Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hey (Jean)
ou Jean Hay

Peintre d'origine néerlandaise travaillant en France (fin du XVe s.).

Il est connu par un seul tableau, peint en France, qui porte au revers son nom et la date de 1494 (Ecce homo, Bruxelles, M. R. B. A.), et par une mention du poète Lemaire de Belges, qui atteste sa célébrité. Son style révèle l'influence des œuvres de maturité de Van der Goes, tempérée d'un équilibre classique acquis vraisemblablement en France au contact de la tradition de Fouquet. Ces caractères, d'incontestables ressemblances de dessin et la personnalité du donateur, Jean Cueillette, trésorier du duc de Bourbon, à Moulins, rendent pratiquement sûre l'identification de Jean Hey avec le Maître de Moulins (voir MAÎTRE DE MOULINS).

Heyboer (Anton)

Artiste néerlandais (Sabang, Indonésie, 1924-Den Ilp, Pays-Bas, 2005).

Cet artiste autodidacte, pour qui le geste du créateur est indissociable de la pratique de la vie, habite depuis 1961 dans une communauté isolée située au nord de la banlieue d'Amsterdam, dans une baraque-atelier en compagnie de plusieurs jeunes femmes. Ce lieu, Den Ilp, ouvert sur la nature, rebaptisé en 1973 par Heyboer Malone Town, est l'aboutissement d'une réflexion philosophique empirique commencée après la Seconde Guerre mondiale, issue d'une volonté de déconstruction de l'ordre établi, tant sur le plan social que culturel. Ayant commencé à travailler la gravure en 1952, Heyboer a élaboré un système chiffré dans un espace graphique symbolique capable d'illustrer tous les aspects de sa pensée. Dans des estampes, eaux-fortes, collages, dessins, peintures, photographies, l'artiste construit des graphiques avec des graffitis géométriques — cercles, triangles, damiers — associés à des idéogrammes et des formes étoilées, avec un système chiffré de 1 à 7 (1 signifiant Heyboer lui-même, 2 le père et la société, etc.). Des figures humaines, de plus en plus stylisées à partir des années 1950, sortes de momies allongées liées au souvenir de sa déportation en Allemagne en 1943, prennent place dans ces diagrammes souvent commentés par des écritures dans un langage américain phonétique. Présent dans de nombreuses manifestations internationales (Documenta, Kassel, 1959, 1964 ; Biennale de Venise, 1960), Heyboer a fait l'objet de plusieurs expositions personnelles (1980, Institut néerlandais, Paris ; 1958, 1968 et 1975-76, Stedelijk Museum, Amsterdam ; ce musée possède une importante coll. d'œuvres de l'artiste).

Heyden (Jan Van der)
ou Jan Van der Heyde

Peintre et graveur néerlandais (Gorinchem 1637  – Amsterdam 1712).

Établi en 1650 à Amsterdam, Van der Heyden fut un spécialiste de paysages urbains, qu'il rendit d'une façon plus minutieuse encore que G. Berckheyde ; il décrivit avec prédilection la ville d'Amsterdam, faisant preuve d'une précision et d'une délicatesse remarquables, traduisant aussi bien la poésie d'un mur de brique, la fluidité de l'atmosphère, les jeux de lumière que le frémissement des feuillages ou la netteté des architectures se reflétant sur l'eau des canaux paisibles ; citons le Dam, la Martelaarsgracht (Rijksmuseum), la Westerkerk (Londres, Wallace Coll. et N. G.), le Herengracht, l'Hôtel de ville (1688, Louvre), le Gracht (musée de Karlsruhe). Cet art soigneux et net, quoique nuancé par un très fin sentiment de la lumière, trahit l'activité d'ingénieur de Van der Heyden ; en effet, dès 1668, il s'intéressa aux problèmes de l'éclairage public et fit paraître un ouvrage sur les pompes à incendie à boyaux, dont il grava les planches (dessins préparatoires au cabinet des Estampes du Rijksmuseum), au reste, c'est pour cette activité d'ingénieur plus que pour sa peinture qu'il fut célèbre en son temps. Il ne faudrait pas en conclure, cependant, que ses paysages soient toujours d'une grande fidélité topographique ; la majorité de ses vues associent, dans le même tableau, des motifs architecturaux tirés de ses voyages rhénans avec d'autres motifs authentiquement néerlandais, les baignant de la lumière idéale et poétique d'un doux ensoleillement, à la façon de Potter ou d'Adriaen Van de Velde, qui a d'ailleurs peint les personnages qui animent maint paysage de Heyden. En cela, il anticipe Canaletto dans la création de lieux et de villes imaginaires, ce dernier a parfaitement pu subir son influence. On sait que, dès 1669, le grand duc de Toscane avait acheté une Veduta de Van der Heyden. Si l'on met à part l'hypothétique voyage à Londres cité par Houbraken, Heyden entreprit av. 1661 un voyage vers le sud qui le mena à Cologne (Vue de Cologne, Londres, N. G. et Wallace Coll. ; Ermitage), à Emmerich (Sainte Aldegonde d'Emmerich, Louvre) et à Düsseldorf (l'Église des Jésuites à Düsseldorf, 1667, Mauritshuis) ; avant 1673, il se rendit aussi à Bruxelles : l'Ancien Palais des ducs de Bourgogne (Louvre ; Dresde, Gg ; musée de Kassel). Il peignit plus de 220 tableaux. On se prend à regretter qu'il se soit limité à la Veduta. Un Paysage avec un mur de parc (loc. inc.), à l'atmosphère inquiétante, prouve qu'il avait des qualités indéniables de paysagiste. Quant aux natures mortes qu'il a produites, essentiellement à la fin de sa vie, et jusqu'à 75 ans, elles ont des qualités d'étrangeté qui confinent à l'hyperréalisme, associant nature morte et scène d'intérieur. Il faut citer à cet égard la Nature morte presque abstraite, en rouge et blanc, du musée de Budapest, mais aussi celles du Mauritshuis (1664) et de l'Akademie de Vienne.

   Peintre agréable, exécutant délicat et même virtuose, Van der Heyden a exercé une grande influence sur les paysagistes urbains du XVIIIe s. tels que Jan Ten Compe, Isaac Ouwater, La Fargue, Johannes Prins, qui, à son exemple, cédèrent à une sorte d'exploitation sentimentale du thème, national par excellence, des villes endormies dans leur calme.

Hicks (Edward)

Peintre américain (Attleborough, auj. Langhorne, Pennsylvanie, 1780  – Newtown 1849).

Orphelin très tôt (1785), il commença à peindre à 13 ans comme apprenti chez un fabricant de voitures ; devenu peintre d'enseignes, il demeura la plus grande partie de sa vie à Newtown. Âgé de vingt ans, il rejoignit la Société des amis à la suite d'une grave maladie. Prédicateur estimé, il fut un quaker de stricte observance et a laissé des Mémoires concernant son activité religieuse, qui furent publiés après sa mort. Il fut d'ailleurs plus renommé de son vivant pour son activité pastorale que pour sa production picturale. La plupart de ses tableaux illustrent des thèmes bibliques, en particulier celui du Royaume de la paix, qu'il peignit plus de cent fois, avec une verve naïve, mais dans un coloris très délicat et en s'inspirant de gravures anglaises d'après R. Westall ou Benjamin West. Il peignit aussi les débuts de l'histoire américaine au moment de l'Indépendance, scènes qui convenaient le mieux à sa morale.

   Hicks est l'un des principaux " primitifs " américains. Il est représenté à New York (Metropolitan Museum) et dans de nombreuses coll. part.