Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Giovanni Francesco da Rimini

Peintre italien (Rimini v.  1420  – Bologne av.  1470).

Deux peintures signées de ce nom sont conservées à S. Domenico de Bologne (Madone) et à la N. G. de Londres (Madone et anges), datées respectivement de 1459 et de 1461. L'auteur correspond sans aucun doute au peintre de même nom signalé v. 1441-1444 à Padoue. Sa présence à Bologne est attestée à partir de 1460 ; en 1470, il était déjà mort. L'art délicat de Giovanni découle de la tradition gothique ; cependant, un dessin aigu, des contours incisifs indiquent bien que l'artiste qui, à Padoue, avait été en contact avec Squarcione, se relie aux écoles du Nord ; d'autre part, il semble avoir connu la manière ombrienne, telle que la pratiquait Bonfigli, et certains traits toscans empruntés à Lippi et Gozzoli. Il travailla d'ailleurs en Ombrie (Madone et deux saints, Pérouse, G. N.) et dans les Marches, avant de s'installer à Bologne. Parmi ses autres œuvres, on peut citer Saint Dominique servi par les anges (pin. de Pesaro), Triptyque (Urbino, G. N.), Adoration de l'Enfant (musée d'Atlanta), Adoration de l'Enfant (musée du Mans) et deux Scènes de la vie de Saint Nicolas (Paris, musée Jacquemart-André ; Louvre) faisant partie de la même prédelle que le Miracle de saint Jacques (Vatican).

Giovannino
ou Giovanni de' Grassi

Peintre italien (Milan ? – mort av.  1398).

L'absence presque absolue de documents et l'extrême rareté des œuvres certaines n'empêchent pas de reconnaître en Giovannino le plus grand maître de la miniature lombarde des dernières années du trecento : un maître de stature européenne par la qualité et l'étendue de sa culture. Les débuts de Giovannino sont probablement identifiables dans quelques feuilles de l'Offiziolo (Paris, B. N., ms. 757) et en particulier dans celles de la Genèse. Par rapport aux mains, prédominantes ici, du Maître du Lancelot ou — en second plan — de Giovanni di Benedetto da Como, l'art de Giovannino de' Grassi se distingue par l'accent très nerveux et décoratif de son graphisme aigu et, d'un autre côté, sans qu'il y ait contradiction, par un sentiment à la fois plus minutieux et plus illusionniste de la réalité naturelle et morale. Ces caractères s'affirment dans le Taccuino di disegni de la Bibl. Civica de Bergame, où le trait le plus subtil enferme des couleurs ténues, d'une grande délicatesse et qui, à la façon de l'" ouvraige de Lombardie ", semblent avoir été pulvérisées. L'appartenance à Giovannino de l'Alphabet illustré contenu dans le Taccuino est toujours discutée. Au contraire, il est maintenant admis que la Chasse au sanglier, figurant dans le Taccuino, dériverait d'une page des Très Riches Heures du duc de Berry (Chantilly, musée Condé). On peut considérer que se rattache au Taccuino l'Historia plantarum de la Bibl. Casanatense, à Rome, que la haute qualité de certaines de ses miniatures permet d'attribuer à la main même de Giovannino. En collaboration avec son atelier, et avec son fils Salomone, Giovannino entreprit la décoration de l'Offiziolo de Gian Galeazzo Visconti, interrompue en 1402 à la mort du prince et terminée une trentaine d'années plus tard par Belbello da Pavia. Cet Offiziolo ayant été ensuite divisé en 2 parties, la plus ancienne, celle de Giovannino, correspond au morceau de la coll. Visconti di Modrone à Milan.

   Selon les documents, l'artiste eut une grande activité au Dôme où il apparaît à partir de 1389, tant comme architecte que comme fournisseur de projets de sculptures : mais il ne subsiste que le bas-relief du Christ et la Samaritaine, traité dans le style bourguignon et qui se trouve au-dessus de la porte de la sacristie sud.

   Giovannino est sans doute des miniaturistes italiens celui qui eut le plus d'affinités avec l'art " courtois " européen de la fin du XIVe s. Ses liens avec les miniaturistes français ou flamands sont indéniables, mais il en a d'encore plus forts peut-être avec les enlumineurs bohémiens des grands Codex et les dessinateurs de l'époque de Venceslas IV. En ce qui concerne l'Italie, outre les descendants directs que Giovannino trouve en De Veris et en Michelino da Besozzo, son influence sur l'école véronaise de Stefano da Zevio et de Pisanello est évidente.

Giovenone (Gerolamo)

Peintre italien (Barengo v.  1490  – Vercelli 1555).

À ses débuts, il révèle un style archaïque, léger, présentant des analogies avec celui de Defendente Ferrari. À cette époque se situent une Adoration (Vercelli, Museo Borgogna), une Déposition (Biella, Inst. Quintino Sella) et une Adoration des mages (Vercelli, archevêché). Il est aussi en rapport alors avec Martino Spanzotti (Pala de sainte Ursule, Avigliano, San Giovanni). Mais, dès 1514, la Madone avec deux saints et des donateurs (Turin, Gal. Sabauda) met en évidence des portraits d'une finesse et d'un moelleux qui rappellent Gaudenzio Ferrari. Il en est de même pour les portraits des donateurs dans le triptyque (Madone avec quatre saints et deux donateurs, 1527) de l'Accad. Carrara à Bergame, dans lequel on sent certaines influences lombardes, ainsi que pour le Saint Ambroise de l'église S. Francesco de Vercelli et les Quatre Docteurs (musée de Pavie).

Giraldi (Guglielmo)

Miniaturiste italien (Ferrare, documenté de 1445 à 1480).

Actif sous le règne du duc Borso, il exécuta v. 1448 les miniatures de tête de l'Aulu-Gelle, conservé à l'Ambrosienne de Milan, et collabora largement à celles des Graduels de la chartreuse de Ferrare (1468). De fortes influences de Piero della Francesca et de Cosme Tura se notent dans ses miniatures de la Bible en 4 volumes, pour la chartreuse également (musée de Ferrare). Vers 1469, il enlumina aussi le Plaute de la B. N. de Madrid. Le Psautier (bibl. de Modène) exécuté pour les ducs d'Este en collaboration avec son neveu Alessandro Leoni (1475) présente des affinités avec Francesco del Cossa et Ercole Roberti. Giraldi fut ensuite appelé à la cour d'Urbino, où il exécuta des miniatures pour Federico da Montefeltro (Tétraévangile, Divine Comédie, Rome, bibl. du Vatican). Par l'élégance et la virtuosité de son style et ses qualités d'imagination, proches de celles des grands peintres ferrarais de son temps, Giraldi compte parmi les plus importants peintres-enlumineurs du Quattrocento.