Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Andrea da Salerno (Andrea Sabatini, dit)

Peintre italien (Salerne v. 1480  – Gaete v.  1530-1531).

Actif surtout à Salerne et dans ses environs, il fut, dans l'Italie méridionale, l'artiste le plus sensible à la peinture de Raphaël. À ses débuts, il subit l'influence de Cristoforo Scacco et de Cesare da Sesto ainsi que celle d'un peintre lombard actif à Naples et que l'on désigne sous le nom de " Pseudo Bramantino ". Mais la connaissance de l'œuvre de Raphaël, v. 1510, reste fondamentale dans l'acquisition de ses caractères essentiels. Peintre d'inspiration limitée, il reste toujours partagé entre les tendances les plus variées, y compris les influences ombriennes (dérivées de Pinturicchio) et ibériques. Ses œuvres, des retables religieux pour la plupart, sont conservées à Naples (Capodimonte), au musée diocésain de Salerne ainsi qu'à l'abbaye du Mont-Cassin et dans de nombreuses églises de Campanie.

Andreescu (Ion)

Peintre roumain (Bucarest 1850  – id. 1882).

Il fit ses études à l'École des beaux-arts de Bucarest avec Aman (1869-1872). Professeur de dessin à Buzau (1872-1878), il se rendit en 1879 à Paris, où il travailla à l'Académie Julian, puis à Barbizon, et exposa en 1879, 1880 et 1881 au Salon. Rentré à Bucarest en 1882, il présenta 60 tableaux dans son unique exposition particulière. La tuberculose l'emporta la même année. Andreesco est le premier disciple de Grigoresco. Ses paysages, qui évoquent la campagne roumaine, sont construits selon trois zones : le ciel, qui couvre plus de la moitié de la toile, la végétation humanisée, qui borde l'horizon, et la terre, qui occupe le premier plan. Le contraste entre le ciel, aux couleurs transparentes, et les tons sombres des terrains crée une tension dramatique propre à l'art d'Andreesco. Développant la puissance constructive de la couleur, il peint d'abord des paysages aux tons francs et fermes. Sa technique se modifie, devenant au cours des années plus limpide et diffuse.

   L'un de ses chefs-d'œuvre est l'Hiver à Barbizon, mélancolique symphonie de blanc, de gris-bleu et de gris-vert filtrée dans la douce lumière du soir. La peinture d'Andreesco, méditation profonde devant la nature et la vie, ouvre un chapitre nouveau dans la peinture roumaine par sa résonance humaine et l'intensité de sa vie intérieure. La plupart des tableaux d'Andreesco se trouvent à Bucarest (musée d'Art et musée Zambaccian).

Andrews (Michael)

Peintre britannique (Norwich 1928-1995).

De 1949 à 1953, il étudie à la Slade School à Londres, où il participe à deux films de Lorenza Mazzetti. Son travail montre très tôt l'influence de Coldstream, de la Euston Road School et de Francis Bacon. Ses deux œuvres présentées pour le diplôme de Slade sont remarquées, A Man Who Suddenly Fell Over est acheté par la Tate Gal. La même année 1958, Beaux-Arts Gal. (Londres) organise sa première exposition personnelle. Il enseigne ensuite dans diverses écoles d'art, dont la Slade School de 1963 à 1966.

   Il est l'un des protagonistes de l'école de Londres avec Francis Bacon, Lucien Freud, Frank Auerbach et Léon Kossoff, qui sont restés étrangers aux mouvements internationaux et ont perpétué la figuration. En dépit de leur diversité stylistique, ils ont en commun la volonté de peindre l'homme et son contexte. La réputation de Michael Andrews repose sur un petit nombre d'œuvres : il travaille lentement. Il choisit pour modèle ses amis et sa famille dans des situations quotidiennes (The Colony Room I, 1962, Colin St John Wilson). De 1983 à 1986, il délaisse la figure humaine pour peindre une série du Ayers Rock (The Cathedral, North-East Face, 1985, Londres, Saatchi Coll.).

Angelico (Guidolino Di Pietro, en religion Fra Giovanni da Fiesole, dit Fra)

Peintre italien (Vicchio di Mugello ? v.  1395-1400 – Rome 1455).

Les documents récemment découverts ne permettent plus de considérer l'année 1387 comme celle de sa naissance, qui doit être beaucoup plus tardive. Le 31 octobre 1417, le peintre s'inscrivait encore comme laïque à la compagnie de S. Niccolò, à l'église du Carmine de Florence ; de même, les paiements pour un panneau, auj. perdu, exécuté pour la chapelle Ghierardini à S. Stefano al Ponte le mentionnent de la même manière en 1418. En revanche, un autre paiement de l'hôpital S. Maria Nuova pour " la peinture d'une croix " le nomme en 1423 " frère Giovanni des frères de San Domenico de Fiesole ". Vasari est le premier à l'appeler Fra Giovanni Angelico, confirmant la fortune d'un adjectif employé auparavant par Fra Domenico da Corella et Landino. Il serait puéril d'imaginer ce peintre comme humble frère reclus, car son activité artistique eut bien vite un très large retentissement. Il suffit de rappeler qu'en 1438 une lettre de Domenico Veneziano cite comme peintres importants de Florence les seuls Filippo Lippi et Fra Angelico, et la décoration de la chapelle Majeure de Saint-Pierre de Rome fut confiée à ce dernier. Sa condition de religieux ne l'empêcha pas d'accueillir les nouveautés de la Renaissance ; au contraire, fort en avance sur Lippi lui-même et sur Paolo Uccello, il fut le premier à comprendre la portée de la nouvelle conception architectonique de Brunelleschi et de la révolution picturale de Masaccio, même s'il les interpréta comme un retour à la simplicité et à la pureté de l'Antiquité et des débuts du christianisme. Au siècle dernier, en prenant comme point de départ une interprétation de Vasari qui s'alignait surtout sur les préceptes de la Contre-Réforme, on insistait sur les caractères édifiants et dévots de la peinture d'Angelico, et sur des œuvres comme les reliquaires peints pour Fra Giovanni Masi (Florence, museo di San Marco, et Boston, Gardner Museum) ; aujourd'hui, on préfère mettre en évidence ses liens avec la première Renaissance, son effort novateur et l'influence initiale de Masaccio, qui se manifeste sans exception dans ses premières œuvres.

La première période

Longhi, à propos de l'activité de jeunesse du peintre, considère d'une manière convaincante qu'après les manifestations d'une première influence de Masaccio dans quelques peintures comme le Saint Jérôme (Princeton, musée de l'Université), sans doute exécuté en 1424, on doit passer à des œuvres telles que le retable de S. Domenico à Fiesole (prédelle à Londres, N. G.), qui, en 1425 ou peu après, révèle une orientation vers la manière de Gentile da Fabriano, pour arriver, toujours av. 1430, à la période le plus fortement inspirée par Masaccio. C'est le moment où Angelico peint des petits panneaux tels que l'Imposition du nom à saint Jean-Baptiste (Florence, museo di San Marco), Saint Jacques et Ermogène (Fort Worth, Kimbell Art Museum), Nativité du Christ et Agonie au jardin (Forlí, Pin.), Conversion de saint Augustin (musée de Cherbourg). Dans ces œuvres, les formes et l'espace rappellent clairement le Tribut, Adam et Ève chassés du paradis terrestre ou la Résurrection du fils de Théophile, fresques de Masaccio dans la chapelle Brancacci (Florence, église du Carmine).

La période de 1430-1445

L'aboutissement magistral de ces recherches est sans doute le Couronnement de la Vierge du Louvre, exécuté certainement av. 1435 et placé sur l'un des trois autels de l'église S. Domenico à Fiesole (des deux autres, antérieurs, l'un, la Vierge et l'Enfant avec des saints, est resté dans l'église, sauf la prédelle qui est à la N. G. de Londres, l'autre, le Retable de l'Annonciation est au Prado). La maîtrise de la perspective y est impressionnante, et le rythme des figures dans l'espace, senties déjà comme des volumes, est d'une justesse telle qu'on peut imaginer la fascination qu'une œuvre comme celle-ci dut exercer sur Domenico Veneziano et Piero della Francesca. En comparaison, le grand Tabernacle des Linaioli (1433, Florence, museo di San Marco) marque un affaiblissement de cette extraordinaire acuité spatiale : ces anges musiciens s'impriment sur le fond d'or presque à la manière d'un décor floral, et l'espace des petites scènes de la prédelle est moins homogène. Nous sommes en définitive au moment de crise de la Renaissance qui suit la mort de Masaccio, lorsque le reflux de la culture gothique domine encore le milieu artistique florentin. À côté du Tabernacle des Linaioli, il faut placer la très belle Annonciation du musée diocésain de Cortone, le Retable du couvent d'Annalena (Florence, museo di San Marco), le Couronnement des Offices, la fameuse Déposition (1436-1440) de Florence (museo di San Marco) et la Vierge trônant (id.), dans laquelle le retour à Lorenzo Monaco est si net que beaucoup de critiques la considèrent comme une des premières œuvres d'Angelico v. 1420. Un document permet de dater de 1436 la Lamentation sur le corps du Christ du museo di San Marco, nouvel exemple de la dévotion du peintre qui prélude à la décoration à fresque, plus banale, du couvent de San Marco, entre 1438 et 1445. De cette période, le chef-d'œuvre (précédé seulement de quelques années par le polyptyque de la G. N. de Pérouse, peint, semble-t-il, en 1437 et dont l'admirable prédelle se trouve au Vatican) est le retable commandé par Cosme et Laurent de Médicis pour le maître-autel de l'église du couvent de San Marco, peint v. 1440 ou peu après ; il se trouve auj. dans le musée attenant, à l'exception de la plupart des panneaux de la prédelle (Histoire des saints Cosme et Damien), partagés entre le Louvre et Munich (Alte Pin.).

   Dans cette œuvre, une transparence extraordinaire des formes, même lorsqu'elles sont dans l'ombre, paraît refléter l'influence de D. Veneziano, présent à Florence à partir de 1439.