Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Smithson (Robert)

Artiste américain (Passaic, New Jersey, 1938  – Salt Lake, Utah, 1973).

Après le diplôme de l'Art Student's League (New York, 1956), il s'inscrit à la Brooklyn Museum School et voyage en auto-stop à travers les États-Unis. Il pratique une peinture expressionniste abstraite, qu'il abandonne en 1962 pour la sculpture, et participe à l'exposition fondatrice du Minimal Art, " Primary Structures " (1966). Il commence à travailler sur des sites suburbains : un Tour des monuments de Passaic, 1967, se compose de cinq photographies ordinaires de lieux anodins de la ville (égouts, pont, etc.), d'un plan de l'itinéraire et d'un récit : l'expérience directe est réservée à l'artiste, et l'œuvre se constitue à travers des systèmes de signes. Partage de l'expérience déplacé dans les " Non-Sites " (1968) : une carte aérienne propose un " motif " (hexagonal dans le " Non-Site " de Pine Barrens, 1968, New Jersey) et un commentaire, tandis que des caissons, disposés au sol selon le même motif, contiennent des échantillons géologiques du lieu : l'œuvre est le signe de l'absence. Dès 1966, au titre de " conseil " d'un cabinet d'architecture, Smithson propose de nombreux projets de " earthworks " (œuvres sur le terrain), notamment en vue de la réhabilitation de sites industriels : Broken Circle — Spiral Hill fut réalisé à Emmen (Pays-Bas) en 1971 ; Asphalt Rundown, près de Rome (1969) ; Partially Burried Woodshed, à Kent (Ohio, 1970) ; mais bien d'autres n'eurent pas de suite. Il faut se souvenir de Spiral Jetty (1970, Salt Lake, Utah) : une langue de terre de 5 mètres de large et de 500 de long s'enroule de manière centripète ; en la parcourant, le spectateur expérimente l'espace non en propriétaire qui le concerne mais en particule de plus en plus enfoncée dans le paysage. Une brusque montée des eaux a détruit cette œuvre en 1972, ne laissant que des photographies, un texte et un film de l'artiste. Amarillo Ramp (1973) sera achevé après sa mort. Smithson est représenté au Whitney Museum de New York, au Museum of Contemporary Art de Chicago, au La Jolla Museum of Contemporary Art (Californie), à l'Australian National Gal. of Canberra. Essais et projets ont été publiés en 1979 (Writings of Robert Smithson, New York University Press). Il avait participé aux expositions Minimal Art (1968, La Haye), " Quand les attitudes deviennent formes " (1969, Berne), Documenta de Kassel en 1972 ; le M. A. M. de la Ville de Paris lui a consacré une rétrospective en 1983.

Smits (Jakob)

Peintre belge d'origine néerlandaise (Rotterdam 1855  – Achterbos 1928).

Fils d'un riche entrepreneur de décoration, d'humeur vagabonde au début de sa carrière, il acquit sa formation en fréquentant les Académies de Rotterdam et de Bruxelles, puis de Munich, de Vienne et de Rome, et il fut un moment directeur de l'École des arts industriels et décoratifs de Haarlem. D'abord influencé par l'école de La Haye, il se fait l'interprète du paysage hollandais, à Blaricum, à Laren, dans la Drenthe et au Limbourg. Enfin, en 1888, il se fixe à Achterbos, en Campine belge, après une rencontre pour lui décisive avec Neuhuys, peintre social de l'École de La Haye, qui l'incita à abandonner tous ses biens.

   Il pratique d'abord presque exclusivement les techniques graphiques, aquarelle, pastel et fusain, et utilise les fonds d'or pour ses aquarelles. Il expose à Munich et à Dresde en 1897 et obtient en 1900 la nationalité belge. Il trouve son inspiration dans la Bible et dans le décor de sa vie quotidienne (scènes paysannes et d'intérieur, maternités, paysages, portraits), et reprend longtemps ses toiles, modifiant la disposition de son atelier en fonction de l'effet de lumière recherché.

   Son art devient alors l'une des illustrations les plus caractéristiques du Symbolisme rustique et religieux en faveur à la fin du XIXe s. (le Symbole de la Campine, 1901-1906, Bruxelles, M. R. B. A. ; le Père du condamné, 1901, id.). Ses portraits, dont les meilleurs furent inspirés par sa seconde femme (Malvina, musée d'Anvers), se rattachent encore à la tradition du clair-obscur issue de Rembrandt. Son évolution le conduisit pourtant à traiter la lumière de façon originale, au moyen d'empâtements grumeleux couvrant toute la toile (la Jeune Mariée, Josina Smits, 1910-1920, musée d'Anvers). Cet art essentiellement statique, spiritualisé par l'excès même de la matière, perd parfois de son objectivité (les Promeneurs, v. 1920-1925, Vilvorde, coll. part.). Pendant la Première Guerre mondiale, Smits renonça à la peinture pour se consacrer au service social. Ses dessins à la craie, noire ou rouge, dénotent une conception ample de la forme et il a laissé des eaux-fortes influencées par Rembrandt. Il est représenté dans les musées belges, et surtout à Bruxelles et à Anvers.

Snayers (Pieter)

Peintre flamand (Anvers 1592  – Bruxelles [ ? ] v. 1667).

Élève de Sébastien Vrancx, il est inscrit comme maître à Anvers en 1612-13, puis à Bruxelles en 1628. Il fut peintre de l'archiduc Albert et, par la suite, entra au service du Cardinal-Infant d'Autriche, puis à celui de l'archiduc Léopold-Guillaume. À l'occasion de la Joyeuse Entrée de Don Juan d'Autriche à Bruxelles en 1656, il fut chargé du décor. Son œuvre est considérable. Il peignit surtout des sujets militaires, des Combats de cavaliers (Bruxelles, M. R. B. A. ; Prado) ou des Scènes de pillages (Rome, Gal. Spada), dont la composition, les couleurs et les personnages font penser à son maître Vrancx. Il illustra aussi par de nombreux tableaux de grandes dimensions, au traitement assez terne, divers épisodes de la guerre de Trente Ans (la Bataille de Prague, 1620, Bruxelles, M. R. B. A.). Il semble qu'il ait travaillé d'après des cartes militaires. Outre les aspects guerriers, Snayers évoqua également d'autres événements de son époque, comme la Fête au Sablon en présence de l'archiduc Léopold-Guillaume (Bruxelles, M. R. B. A.), le Pèlerinage de l'infante Isabelle à Laeken (id.) ou des scènes de chasse montrant tantôt Philippe IV, tantôt le Cardinal-Infant (Prado). Il fut le maître d'Adam François Van der Meulen.