Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Camilo (Francisco)

Peintre espagnol (Madrid v.  1615  – id. 1673).

De mère espagnole et de père italien, il fut élevé, après la mort de ce dernier, par son beau-père Pedro de las Cuevas, alors peintre de renom mais dont nous ne connaissons aujourd'hui aucune œuvre. Introducteur du mouvement baroque avec Herrera le Jeune et Francisco Rizi, c'est une des plus intéressantes figures du Madrid de Philippe IV. À côté de quelques travaux sur des décors à fresque et de portraits des rois médiévaux dans l'Alcázar de Madrid (disparus), il travailla surtout pour les ordres religieux. Abondante, son œuvre se caractérise par la sveltesse des formes, une gamme raffinée de coloris et un ton souvent aimable et délicat ; il s'inspire fréquemment de gravures (Martyre de saint Barthélemy, Prado, issu de Ribera ; Conversion de saint Paul, Ségovie, Musée provincial). Parmi ses œuvres les plus remarquables, citons Saint Jérôme fouetté par les anges (1651, Prado), la Vierge et saint Jean l'Évangéliste couronnant saint Jean de Dieu (Barnard Castle, Bowes Museum), les deux toiles du retable de Fuencisla (Ségovie, v. 1659) et, v. 1670, le grand Saint Charles Borromée pour les clercs mineurs de Salamanque (Salamanque, cathédrale nouvelle).

Cammarano (Giuseppe)

Peintre italien (Sciacca, Sicile, 1766  – id. 1850).

Formé à Naples, Cammarano décora dès 1788 plusieurs palais de la ville, ainsi que le palais de Caserte et le Palais royal (grande salle de bal, chapelle), de compositions mythologiques (la Famille de François de Bourbon, 1820, Caserte, Palais royal). Portraitiste de la famille royale, il fut également professeur à l'Académie de Naples. Son œuvre marque le passage de la peinture tardive du XVIIIe siècle à la mode académique, classicisante.

 
Son petit-fils Michele (Naples 1835 – id. 1920) fut aussi peintre. Entré à l'Académie de Naples en 1853, il étudia dans l'atelier de G. Palizzi. Sensibilisé aux idées des Macchiaioli lors d'un séjour à Florence en 1860, marqué par Federico Faruffini, qu'il fréquenta à Rome en 1865, il forma son style sous l'influence du " vérisme " italien (Piazza San Marco, 1869, Rome, G. A. M.) et du réalisme de Courbet, qu'il rencontra à Paris entre 1870 et 1875. Rentré à Naples, où il occupa en 1900 la chaire de paysage à l'Académie, succédant à Palizzi, il peignit des scènes de la vie populaire (l'Étudiant, Florence, G. A. M. ; Oisiveté et Travail, 1863, Naples, Capodimonte), ainsi que de vastes compositions historiques : le 24 juin à San Martino (1883, Rome, G. N. A. M.).

Cammas (Lambert-François-Thérèse)

Peintre et décorateur français (Toulouse 1743  – id. 1804).

Il était le fils de Guillaume (Aignes, Haute-Garonne, v. 1698 – Toulouse 1777) , architecte et peintre du Capitole, pour lequel il peignit les Capitouls de 1753 (Toulouse, musée des Augustins). À Rome (1767-1771), Cammas exécute l'Avènement de Clément XIV (1770), son morceau de réception à l'Académie de Saint-Luc. À Toulouse, il peint les Capitouls de 1779 (archives municipales ; 4 camaïeux à la Chartreuse, 1779), dont il a dessiné les décorations, des allégories sur la Mort du Dauphin (1766, école des beaux-arts) et sur le Retour du parlement (1776, Palais de justice), Saint Benoît recevant Totila (1801, cathédrale de Castres). Ses peintures sont laborieuses, mais ses dessins de qualité (musée Paul-Dupuy et musée du Vieux Toulouse).

Camoin (Charles)

Peintre français (Marseille 1879  – Paris 1965).

Destiné à des études commerciales, il s'oriente très tôt vers la peinture. Admis à Paris dans l'atelier de Gustave Moreau, à l'E. N. B. A., il ne profite que quatre mois de cet enseignement et, comme Matisse et Marquet, quitte l'atelier à la mort du maître, en 1898, pour travailler librement dans les rues de Paris. Trois ans plus tard, au cours de son service militaire à Aix, il rend visite à Cézanne, suscitant à la fin de la vie du grand peintre une amitié et une correspondance des plus riches. La peinture de Camoin est dans ses débuts vigoureuse et colorée (Autoportrait en soldat, 1899, Marseille, musée Cantini ; Portrait de ma mère, 1904, Marseille, musée des Beaux-Arts), et sa Cabaretière (1900, Sydney Art Gal. of New South Wales) est faussement attribuée à Gauguin ; très influencé par Marquet, il s'exprime par la couleur pure, mais sans la véritable violence du premier ni la rigueur du second.

   Son fauvisme est alors tempéré par l'influence de Cézanne, dans la fluidité de la touche, et par celle, plus éloignée, de Manet dans la simplification de la mise en page (Portrait d'Albert Marquet, 1904, Paris, M. N. A. M. ; Jeune Napolitaine, 1904, Genève, Petit Palais ; la Petite Lina, 1906, Marseille, musée des Beaux-Arts). En 1905, il expose au retentissant Salon d'automne et, un an après Matisse, il part avec Marquet et Manguin travailler dans l'entourage de Signac et de Cross à Saint-Tropez. Ensemble, ils effectueront des voyages à Londres, en Italie, à Francfort, en Corse, et Camoin se rendra au Maroc avec Marquet et Matisse.

   Le peintre partage alors son temps entre ses deux ateliers à Montmartre et à Saint-Tropez. En 1912, il expose à Paris chez Kahnweiler et prend part à l'Armory Show de New York. En 1918, il rencontre Renoir à Cagnes, et leur amitié épanouit désormais son impressionnisme latent dans des paysages, des nus et des natures mortes d'un style voluptueux et coloré (le Canal de la douane à Marseille, 1928, Saint-Tropez, musée de l'Annonciade ; la Coupe bleue, 1930, Paris, M. N. A. M.). De nombreuses rétrospectives lui sont consacrées : au M. A. M. de la Ville de Paris en 1952, à Chicago en 1960 puis à New York en 1961, au musée des Beaux-Arts de Marseille en 1966, etc. Camoin a eu une production très importante et continue, qu'il amputa par quelques destructions massives de ses œuvres (notamment en 1913 et 1944). Il est bien représenté dans les musées français, à Aix-en-Provence (musée Granet), Marseille (musée des Beaux-Arts et musée Cantini), Saint-Tropez (musée de l'Annonciade) et Paris (M. N. A. M.), ainsi qu'à Berlin (N. G.), Bonn (Städtisches Kunstmuseum), Genève (Petit Palais), Sydney (Art Gal. of New South Wales) et New York (M. O. M. A.).