition particulière en 1923 à la gal. Percier et participe en 1934 à l'exposition Minotaure à Bruxelles. Une volonté de rigueur n'a cessé de marquer le tracé linéaire aigu dans lequel Beaudin enferme les plans lumineux de compositions rythmiques inspirées par les sujets les plus divers : mains détachées, chevaux, oiseaux, paysages urbains ou champêtres, corps et visages féminins et enfin l'air et l'eau (les Oiseaux blancs, 1933, Paris, M. N. A. M. ; le Poids de l'eau, 1954, id. ; l'Air de l'eau, 1965).

   L'œuvre de Beaudin n'est pas sans présenter certaines similitudes, dans sa première partie, avec celle d'André Masson, qu'il fréquenta intimement à ses débuts, et plus tard avec celle de Jacques Villon, par un commun souci d'ordre géométrique et d'expression picturale pure (Course première, 1952, Paris, M. N. A. M.). Il illustre en 1936 les Bucoliques de Virgile (eaux-fortes). Ami des poètes Eluard, Hugnet, Ponge, Frénaud, Limbour, il était naturellement disposé à devenir leur illustrateur (à l'eau-forte à partir de 1945), mais il a sans doute trouvé ses plus délicates correspondances dans les lithographies en couleur pour la Sylvie de Gérard de Nerval (1960). Beaudin a pratiqué également la sculpture depuis 1930 et exécuté des cartons de tapisserie (Arc-en-ciel, 1970). Il est représenté au M. N. A. M. de Paris (l'Œuf à la coque, 1923 ; Miroir, 1929 ; Portes et fenêtres, 1950 : la Fenêtre de Sylvie, 1967), dans les musées de Grenoble, de Luxembourg, de Stockholm (Moderna Museet : les Chevaux du Soleil, 1953), et dans des collections particulières. Une importante exposition lui a été consacrée (Paris, Grand Palais) en 1970.

Beaumetz (Jean de)

Peintre franco-flamand (Artois, connu de 1361 à 1396).

Après avoir travaillé en Artois, puis à Paris, il devient, de 1375 à sa mort, peintre en titre de Philippe le Hardi à Dijon. Il décore les châteaux ducaux et l'église de la chartreuse de Champmol, puis peint des retables pour Champmol et, avec la collaboration de son atelier, entre 1390 et 1395, 26 tableaux pour les cellules des chartreux. Il n'est connu que par deux de ces tableaux, deux Calvaires avec un donateur chartreux (Louvre et musée de Cleveland). Par son attachement aux souvenirs siennois, mêlés d'élégance parisienne et de mysticisme flamand, Beaumetz se montre un des derniers interprètes de l'esthétique aristocratique et traditionnelle du XIVe s.

Beaumont (Claudio Francesco)

Peintre italien (Turin 1694  – id. 1766).

Après un séjour à Bologne (1716), il se rend à Rome, où il réside jusqu'en 1719 puis de 1723 à 1731, période pendant laquelle il travaille sous la direction de F. Trevisani, qui eut une grande influence sur lui. Il reçoit alors plusieurs commandes pour le Palais royal de Turin (en particulier celle d'un plafond avec l'Aurore, qu'il expédia de Rome). Recommandé par Trevisani, Beaumont est admis, comme il l'avait déjà été lors de son premier séjour, dans le cercle des pensionnaires de l'Académie de France à Rome. Des documents révèlent son intense activité à cette époque (travaux au château de Rivoli et au Palais royal de Turin). Collaborateur de l'architecte Juvara, il fait preuve comme lui de virtuosité et d'habileté, mais adopte davantage le style rococo de l'Académie romaine, en faveur dans l'entourage du cardinal Ottoboni. Rappelé par le roi à Turin en 1730, il y effectue différentes décorations, en particulier les toiles pour la basilique de Superga (près de Turin). Ces tableaux sont marqués par le goût de Maratta et par des réminiscences de Giacinto Brandi. Sebastiano Conca et Trevisani. En 1731, le roi lui commande la décoration de son bureau et de son cabinet de toilette (les toiles de l'oratoire attenant sont l'œuvre de Carle Van Loo). En 1736, après les premières manifestations du " style rocaille ", Beaumont fournit des cartons pour des tapisseries. Il accentue l'intensité de ses coloris. Le plafond avec le Jugement de Pâris, situé au-dessus des laques et des corniches réalisées par Juvara dans le cabinet chinois du Palais royal, date de 1737 et rappelle encore la manière de Trevisani. Les fresques de la Grande Galerie (ou Armurerie royale), peintes à la même époque (1737), révèlent au contraire les influences du Napolitain Solimena et des Vénitiens Ricci et Pittoni. Durant cette période, Beaumont travailla également dans de nombreuses églises piémontaises.