Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Malhoa (José)

Peintre portugais (Caldas da Rainha 1855  – Casulo 1933).

Autodidacte mais membre actif du Groupe du Lion — association de peintres couronnée en 1881, tirant son nom de la brasserie Leāo de Lisbonne où ils se réunissaient —, Malhoa eut une carrière très féconde, touchant à tous les registres, portrait (Dr Anastasio Gonçalves, Lisbonne, Casa Museu A. Gonçalves), nu (A Ilha dos Amores, Lisbonne, Musée militaire), décorateur de nombreux palais, religieux ou historiques (plafond du musée de l'Artillerie à Lisbonne), mais tourné surtout vers la vie populaire. Traités avec un pinceau très rigoureux, avec de forts jeux de lumière, O Fado, 1910 (Lisbonne, musée municipal), Os Bebedos (1907, Lisbonne, M. A. C.), sont des œuvres ambitieuses, les plus audacieuses du naturalisme portugais. D'autres scènes révèlent son talent à jouer avec la lumière du soleil en s'approchant parfois de la technique impressionniste (A beira-mar, 1926, Praia das Maças). Il connut de son vivant une grande célébrité, un musée lui est consacré dans sa ville natale, Caldas da Rainha et nombre de ses œuvres sont conservées dans son ancienne maison de Lisbonne, achetée par son ami, le collectionneur Anastasio Gonçalves.

Maliavine (Filipp Andreïevitch)

Peintre russe (Kasanka, Orenbourg, 1869  – Nice 1939).

Ayant débuté en 1885 comme apprenti dans l'atelier de peinture sacrée du monastère d'Afon, il suit l'enseignement de Repine à l'Académie de Saint-Pétersbourg de 1892 à 1899. Il se fait connaître dès 1900, avec sa première œuvre (le Rire, Moscou, gal. Tretiakov), à l'Exposition universelle de Paris. En 1903, il est membre de l'Union des artistes russes et participe, en 1906, à l'exposition d'art russe organisée par Diaghilev au Salon d'automne. Il quitte la Russie en 1922 pour s'installer définitivement en France. L'essentiel de sa production consiste en tableaux représentant des paysannes russes selon un traitement expressif de la couleur, maniée en tons purs par touches rapides et empâtées (Paysannes russes, 1902, Paris, Orsay ; Deux Paysannes, 1904, Moscou, gal. Tretiakov ; Tourbillon, 1906, id.). Il a laissé également de nombreux portraits de peintres (Somov, Grabar, Repine) et de nombreux dessins.

Malina (Frank)

Artiste américain (Brenham, Texas, 1912-Boulogne-Billancourt 1981).

Né dans une famille de musiciens d'origine tchèque, il a cherché à concilier dans son œuvre sa double vocation de scientifique et d'artiste. De 1934 à 1940, il termine des études d'ingénieur au Texas et en Californie ; il est à l'origine du lancement de la première fusée américaine de haute altitude, le WAC Corporal Missile, en 1945. De 1947 à 1953, il est responsable de recherches sur la fertilisation des zones désertiques pour le compte de l'Unesco. À cette époque, il apprend la peinture auprès d'un artiste anglais, Reginald Weston. À partir de 1953, son activité artistique supplante toutes les autres. Après une série de pastels à la symbolique scientifique, il peint des reliefs sur des trames de ficelles et des grillages métalliques, donnant des effets de moire et de mouvement virtuel. En 1955 (année où il expose pour la deuxième fois au Salon des Réalités nouvelles à Paris), il place dans ses œuvres des ampoules électriques commandées de façon plus ou moins aléatoire par des interrupteurs thermiques. C'est la préfiguration de ses Lumidynes, tableaux lumino-cinétiques composés de trois parties : un fond de disques en Plexiglas peint tournant devant des ampoules (le " rotor "), un écran très fin de Plexiglas lui aussi et peint par endroits (le " stator "), les deux combinant et renvoyant leur lumière colorée sur un écran translucide qui la diffuse et que le spectateur contemple. Dans les Reflectodynes, le " stator " est remplacé par des éléments en aluminium chargés de réfléchir la lumière. Malina joue également de verres Polaroid, avec lesquels les couleurs se modifient lentement, et utilise le son à partir de 1967. Ses œuvres, souvent, ne sont pas exemptes de connotations cosmiques (série des Constellations et des Galaxies) et scientifiques (série des Brainwaves). Elles sont conservées notamment en France (Paris, M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville), en Allemagne (Krefeld) et aux États-Unis (New York, Whitney Museum).

Mallet (Jean-Baptiste)

Peintre français (Grasse 1759  – Paris 1835).

Il fut l'élève à Toulon de Julien, puis à Paris de Prud'hon. Son œuvre comprend des gouaches et des aquarelles de petit format qui constituent une chronique mondaine du Directoire et de l'Empire : scènes d'intérieur inspirées par Greuze, scènes de boudoir plus légères. En peinture, la touche de Mallet, contemporain de Boilly, est d'une grande finesse, très lumineuse, et confère de l'élégance à cette peinture de genre mineur, mais dont l'intérêt iconographique est remarquable. Parfois, et c'est là qu'il révèle ses plus subtiles qualités, Mallet se rallie au goût troubadour (Geneviève de Brabant, musée de Cherbourg ; la Salle de bains gothique, musée de Caen). Le coloris plaisant, le ton galant (l'Heure du rendez-vous, musée de Tours), ont souvent fait confondre ses œuvres avec celles de Van Gorp, qui furent très imitées (Paris, musée Cognacq-Jay). Mallet est également représenté dans les musées de Clamecy, Dijon (Magnin), Grenoble (Raphaël dans son atelier), La Fère, Marseille (la Nature et l'Honneur, 1819), Pau (château : Éducation d'Henri IV), Toulon (l'Amour et l'Hyménée), Valenciennes, et au Louvre (la Toilette de saint Jean-Baptiste enfant, 1820).

Malouel (Jean)
ou Jean Maelwael

Peintre franco-flamand (Nimègue av. 1370  – Dijon 1415).

Originaire d'une famille d'artistes fixée à Nimègue, oncle des frères Limbourg, Malouel apparaît en 1396 à Paris au service de la reine Isabeau de Bavière. En 1397, il devient peintre en titre du duc de Bourgogne Philippe le Hardi, à Dijon, puis de Jean sans Peur et le restera jusqu'à sa mort. Il succède à Jean de Beaumetz sur le chantier de la chartreuse de Champmol. On sait par des documents qu'il exécuta de nombreux travaux décoratifs, dont la décoration murale des bâtiments de la chartreuse, la peinture du Puits de Moïse de Sluter (1400-1403), celle du tombeau du duc Philippe le Hardi (1410). Il peint pour le duc des tableaux de piété, 5 retables pour l'église de Champmol (à partir de 1398), un portrait de Jean sans Peur (1412). Aucun de ces ouvrages n'a subsisté. On peut tenter de retrouver la main de Malouel, par hypothèse, dans des peintures de provenance bourguignonne assurée, de date correspondante et de style intermédiaire entre celui de Jean de Beaumetz et celui de Bellechose, successeur de l'artiste à partir de 1415. L'attribution la plus plausible est celle de la Grande Pietà ronde (Louvre), qui porte au revers les armes de Philippe le Hardi ; elle aurait été peinte v. 1400, peu après l'entrée en charge de Malouel, car elle garde encore la marque du style siennois, florissant à Paris à la fin du XIVe s., et de la stylisation parisienne. On attribue aussi à Malouel une Vierge à l'Enfant entourée d'anges (musées de Berlin), ouvrage certainement plus tardif (v. 1410-1415). Un Portrait du duc Venceslas de Luxembourg (Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza), effigie au modelé sensible, semble d'esprit plus flamand, mais pourrait être un exemple de l'art de Malouel portraitiste.