Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Vanni (Andrea)

Peintre italien (Sienne v. 1330/1333  – connu de 1353 à 1413).

On sait par les documents qu'il fut, à ses débuts, l'associé de Bartolo di Fredi (1353), qu'il travailla au dôme de Sienne avec Antonio Veneziano (1370) et qu'il se rendit plusieurs fois à Naples (1375-1383) ; deux panneaux d'un polyptyque peint pour la chapelle de Casaluce à Aversa, près de Naples, subsistent à Naples (Capodimonte) et au musée d'Altenburg. Vanni est régulièrement cité à Sienne de 1368 à 1400. Le style de ses œuvres semble prouver qu'il fut l'élève de " Barna " ou, du moins, fortement influencé par la manière, héritée de Simone Martini, de celui-ci et de Lippo Memmi. Dans ses meilleures peintures (panneaux d'un Polyptyque de la Passion, Ermitage et Washington, Corcoran Gal. ; triptyque de la Crucifixion, Boston, Gardner Museum ; id., 1396, Sienne, P. N.), l'artiste fait preuve d'une élégance linéaire, d'un riche chromatisme et d'une technique émaillée de la plus délicate qualité. L'allongement un peu systématique dont il affecte ses personnages (Sainte Catherine de Sienne, fresque à S. Domenico de Sienne), le mépris de plus en plus accentué pour tout modelé donnent cependant à beaucoup de ses œuvres, surtout les dernières (Polyptyque, 1400, S. Stefano à Sienne), une raideur assez inexpressive.

Vanni (Francesco)

Peintre italien (Sienne v. 1560  – id. 1610).

Les débuts de ce peintre, l'une des figures les plus importantes de la peinture toscane de la fin du XVIe s., sont mal connus, et sa formation est complexe. Vanni passe, selon des sources siennoises, pour avoir été l'élève de Passarotti à Bologne, en 1575, puis, de retour à Sienne, celui d'Arcangelo Salimbeni, avant d'aller travailler à Rome chez Giovanni de Vecchi vers 1580. Sa première œuvre documentée est le Baptême de Constantin, à S. Agostino de Sienne (1586-87). On connaît, de la même époque, une Immaculée Conception au dôme de Montalcino (1588), une Annonciation peinte pour l'église des Servi, v. 1589, et l'une de ses œuvres majeures, le Saint Ansano baptisant les Siennois, au dôme de Sienne (1593-1596 ; " bozzetto " au Louvre). L'influence du climat de dévotion pathétique de l'entourage de Sixte IV, à Rome, fortement marquée par ailleurs chez un artiste comme Baroche, les contacts de Vanni avec les écoles lombarde (un voyage en Lombardie est mentionné v. 1580-1585) et émilienne (Corrège, Ludovico Carracci) sont autant de facteurs qui déterminent l'élaboration d'un style très personnel : recherche de déformations expressives, étrangeté des effets luministes, déséquilibre voulu des compositions. Vers 1600, Vanni se rapproche davantage du milieu siennois, de l'entourage de Ventura Salimbeni (Miracle de saint Hyacinthe, 1600, S. Domenico). Vers 1603, il est de nouveau à Rome, attiré par la peinture du début du siècle (Baglione, le Cavalier d'Arpin, Caravage surtout). Il exécute alors une Chute de Simon le Magicien pour la basilique Saint-Pierre (auj. à Rome, église Sainte-Marie-des-Anges ; dessin préparatoire au cabinet des Estampes de Berlin) et une Découverte du corps de sainte Cécile pour S. Cecilia in Trastevere. Il passe les dernières années de sa vie à Sienne et à Pise où il exécute plusieurs œuvres majeures. L'œuvre dessiné de Vanni est fort beau, important, très dispersé ; les principaux fonds sont aux Offices et au Louvre : projets de compositions religieuses, études d'après nature (scènes de la vie quotidienne) à la sanguine et pierre noire, rappelant parfois le style de Federico Zuccaro, esquisses à l'huile sur carton, en grisaille.

Vanni (Lippo)

Peintre italien (actif à Sienne ; documenté de 1344 à 1375).

Représentatif des peintres siennois tout à la fois issus des Lorenzetti et marqués par l'élégante tradition de Simone Martini, il surpassa même son maître probable, Nicolo di Ser Sozzo, qui l'avait initié sans doute à l'art de l'enluminure.

   Ses agencements sont amples et vigoureux, mais l'artiste s'exprime mieux dans les œuvres de petit format (la Madone et des saints, Metropolitan Museum ; Francfort, Städel. Inst. ; Baltimore, W. A. G. ; panneaux de prédelle avec le Calvaire au musée de Göttingen et la Dormition de la Vierge au musée d'Altenburg ; Crucifixion, Minneapolis Institute of Arts ; trois Saints dominicains, Vatican) que dans les peintures de plus grandes dimensions : Madone à l'Enfant, musée du Mans, Saint Pierre et Saint Paul, Paris, Saint-Louis-en-l'Île ; triptyque avec la Madone et saints et Histoires de sainte Aurea, 1358, Rome, église S. Domenico e Sisto, la Vierge et l'Enfant entourés de saints, polyptyque peint à fresque (Sienne, Pontifico Seminario). Vanni exécuta également de grandes décorations à fresque : Scènes de la vie de la Vierge, Saints et Vertus dans l'église S. Leonardo al Lago ; Victoire des Siennois à Val di Chiana, 1363, salle de la Mappemonde au Palais public de Sienne. Il fut aussi un fécond miniaturiste (Sienne, Opera del Duomo ; San Gimignano, Museo ; Casole d'Elsa, collégiale).

Vantongerloo (Georges)

Peintre et sculpteur belge (Anvers 1886  – Paris 1965).

Il étudie à l'Académie des beaux-arts d'Anvers et à celle de Bruxelles et pratique d'abord la sculpture. Il séjourne pendant toute la guerre à La Haye, où il fait la connaissance de Théo Van Doesburg. Aux côtés de celui-ci, il participe à la fondation du mouvement De Stijl, dont il signe le manifeste en 1917, et collabore à sa revue jusqu'en 1920. Il était parvenu à l'Abstraction dès 1917 par le dépouillement et la géométrisation des formes naturalistes. Dès 1919, ses sculptures en pierre, en bois ou en plâtre deviennent des emboîtements de parallélépipèdes rectangles, qu'il nomme " constructions de rapports de volumes ", comme celle du M. O. M. A. de New York, exécutées en 1921. À partir de 1926-27, il soumet ses recherches aux calculs mathématiques et aux tracés géométriques, dont il est féru, à l'inverse de Mondrian. Il expose ses théories dans l'Art et son avenir (Anvers, 1924) et les applique également à la peinture en voulant justifier chaque élément de sa composition. Ses œuvres s'appellent alors par exemple Composition émanant de l'équation Y = — ax² + bx + 18 avec accord de vert, orangé, violet et noir (1930, New York, S. Guggenheim Museum). De 1919 à 1927 il vit à Menton et vient ensuite s'établir à Paris. En 1930, il participe à la revue et à l'exposition Cercle et carré et, l'année suivante, fonde avec Herbin le groupe Abstraction-Création. Vers 1938, il abandonne la ligne droite pour adopter la courbe et produit une longue suite d'œuvres linéaires faites de fins tracés multicolores sur fond blanc. À partir de 1945, préoccupé par la traduction de la lumière dans l'espace, il peint des tableaux de plus en plus informels et ses sculptures, réalisées en Plexiglas, privilégient les formes courbes. Il résuma ses recherches dans un ouvrage publié à New York en 1948 (Paintings, Sculptures, Reflections). L'année suivante, le Kunsthaus de Zurich présenta ses œuvres en même temps que celles de Pevsner et de Max Bill. En 1985 et 1986, une rétrospective de son œuvre, organisée par Max Bill, a été présentée en Europe et aux États-Unis. Vantongerloo est représenté au Guggenheim Museum de New York, au M. N. A. M. de Paris, au Kunsthaus de Zurich, dans les musées néerlandais et au musée de Grenoble.