Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Appian (Adolphe)

Peintre et graveur français (Lyon 1819  – id. 1898).

Il est élève de Grabon et Thierrat à l'école des Beaux-Arts de Lyon. Dans ses paysages, souvent liés à l'eau, il recherche des effets de lumière par temps brumeux ou pluvieux. Ces derniers montrent l'influence de ses maîtres, Corot et Daubigny (rencontrés chez Ravier à Cremieu), malgré un coloris souvent métallique. En 1870, à la faveur d'un séjour sur les côtes méditerranéennes, Appian se découvre une vocation tardive de mariniste : c'est là, en vertu d'une palette plus chaleureuse, le meilleur de sa production. Appian est aussi un graveur pré-impressionniste. Il est représenté au musée de Lyon et dans plusieurs autres musées de province (Bourges, Dijon, Montpellier).

Appiani (Andrea)

Peintre italien (Milan 1754  – id. 1817).

Il étudie à Milan sous la direction de différents maîtres ; de cette formation, il conservera une finesse d'exécution qui adoucit la froideur néo-classique de ses œuvres (Histoires d'Amour et Psyché, 1789, Monza, Villa royale). Lié au cercle de l'architecte Piermarini, il effectue des études préalables à la manière de Léonard de Vinci, qui témoignent du classicisme d'esprit néo-grec vers lequel il tend. Dans les fresques de la coupole de S. Celso à Milan (1792), il se souvient de Corrège et de Dominiquin. Même après 1796, lorsque Appiani subit l'influence de David et qu'il reçoit des charges et des commandes de portraits officiels (en 1805, il est nommé " premier peintre " de Napoléon Ier), sa peinture conserve la même fluidité de facture : Jacob et Rachel (1795-1805 env.), Portrait de Vincenzo Monti (1805, Rome, G. A. M.), Apollon et Daphné (1811, Brera). Au cours de cette période, le style de ses œuvres les plus importantes s'infléchit vers l'héroïsme tout en révélant un sens aigu de la réalité contemporaine : frise monochrome des Fastes napoléoniens (1803-1807, Milan, Palais royal, salle des Cariatides, détruite en 1943).

   Appiani fut apprécié par ses contemporains, tant pour ses peintures commémoratives et allégoriques (Apothéose de Napoléon Ier, 1808) que pour ses portraits (exemples à Versailles : portraits du Général Louis-Charles-Antoine Desaix et de Madame Regnaud de Saint-Jean-d'Angély).

apprêt

La couche d'apprêt, solution très diluée de colle, est appliquée sur le support de toile ou de bois afin de réduire son pouvoir absorbant et sa porosité et afin d'augmenter l'adhérence des enduits de préparation et celle de la peinture.

   Cet encollage, ou couche d'apprêt, qui isole les fibres de la toile de l'action néfaste de l'huile, est donc particulièrement recommandé. On utilise pour ce faire de la colle de peau ou de la colle de caséine auxquelles on ajoute un désinfectant acide pour éviter qu'elles ne se putréfient. La colle de caséine convient mieux aux panneaux anciens, que l'on encolle avec soin sur les deux faces.

appui-main

Baguette en bois léger se terminant par une petite boule revêtue de peau ou d'un chiffon, sur laquelle les peintres appuient la main qui tient le pinceau.

Apt (Ulrich) , dit l'Ancien
ou Ulrich Abt, dit l'Ancien

Peintre allemand (Augsbourg [?] v.  1455/1460  – id. 1532).

Il est connu à Augsbourg, par des documents, de 1481 à 1531. Auteur de nombreux retables exécutés à Augsbourg ou dans les environs (Martyre de sainte Afra, v. 1496, chapelle Sainte-Afra [Lechfeld] ; retable de la chapelle du Fronhof, 1512 ; retable de Rehlingen, Crucifixion, 1517, musée d'Augsbourg), il est l'artiste le plus marquant du groupe dit " flamingant " de l'école d'Augsbourg. L'Adoration des mages, volet provenant du retable de l'église Sainte-Croix d'Augsbourg (v. 1510, Louvre) est caractéristique de son style réaliste, où l'accent est mis sur le volume des personnages, et de sa technique haute en couleur. Le second volet, une Adoration de l'Enfant, est conservé à Karlsruhe. On attribue également à l'artiste deux portraits : Portrait d'homme (Vaduz, coll. Liechtenstein) et Portrait d'un couple (1512, Metropolitan Museum).

 
Ulrich Apt eut trois fils : Jacob († 1518) , Ulrich le Jeune (mentionné entre 1512 et 1520) et Michael (mentionné à Augsbourg entre 1520 et 1527) , qui ont dû largement participer à l'élaboration, notamment, du retable de Rehlingen et de celui de l'Université (v. 1512-13, Munich, Alte Pin.).

aquarelle

Peinture à la détrempe dans laquelle les couleurs, solubles dans l'eau additionnée de gomme arabique ou d'une substance chimique en tenant lieu, sont appliquées sur un support de papier ou de carton.

   À la différence des couleurs de la gouache, qui sont opaques, celles de l'aquarelle sont transparentes ; étendues à l'aide d'un gros pinceau à poils souples, les couleurs très délayées constituent des fonds clairs, laissant transparaître le blanc du papier, qui joue ainsi le rôle d'une véritable couleur. Les tons généraux posés, on peut rehausser les détails en utilisant un pinceau effilé, chargé de couleurs moins détrempées.

Des origines au XVIIIe s

Connue des Égyptiens dès le IIe s. av. J.-C., la technique de l'aquarelle fut utilisée au Moyen Âge dans les enluminures et pour le coloriage des premiers livres à gravure. Cennini emploie ce terme pour désigner la peinture à l'eau, et plus spécialement les encres obtenues par la macération des plantes et des minéraux.

   Détrônée par la peinture à la caséine et la peinture à l'huile, l'aquarelle connaîtra une longue éclipse jusqu'à la réhabilitation de la peinture à l'eau au XVIIIe s. Cependant, Dürer l'utilise en lavis pour les études de paysages exécutées durant son voyage à travers les Alpes et l'Italie en 1490, puis pour représenter dans leurs plus petits détails fleurs et oiseaux (Albertina). Particulièrement adaptée aux notations précises, l'aquarelle est également employée au XVIe s. pour les portraits en miniature, par Holbein notamment, et les planches naturalistes, comme celles de Gaston d'Orléans. Au XVIIe s., peintres de fleurs et paysagistes flamands (Avercamp, Cuyp, Van Goyen, Van Ostade) traduisent quelquefois par l'aquarelle leur observation minutieuse ; sur un mode plus souple, Rubens et Jordaens ponctuent parfois leurs dessins de touches aquarellées.

Le XVIIIe s

En France, le retour à une expression plus spontanée de la nature et le renouveau du prestige de Rubens s'accompagnent, au début du XVIIIe s., de quelques tentatives, comme celles d'Oudry, par exemple. Cependant, ni Watteau, ni Chardin, ni Boucher ne pratiqueront l'aquarelle. Le vocable lui-même n'est pas encore bien défini ; il ne se distingue de la détrempe que v. 1760, et Diderot emploie indifféremment les termes de gouache et d'aquarelle. La multiplication des petits paysages des " védutistes " vénitiens favorise peu à peu le renouveau de la peinture à l'eau ; Durameau, Fragonard, Hubert Robert, qui l'ont vue pratiquée lors de leurs voyages, rapportent d'Italie des paysages exécutés à l'aquarelle. Et c'est seulement sous Louis XVI que les aquarellistes sont acceptés au sein de l'Académie. Gabriel de Saint-Aubin, Lespinasse, Lallemand, Watteau de Lille, dans leurs scènes de genre, Louis-Gabriel Moreau, dans ses paysages de plein air, utilisent fréquemment cette technique, souvent liée à la plume.

Le XIXe s

Au XIXe s., l'aquarelle devient une expression particulièrement britannique ; la Royal Water Color Society est fondée à Londres en 1804. Dans les trois premières décennies du siècle, Sandby, Bonington, Constable, Turner et les frères Fielding lui confèrent une dimension nouvelle. Turner et surtout le peintre américain Whistler modifient le procédé en mouillant préalablement le support. Les œuvres anglaises et les contacts personnels (notamment avec Bonington) exercent, dès 1820-1825, une influence déterminante sur les romantiques français, dont la sensibilité s'accommode particulièrement de la liberté et de la rapidité de la touche. Géricault exprime par l'aquarelle une attention plus directe portée au réel dans ses marchés aux chevaux et ses paysages d'atmosphère. Delacroix, qui adopte souvent cette technique pour ses études, peint une série de paysages à l'abbaye de Valmont en 1829 et en 1831, et lui doit ses plus dynamiques études de chevaux. De son voyage en Auvergne et en Provence, Paul Huet a rapporté des aquarelles, qu'il utilise pour ses tableaux de composition, comme Théodore Rousseau au retour de ses voyages en Auvergne, en Normandie, en Vendée ; tous deux travaillent beaucoup à l'aquarelle dans les environs de Fontainebleau. Si elles étaient exécutées en plein air, ces réalisations ne constituaient encore que des pochades, que l'on reprenait en atelier. Delaroche, Devéria, Charlet, Meissonier, Decamps s'exercèrent aussi à la peinture à l'eau.