Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Girolamo da Carpi

Peintre italien (Ferrare 1501  – id. v. 1556).

Il se forma à Ferrare ; sa présence dans l'atelier de Garofalo, dont il fut l'élève le plus remarquable, est attestée en 1520, mais il fut certainement frappé par les expériences plus stimulantes de Ferrarais Dosso Dossi, en particulier dans le paysage.

   Il se rendit à Bologne v. 1525. Il fut particulièrement sensible aux maniéristes toscans qui y travaillaient, notamment le peintre et architecte Baldassare Peruzzi ; d'autres sollicitations lui vinrent aussi de Giulio Romano, de Parmesan et de Corrège, mais, quoique réceptif à l'aspect intellectualiste du Maniérisme, il se montra plus mesuré et plus attiré par la réalité vivante des sujets représentés.

   Si ses tableaux religieux (Apparition de la Vierge à Giulia Muzzarella, Washington, N. G. ; Adoration des mages, Modène, Pin. Estense, et Londres, N. G. ; Mariage mystique de sainte Catherine, Bologne, S. Salvatore) sont d'un éclectisme élégant et raffiné, les portraits qu'il exécuta pendant cette période (Florence, Pitti et Hampton Court) révèlent une veine naturaliste tout à fait exceptionnelle. De retour à Ferrare, où son nom est mentionné dans les comptes des ducs à partir de 1537, il s'intégra au milieu humaniste de la Cour, et ses rapports avec des érudits comme G.-B. Giraldi Cinzio (dont il mit en scène 2 tragédies) furent déterminants pour la définition de sa personnalité. Après des recherches d'effets monumentaux (la Pentecôte, v. 1537, Rovigo, S. Francesco), un souci croissant d'équilibre classique — renforcé vers la fin de sa carrière par un séjour à Rome (1549-1554) à la suite du cardinal Ippolito d'Este — l'amena à organiser ses compositions avec plus de clarté, à traiter les personnages avec une netteté plastique se rapprochant de la sculpture, tout en restant fidèle au fini précieux des détails typiquement maniéristes (Fresques allégoriques, Ferrare, palais des Ducs ; tableaux mythologiques pour Ercole II d'Este, Dresde, Gg).

Girolamo da Cremona (Girolamo de'Corradi, dit)

Peintre et miniaturiste italien (connu par des documents entre 1451 et 1483).

Considéré comme l'un des bons miniaturistes italiens du quattrocento, il participa tout jeune (v. 14601462), sur la recommandation de Mantegna, à la décoration du Missel de Barbe de Brandebourg, marquise de Mantoue (Mantoue, cathédrale), succédant à Belbello da Pavia. Il travailla ensuite pour le compte du cardinal Piccolomini à la cathédrale de Sienne (v. 1467-1473). C'est alors qu'il exécuta, en collaboration avec Liberale da Verona, les miniatures des fameux Codex de la bibl. Piccolomini de Sienne. La critique récente tend à donner dans ces œuvres la priorité d'invention à Liberale, dont Girolamo aurait subi l'influence et souvent traduit les idées. En tout cas, l'activité des deux artistes, venus du Nord à Sienne, fut importante pour l'école siennoise, révélant les délicatesses et les étrangetés du squarcionisme padouan. On doit à Girolamo l'enluminure d'autres livres (Chiusi, cathédrale ; Florence, Bargello ; Paris, B. N. ; New York, Pierpont Morgan Library) et quelques panneaux, l'Annonciation à la P. N. de Sienne, une Madone aux anges (Pérouse, G. N.), d'un style plus lourd. La plupart des autres tableaux qui lui furent attribués naguère sont aujourd'hui rendus à Liberale da Verona.

Girolamo da Treviso (les)

Famille de peintres italiens.

 
Girolamo le Vieux (Trévise, connu à partir de 1455  – id. 1497). Formé sans doute à Padoue, dans la tradition de Squarcione et de Mantegna, comme le montrent ses premières œuvres (Saint Jérôme, 1475, Bergame, coll. part. ; Pala del Fiore, 1478, Trévise, cathédrale), il parvint à des résultats proches de ceux de Marco Zoppo, par exemple dans la Pietà de la Brera. Il fut ensuite sensible aux suggestions de Venise, lorsque Antonello de Messine et Giovanni Bellini y imposaient leurs structures précises, animées de couleurs vives et pures (Transfiguration, Venise, Accademia ; Pala Collalto, 1494, id.). Il n'en assimila toutefois que superficiellement la rigueur poétique, ce qui l'amena, à la fin de sa carrière, à une évidente régression stylistique.

 
Girolamo le Jeune (Trévise 1497 ? – Bologne 1544). Peut-être fils du précédent, peintre éclectique, il fut sans doute d'abord marqué par l'art vénitien, qu'il connut à travers les interprétations différentes de Cima et de Lotto. Il se rapprocha ensuite de Giorgione et des maniéristes parmesans et ferrarais, comme le montre à Bologne sa première œuvre datée, les fresques monochromes (Scènes de la vie de saint Antoine de Padoue) de la chapelle Guidotti à S. Petronio de Bologne (1526). Son éclectisme s'accentua à la suite de quelques voyages (à Gênes et à Venise), mais trouva une solution heureuse, après un contact avec Pordenone, qui permit à l'artiste de donner une structure large et solide aux impulsions de sa sensibilité mobile et raffinée (fresque de l'église de la Commenda, 1533, Faenza ; Sainte Conversation, Londres, N. G. ; Adoration des bergers, Oxford, Ashmolean Museum). Girolamo da Treviso le Jeune termina sa vie au service d'Henri VIII d'Angleterre.

Girolamo dei Libri

Peintre italien (Vérone v.  1474  – id. 1555 [?]).

Ce peintre, fils de Francesco dei Libri, aurait eu 18 ans en 1492, selon les documents. Son activité comme miniaturiste, collaborateur de son père et de Liberale da Verona pour l'exécution des Corali de S. Maria in Organo (auj. au musée de Vérone), est documentée à partir de 1495. De nombreuses peintures signées témoignent qu'il travailla assidûment à Vérone et dans ses environs durant les trois premières décennies du XVIe s., peignant de grands retables, sur le type vénitien, montrant souvent la Vierge et l'Enfant sur un trône, entourés de saints, devant un vaste paysage. Citons la Vierge avec des saints et les donateurs Centrego (1512, Vérone, église S. Anastasia) ; Saints et Prophètes (1515, église de Marcellise) ; la Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, partie centrale d'un triptyque (autref. à Vérone, S. Maria della Scala ; auj. à Londres, N. G.) ; la Vierge entre saint Roch et saint Sébastien (autref. à S. Giacomo della Pigna ; auj. à Vérone, Castel Vecchio) ; la Vierge et des saints (1526, S. Giorgio in Braida) ; la Nativité aux lapins (Vérone, Castel Vecchio). À côté de l'influence de Mantegna, les œuvres de Girolamo révèlent celle plus directe de la manière de Francesco Morone.