Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Trübner (Wilhelm)

Peintre allemand (Heidelberg 1851 – Karlsruhe 1917).

Après une formation d'orfèvre, sur les conseils de Feuerbach, il fréquenta l'École des beaux-arts de Karlsruhe (1867-1868) ; il fut ensuite l'élève de Hans Canon à Stuttgart (1869-1870) et de Wilhelm von Diez à Munich (1870-1872). Il fut influencé par Leibl, dont il fit la connaissance en 1871, par Courbet et par Thoma. Ses débuts se situent donc sous le signe d'un réalisme assoupli par de nombreux voyages d'études, en 1872-1873 avec Carl Schuch en Italie (Venise, Florence et Rome), en 1874 en Belgique et en Hollande. En 1873, il consacre au château de Heidelberg et à ses environs une série de toiles (Dans le château de Heidelberg, musée de Darmstadt). L'année suivante, le lac de Chiemsee, en Bavière, lui inspire des œuvres qui comptent parmi les meilleures de cette période (l'Embarcadère de Herreninsel, musée de Karlsruhe). Trübner revint à Munich en 1875, où il devait résider jusqu'en 1890, et aborda les thèmes mythologiques, qu'il abandonnera après 1890 ; il se rendit plusieurs fois à Paris (1879 et 1889) et séjourna à Londres (1884-1885). L'artiste adhéra à la Sécession en 1892 ; son évolution en faveur d'un impressionnisme large s'affirma v. 1890. Abordant tous les genres, il construisit ses compositions par plans simples, déclinant ses accords colorés un peu sourds par grands aplats (la Rixe enfantine, 1872, Hanovre, Niedersächsisches Landesmuseum), tirant de certains cadrages un effet saisissant (Sur le canapé, 1872, musées de Berlin) et structurant ses paysages d'autres danses (Charpentiers, 1876, Hambourg, Kunsthalle).

   Professeur à Francfort (1895-1903), Wilhelm Trübner fut nommé professeur à l'Académie de Karlsruhe (1903-1917), ville dont le musée conserve les plus intéressants de ses tableaux ; il est le plus connu des disciples de Leibl.

truelle

Outil constitué par une lame d'acier rigide ou flexible de différentes formes (arrondie au bout ou triangulaire) et qui est prolongée d'une partie contrecoudée pénétrant dans un manche en bois.

Trumbull (John)

Peintre américain (Lebanon, Connecticut, 1756 – New York 1843).

En 1773, il était diplômé de l'université Harvard, où il rencontra J. S. Copley, qui l'influença fortement. Aide de camp de Washington et cartographe pendant la guerre de l'Indépendance, il se rendit en Angleterre pour y étudier en 1780 mais fut emprisonné à la suite de la guerre d'Indépendance. Libéré, il fut l'élève de B. West (1784-1789).

   En 1785, invité par Thomas Jefferson, premier ambassadeur américain à Paris, Trumbull fut frappé par David et le néo-classicisme. Son art dérive de celui de West et de celui de Copley, et Trumbull consacra son talent à immortaliser les grands épisodes de la Révolution américaine, comme la Déclaration d'indépendance, la reddition de Cornwallis à Yorktown ou la démission de Washington après la victoire, en associant à la vérité documentaire un souffle déjà romantique.

   Ces toiles, sans cesse reproduites depuis deux siècles, sont devenues emblématiques des débuts de l'histoire américaine. La première de ces 8 compositions, la Mort du général Warren à Bunker's Hill (New Haven, Yale University Art Gal.), rappelle la Mort du major Peirson de Copley (Londres, Tate Gal.). Les esquisses des tableaux, conservées à Yale, ont un accent fougueux qui annonce Gros, et elles furent gravées et publiées par souscription publique. Après 1789, Trumbull vécut alternativement en Europe et aux États-Unis, où il se fixa définitivement, à New York, en 1816. Il occupa une place importante dans la vie artistique américaine et reçut la commande de plusieurs décorations pour le Capitole de Washington (1817-1824). En 1817, il fonda à New York l'Académie américaine des beaux-arts, qu'il dirigea jusqu'en 1836 et qui fut dissoute en 1839. Il est principalement représenté à New Haven : en 1831, il céda en effet à l'université Yale, contre une rente viagère, 55 tableaux et 58 miniatures. On trouve également de ses œuvres au musée de Cincinnati et au Metropolitan Museum.

trumeau

Terme d'architecture désignant aussi bien la partie du mur située entre deux fenêtres que la menuiserie proprement dite qui la recouvre. Par extension, panneau ou toile montée sur un châssis, encastré dans le lambris et servant de couronnement à une glace de cheminée. Comme les dessus-de-porte, les trumeaux peints (scènes mythologiques, natures mortes ou paysages, surtout) ont connu une grande vogue, notamment au XVIIIe s. (Boucher, Desportes, Carle Van Loo, etc.).

Trutat (Félix)

Peintre français (Dijon 1824 – id. 1848).

Il fut l'élève de Cogniet, mais subit surtout l'influence des Vénitiens, copiés au Louvre. La Femme couchée (1844, musée de Dijon) atteste la précoce maturité de cet artiste mort si jeune. Trutat laissa surtout des portraits, par lesquels il se rapproche de Courbet, en mariant à l'exemple vénitien son sens du réalisme (Portrait de femme, Paris, musée Henner ; Madame Hamon, musée d'Orsay ; belle série au musée de Dijon).

Tschichold (Jan)

Artiste allemand (Leipzig 1902 – Locarno 1974).

Il effectue ses premiers travaux typographiques à partir de 1923 dans un style tout à fait traditionnel mais d'une grande perfection formelle. Jan Tschichold a étudié à Leipzig et à Dresde de 1919 à 1921. De 1925 à 1926, il se trouve à Berlin, puis est nommé en 1926 professeur à l'École des arts décoratifs de Munich, où il restera jusqu'en 1933. Son style évolue alors de façon déterminée vers la Nouvelle Typographie et le constructivisme : ses réalisations, en particulier en 1927 une série d'affiches pour un cinéma de Munich, le Phoebus Palast, retiennent par leur nouveauté, leur utilisation de la dissymétrie, leur typographie très simple, leur contenu réduit à l'essentiel, leur utilisation d'aplats de couleur jouant avec de grandes surfaces laissées vides et leur utilisation du photomontage. Ces affiches, ainsi que quelques autres qu'il créera par la suite, comptent parmi les chefs-d'œuvre de cet art au XXe siècle. En 1928, Tschichold fait paraître un livre de théorie intitulé Die neue Typographie (Berlin), dans lequel il exprime sa conception du graphisme. En 1929, Tschichold publie avec Franz Roh un livre sur la photographie contemporaine, Foto Auge (« Photo œil »), à l'occasion de l'exposition du Werkbund allemand (DWB) « Film und Foto » consacrée à la photographie, qui se tient à Stuttgart. En 1933, Tschichold émigré à Bâle : il y réalise l'une de ses affiches majeures pour la Kunsthalle et l'exposition intitulée « Konstruktivisten », qui y est montrée en 1937 : cette affiche frappe par son très grand dépouillement, son utilisation de caractères typographiques très simples et de petite taille, son absence d'image, son texte réduit au minimum et l'utilisation du vide comme surface expressive. En 1938, Jan Tschichold retourne à la typographie classique. De même que Piet Zwart aux Pays-Bas, Tschichold est un exemple de l'artiste soucieux de trouver des moyens d'expression modernes et qui a délaissé pour cette raison la peinture traditionnelle : Tschichold s'est entièrement consacré à la typographie dans un esprit voisin pour un temps de celui des productivistes soviétiques.