Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
P

Pissarro (Lucien)

Peintre britannique d'origine française (Paris 1863  – Heywood, Somerset, 1944).

Formé par son père, Camille, il joua un rôle de liaison actif entre les avant-gardes artistiques française et anglaise. Exposant avec les impressionnistes en 1886, ami de Van Gogh, influencé, à partir de 1887, par Seurat, il se fixa à Londres en 1890. Ancien élève de Lepère, il s'intéressa beaucoup au livre illustré, abandonna la peinture et composa plusieurs ouvrages édités par la maison d'édition Éragny-Press, dont il fut le fondateur (Livre de Ruth et d'Esther, 1896). Revenu à la peinture après 1903, il se lia d'amitié avec Sickert et Steer, exposa au New English Art Club à partir de 1904 et participa à la fondation du groupe de Camden Town (1911). En 1916, il opta pour la nationalité anglaise. Une importante exposition à Londres en 1963 a commémoré le centenaire de sa naissance. Il est représenté au musée d'Orsay par une toile pointilliste (la Cathédrale de Gisors) et à l'Ashmolean Museum d'Oxford. La volumineuse correspondance que son père entretint avec lui (publiée en 1950) est d'un grand intérêt documentaire.

pistolet

Appareil permettant la pulvérisation de peinture ou de vernis par l'intermédiaire d'air comprimé.

Pistoletto (Michelangelo)

Peintre italien (Biella 1933).

Il est en Italie un des représentants les plus significatifs de ce qu'on appelle la " Nouvelle Objectivité " dans le courant du pop art. Après un apprentissage technique chez son père, restaurateur de tableaux, il devient peintre en 1960 : sa première exposition personnelle (Turin, gal. Galatea) le montre impressionné par Bacon tant dans la technique que dans le choix du thème de la " solitude ". Le motif de l'" homme-objet " inséré dans un environnement qui lui est étranger reste fondamental dans ses recherches successives, bien qu'il utilise des procédés absolument neufs et audacieux, comme le report photographique sur de grandes surfaces réfléchissantes, élément qui caractérisera sa production à partir de 1963. Les figures humaines projetées sur le fond s'insèrent dans le reflet en " trompe l'œil " du décor qui les entoure et créent ainsi un rapport ambigu entre la réalité extérieure et l'" image " intérieure de l'œuvre. Au début, la figure est insérée isolément (Autoportrait, 1962) ; mais, dans une série d'œuvres, la composition devient plus complexe par la représentation d'" intérieurs " ou de groupes de personnages (série des Cortèges : Cortège, 1965  ; Réunion électorale, 1965, Cologne, musée Ludwig). Pistoletto réalise en 1966 une série dite " des objets en moins ", rassemblement intentionnel de pièces très différentes : Rose brûlée, Photographie de Jasper Johns, Pyramide verte avec table et siège, etc., transgressant par leur diversité le principe de l'unité stylistique de l'œuvre. Parallèlement, des créations sur le reflet prennent la forme d'œuvres dans l'espace : Tableau de fils électriques, Chandelles (1967). En 1967-68, l'artiste réalise de nombreuses œuvres à base de matériaux pauvres : Mappemonde en papier journal, Mur de chiffons en briquettes de tissu ; il participe aux expositions liées à l'Arte povera, en particulier à Amalfi (" Arte povera + Azioni povere "). En 1968, il fonde une compagnie théâtrale, Zoo, qui met l'accent sur la spontanéité des acteurs. Poursuivant régulièrement son travail à partir de miroirs, Pistoletto crée des œuvres qui prennent parfois l'apparence de véritables environnements : Danger de mort, 1974 ; la Cage du miroir, 1982. Parallèlement, la division du miroir apparaît fréquemment dans des œuvres composées par la juxtaposition de miroirs de taille et de formes différentes. Ce travail sur la perspective atteint son apogée dans les Stanze (Turin, gal. Stein, 1975-76), déclinaisons sur une séquence de salles à base de textes et de lumières. Depuis 1981, Pistoletto se consacre à la statuaire de grande dimension, créant de grandes sculptures blanches ou vivement colorées en polyurétane ou en marbre : le Géant blanc, 1982 ; le Génie du temps, 1985, commande pour l'Hôtel de région Midi-Pyrénées, Toulouse. À partir de 1985, il réalise une série de peintures-volumes, massives, de couleur sombre, en " matériaux anonymes " (Parallélépipède impair et haut, 1985, Marseille, musée Cantini). Dans ses œuvres les plus récentes, Pistoletto s'écarte de tout système (installation au musée de Rochechouart, 1993) avec la présentation de cages-miroirs où le spectateur ne peut entièrement se refléter (la Chute du miroir, 1993.) En 1984, une grande rétrospective de son œuvre a eu lieu à Florence, fort du Belvédère. Son œuvre est représentée en France : Paris, M. N. A. M. (Femme au cimetière, 1974), et à l'étranger : Berlin, N. G. New York, M. O. M. A, Rome, G. A. M. Une nouvelle exposition lui a été consacrée (Munich, Ljubjana) en 1996.

Pitloo (Antonio Sminck)

Peintre néerlandais actif en Italie (Arnhem 1790  – Naples 1837).

Il tint une place de premier plan parmi les peintres de paysage de l'école napolitaine du Pausilippe. Après avoir étudié à Paris de 1812 à 1816, près de J. V. Bertin, il travaille à Rome avec le paysagiste néerlandais Teerlink, qui l'incite au dépassement de la représentation néo-classique par un " rendu " naturaliste du paysage, encore interprété cependant dans un esprit analytique. Il se fixe à Naples en 1815 ou en 1816 et entre dès lors en contact avec quelques paysagistes étrangers — comme Dahl et Corot, qui séjournent dans cette ville — et napolitains. La connaissance des œuvres de ces artistes ainsi que de celles de Turner lui permet de réaliser une peinture de paysage moderne qui le situe à un niveau européen. Le langage vibrant de Pitloo, exprimant la nature sans contrainte, est à l'origine de la formation de Giacinto Gigante et de nombreux autres peintres paysagistes locaux. Pitloo meurt à Naples du choléra.

   La plus grande partie de ses œuvres sont conservées au musée Correale de Sorrente ; le musée de Capodimonte (Naples) et plusieurs coll. part. napolitaines se partagent les autres peintures notables de l'artiste.