Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Zao Wou-ki

Peintre français d'origine chinoise (Pékin 1921).

Issu d'une famille aristocratique et lettrée, il commence à peindre très jeune et entre à quatorze ans à l'E. N. B. A. de Hang-tcheou. De 1934 à 1940, il y étudie les œuvres et les techniques de la peinture chinoise traditionnelle, mais préfère à son académisme élégant les calligraphies, les bronzes et les céramiques des hautes époques. À la fin de ses études, la découverte à Shangai de reproductions de la peinture européenne lui fait pressentir une nouvelle orientation et, en 1941, à vingt ans, il fait à Shangai sa première exposition dans la manière de Picasso. Mais c'est sa maîtrise des techniques chinoises traditionnelles qui lui vaut d'être nommé aussitôt professeur de dessin à l'E. N. B. A., dont il vient de sortir. Il y enseignera jusqu'en 1947. L'année suivante il s'embarque pour la France et arrive à Paris, où il passe ses journées dans les galeries et les musées pour enrichir sa connaissance de l'art occidental. Il devient alors de plus en plus conscient de la nécessité de rester fidèle à ses origines. " C'est Cézanne, a dit Zao Wou-ki, qui m'aida à me retrouver peintre chinois. " Cependant, lorsque l'artiste se remet à peindre en France, c'est avec l'art imagé de Paul Klee que ses premières œuvres avouent une connivence. Mais ce n'était qu'un détour par l'" orientalisme " de certaines compositions de Klee, pour retrouver ses propres sources chinoises. À cette époque, le poète Henri Michaux, qui admire les lithographies du jeune Zao Wou-ki, présente celui-ci à Pierre Loeb, qui devient son premier marchand à partir de 1951 et lui organise une exposition dans sa galerie en 1952. Zao Wou-ki expose aussi à La Hune des dessins, des gravures, des aquarelles et des lithographies en 1951, 1953, 1956. Depuis 1955, il est lié à la gal. de France, qui a exposé ses peintures à plusieurs reprises. C'est lorsqu'il abandonne la figuration, à l'exemple de ses camarades parisiens adeptes de l'art abstrait, que Zao Wou-ki se libère, v. 1953, de l'influence de Paul Klee et qu'il résout, dans un sens personnel, les contradictions entre la conception séculaire de l'art extrême-oriental et les libertés créatrices de l'art européen. Il est parvenu, en effet, à donner une nouvelle vie à la tradition des grands paysagistes chinois et des calligraphes en assimilant les riches et subtils apports des techniques picturales d'Occident (22.06.91, 1991). Ayant dès lors trouvé sa voie, Zao Wou-ki a développé son œuvre dans une succession de paysages informels, grands espaces aériens ou liquides dont les courants sont traversés par des fourmillements d'éraflures ou des jonchées de brindilles que trace la pointe nerveuse du pinceau. Une exposition rétrospective de son œuvre fut présentée au Grand Palais, à Paris, en 1981. Deux ans plus tard, une exposition au musée des Beaux-Arts de Pékin le consacrait enfin dans son pays d'origine. L'artiste est représenté à Paris (M. N. A. M.) avec plusieurs peintures, à la Tate Gal. et au V. A. M. de Londres, à l'Albertina de Vienne, au Guggenheim Museum de New York comme dans les musées de Milan et de Rio de Janeiro. En 1995, il reçoit le Prix Impérial du Japon.

Zaragoza (Lorenzo)

Peintre espagnol (originaire de Cariñena, province de Saragosse).

Connu de 1363 à 1405 pour son activité très variée dans tout le royaume d'Aragon, de Barcelone à Valence en passant par Saragosse, Zaragoza jouissait d'une grande estime dans les milieux de la Cour : en 1373 il est qualifié par le roi Pierre IV de meilleur peintre de Barcelone. La seule œuvre que les documents puissent peut-être lui attribuer est le Retable de la Vierge de Jérica (prov. de Teruel, disparu en 1936) qui date de 1395-96. Zaragoza s'y révèle comme un artiste de haute qualité grâce au raffinement linéaire du dessin, à l'extrême sveltesse des proportions, à la gamme de tons très clairs. Il apparaît aussi comme le créateur probable d'un type de Vierge élégante et frêle, assise sur un trône gothique, entourée d'un chœur d'anges musiciens, qui connaîtra une grande fortune dans toute l'école valencienne au moment du Gothique international. Certains historiens, pensant que ce retable est stylistiquement postérieur à l'activité de Zaragoza, tendent à lui attribuer des œuvres de la période italo-gothique comme la Vierge au lait provenant de Torroella de Montgri (Barcelone, coll. part.) et les retables de l'église de Villahermosa.

Zaugg (Rémy)

Peintre suisse (Courgenay 1943).

Le point de départ de son œuvre a été la confrontation à une peinture de Barnett Newman intitulée Day Before One (1951, Bâle, Kunstmuseum). Placé devant l'énigme de ce tableau, Rémy Zaugg entreprend de réfléchir sur les conditions de perception de la peinture. Entre 1963 et 1968, il réalise une série de 27 esquisses, Constitution d'un tableau journal. Il s'agit de feuilles arrachées d'un cahier d'écolier, sur lesquelles le peintre note ses observations à partir du tableau de Paul Cézanne la Maison du pendu (1872-1873, Paris, musée d'Orsay). Au début, la perception est dénominative : un arbre, un ciel, un chemin... Puis les choses se colorent et la perception devient picturale : les plans, les touches, les taches, les tons... En notant et en nommant ce qu'il voit, en énumérant les choses perçues, il s'oblige à affiner l'acuité de son regard et il développe la conscience qu'il a de sa propre perception. De 1973 à 1980, il exécute une série d'études perceptives à partir d'une sculpture de D. Judd. En 1981, il se consacre à l'œuvre de P. Klossowski et en 1983 à celle de B. Burkhard. Les œuvres de R. Zaugg s'offrent au spectateur dans une sorte de matérialité silencieuse. En un temps où les images sont banalisées du fait de leur abondance, elles exigent de celui qui les regarde qu'il songe aux questions qui traversent la peinture et que se pose le peintre.

   R. Zaugg a participé à de nombreuses expositions internationales : Biennale de Paris en 1977 et Documenta 7 en 1982, et a connu d'importantes expositions à Eindhoven (1984), Bâle et Paris (1988).