Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
A

Allianz

Allianz, " Association des artistes suisses modernes ", a été fondée en 1937 à Zurich par le peintre Leo Leuppi (1893-1972), après l'exposition Zeitprobleme in der schweizer Malerei und Plastik, qu'il avait organisée l'année précédente au Kunsthaus de Zurich et qui avait montré l'originalité et la vivacité de l'art suisse contemporain. Cette association, dont le comité comprenait, avec Leo Leuppi à sa tête, les peintres Richard Paul Lohse, Hans Schiess, Walter Bodmer et Hans Erni, fonctionna selon le principe de la Sezession, tout en présentant de nombreux rapports avec l'association Abstraction-Création, fondée à Paris en 1931. L'idée de Allianz consistait à promouvoir l'art des artistes suisses, qu'ils soient figuratifs, comme Otto Abt ou Le Corbusier, surréalistes, ainsi Kurt Seligmann et Meret Oppenheim, abstraits informels, tels que Hans Schiess ou Hans Fischli, abstraits géométriques, Theo Eblé et Camille Graeser par exemple, ou encore abstraits symbolistes comme Paul Klee, en organisant des expositions et en publiant des ouvrages. La première exposition a eu lieu à la Kunsthalle de Bâle en 1938, sous le titre Neue Kunst in der Schweiz : elle montrait les œuvres de 28 artistes. Cette manifestation fut suivie en 1940 par la publication de l'almanach Neuer Kunst in der Schweiz, qui offrait un répertoire de la création en Suisse réalisé sous la direction de Leo Leuppi et de Richard Paul Lohse. D'un autre côté, à partir de 1941, étaient créées les éditions Allianz, qui ont permis de publier des recueils de gravures originales. La deuxième exposition fut organisée au Kunsthaus de Zurich en 1942, suivie d'une troisième manifestation au même endroit en 1947, tandis que des expositions de moindre importance étaient organisées dans les galeries de Zurich. La dernière exposition eut lieu au Helmhaus de Zurich en 1954. Allianz a joué un grand rôle en Suisse pour faire mieux connaître l'art contemporain, mettre en relation les artistes qui en faisaient partie et assurer d'une certaine façon la diffusion du groupe informel intitulé " Concrets zurichois ", composé de Max Bill, Richard Paul Lohse, Verena Loewensberg et Camille Graeser.

Allori (les)

Famille de peintres italiens.

 
Alessandro (Florence 1535  – id. 1607). Recueilli à la mort de son père par son oncle Agnolo, dit Bronzino, il fit un séjour à Rome de 1554 à 1559, mais sa carrière se déroula à Florence dans le milieu des artistes théoriciens qui entouraient Vasari ; il écrivit un Dialogo sopra l'arte del disegnare, publié à Florence en 1590. Il participa à plusieurs " apparati ", vastes et éphémères décors exécutés à l'occasion des funérailles de Michel-Ange (1564) ou de mariages princiers (1565, 1588). Sa peinture, dont la froide élégance s'inspire de celle de Bronzino, s'adapte bien à la préciosité du décor du Studiolo de François Ier, au Palazzo Vecchio, pour lequel il fournit deux compositions (Pêche aux perles, Banquet de Cléopâtre, 1570-71). On lui doit également la décoration picturale de chapelles (chapelles Gaddi à S. Maria Novella, Montaguti à S. Maria Annunziata), de villas (Poggio a Caiano) et de palais (Offices), ainsi que de nombreux tableaux religieux (Naissance de la Vierge, Cortone, S. Maria Nuova), des portraits et des cartons de tapisseries.

 
Cristofano (Florence 1577 – id. 1621). Fils du précédent et disciple comme lui de Bronzino, il signa souvent ses toiles, à l'exemple de son père, " C. Allori Bronzino ". En désaccord avec l'académisme formel dont Alessandro avait été partisan, il contribua, avec son maître Cigoli, au renouveau de la peinture florentine dans le sens du naturalisme, avec des effets chromatiques vrais imités des Vénitiens. Dans ses nombreux tableaux, d'inspiration sacrée ou biblique, son attachement au réel se limite au rendu des costumes, des ornements et des types physionomiques de son temps. Son œuvre la plus caractéristique est sa Judith (Florence, Pitti), restée l'œuvre la plus populaire du XVIIe s. florentin. Les musées de Florence (Offices, Pitti) conservent plusieurs de ses œuvres.

Allston (Washington)

Peintre américain (Georgetown, Caroline du Sud, 1779  – Cambridge Port, Mass., 1843).

Il peut être regardé comme le principal représentant du Romantisme aux États-Unis. Diplômé de Harvard (1800), il se forma en Europe, d'abord à Londres, dans l'atelier de Benjamin West (1802), puis au cours de divers séjours à Paris, où il se lia avec J. Vanderlyn (1803), en Italie (1804-1808) et de nouveau à Londres (1811-1818). Ses meilleures œuvres sont des paysages composés empreints de rêverie romantique : Chasse de Diane (1804, Boston, M. F. A.). Après son retour définitif à Boston en 1818, il peignit des sujets religieux ou bibliques dans un style mélodramatique (Elijah fed by the Ravens, 1818, Boston, M. F. A.). Le plus important d'entre eux, le Festin de Balthazar, resta inachevé malgré la souscription publique ouverte en sa faveur (esquisse à Boston, M. F. A., toile inachevée à Detroit, Institute of Fine Arts). Si Allston apparut comme un maître dans les milieux cultivés de Boston, sa peinture, d'inspiration romantique mais d'exécution académique, resta sans écho. Poète et philosophe autant que peintre, ami de Coleridge, il reflète fidèlement par sa pensée celle de l'écrivain W. E. Channing, son beau-frère et compatriote.

Alma-Tadema (sir Lawrence)

Peintre britannique d'origine néerlandaise (Dronrijp, Frise, 1836  –Wiesbaden, Hesse, 1912).

Élève de Wappers et de Leys à Anvers, il eut la révélation de l'Antiquité lors de son voyage de noces à Naples et Pompéi (1863). Sa première " peinture romaine " achevée, Catulle chez Lesbia (1865), fut achetée par Gambart, qui l'introduisit en Angleterre, où il s'établit en 1870 (il devint citoyen britannique en 1873 et académicien en 1879). Il y représenta de façon brillante le " High Art " victorien, en se spécialisant dans la peinture anecdotique, illustrant des scènes quotidiennes de la vie antique avec un souci d'exactitude archéologique et une précision imitative dans l'exécution qui lui valurent une prodigieuse renommée et de très nombreuses commandes (Danse pyrrhique, 1869, Londres, Guildhall Art Gal.), mais qui n'évitent pas une certaine répétition. Il eut d'ailleurs contre lui quelques critiques éminents, comme Ruskin et Carlyle, mais cela n'empêcha pas son succès. Ses œuvres figurent dans les principaux musées britanniques et américains ainsi qu'au musée d'Orsay et dans les musées de Francfort, de Hambourg, de Lille, de Madrid, de Moscou et dans des coll. part. (la coll. Allen Funt de New York réunit 35 peintures de l'artiste, exposées en 1973 au Metropolitan Museum sous le titre bien choisi de " Victoriens en toge "). Une rétrospective a été consacrée à l'artiste (Amsterdam, musée Van Gogh) en 1996-1997.