Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
M

Molnar (Vera)

François Molnar

Peintres français d'origine hongroise (Budapest 1924  – Paris 1993 et Szentes 1922).

Vera et François Molnar reçoivent une formation classique à l'École des Beaux-Arts de Budapest, entre 1942 et 1947. À partir de 1946, Vera évolue vers la non-figuration par l'abstraction progressive de motifs naturels. L'année suivante ils s'installent à Paris. Ils élaborent bientôt un art abstrait et géométrique qui refuse la composition et se base sur l'utilisation de systèmes : séries, permutations ou rotations de lignes et de formes géométriques simples, occupant l'espace d'une manière rationnelle et contrôlable. Ils participent en 1960 à la création du C. R. A. V. (Centre de recherches d'art visuel, avec Morellet, Le Parc, Sobrino, Stein, Yvaral...), que François quitte peu de temps après pour se consacrer à des recherches théoriques sur la psycho-physiologie de la perception visuelle. À partir de 1968, Vera utilise l'informatique et réalise des œuvres dont les composants plastiques et leur répartition sont déterminés par des programmes où le hasard peut intervenir. Elle met au point le programme " Molnart " en 1976, l'année où est organisée sa première exposition personnelle (Londres, Polytechnic of Central London), mettant fin à une volontaire attitude de retrait du monde artistique. En 1980, elle devient membre fondateur du Centre de recherche expérimentale et informatique des arts visuels à l'université de Paris-I, où elle a également été chargée de cours.

Molyn (Pieter de)
ou Pieter de Molijn

Peintre néerlandais (Londres 1595  – Haarlem 1661).

Il est actif à Haarlem, où il est maître en 1616 et où il aurait été l'élève de Frans Hals. Molyn est, avec Salomon Van Ruysdael, l'un des premiers maîtres du paysage néerlandais du Siècle d'or ; il conçut tout d'abord ses œuvres comme une intégration de la scène de genre dans le paysage : Scène nocturne (1625, Bruxelles, M. R. B. A.), Kermesse (1626, musée de Dessau), ce qui le rapproche d'Esaias Van de Velde ; puis il les traita dans un style plus épuré et simple, créant le " paysage en diagonale " : la Ferme (1629, Metropolitan Museum), le Soir (1627, musées de Berlin) ; c'est ce dernier aspect qui le rapproche de peintres comme Van Goyen et Van Ruysdael, qui, du reste, en dépassèrent la portée dès 1630. Molyn fut le maître d'Allaert Van Everdingen, de Christiaen de Hulst et de Gérard Ter Borch entre 1632 et 1635.

Molzahn (Johannes)

Artiste américain d'origine allemande (Duisbourg 1892  – Munich 1965).

Après avoir effectué ses études à Weimar, il commence à peindre à partir de 1911 sous l'influence de Herman Huber et connaît Otto Meyer-Amden ainsi qu'Oskar Schlemmer, Johannes Itten et Willi Baumeister. À partir de 1916, son œuvre témoigne d'un expressionnisme très marqué par le Futurisme. Molzahn a sa première exposition à la galerie Der Sturm à Berlin en 1917. Ses premières peintures abstraites datent de 1919. Elles montrent un jeu de facettes, de pénétration de courbes et d'obliques, de contrastes de couleurs qui témoignent d'une influence lointaine de Robert Delaunay (Der Idee Bewegung Kampf, 1919, Wilhelm Lehmbruck Museum, Duisbourg). En 1919, il devient membre du Novembergruppe et expose de nouveau à la galerie Der Sturm en compagnie de Paul Klee et de Kurt Schwitters. L'année suivante, l'un de ses tableaux est acheté par Katherine Dreier qui l'exposera dès 1922 avec la Société Anonyme et l'inclura en 1926 dans la grande exposition de sa collection qu'elle organise au Brooklyn Museum de New York. En 1922, Molzahn expose de nouveau à la galerie Der Sturm en compagnie de Willi Baumeister. Ses compositions sont alors fondées sur un arrangement de lignes horizontales, verticales et obliques dans lesquelles les formes et les couleurs jouent de transparences et d'aplats accompagnées de collages et de chiffres (Steigen, 1922-1923, Wilhelm Lehmbruck Museum, Duisbourg). Molzahn se montre aussi très actif dans le domaine de la typographie, où il travaille notamment pour les usines Fagus, dans un style constructiviste. En 1923, il est nommé professeur à la Kunstgewerbeschule de Magdebourg. Molzahn retourne à la figuration en 1925 avec, notamment, une série de portraits stylisés dans lesquels il retrouve une des techniques traditionnelles, en particulier l'emploi de la feuille d'or (Portrait d'Oskar Schlemmer, 1930). L'artiste se montre de plus en plus intéressé par le sujet, la représentation de figures dans l'espace (Immateriels Figures, 1929, Yale University Art Gallery) et les compositions illustrant des thèmes tirés de la mythologie (Ikarus, 1931, Ostdeutsche Galerie, Regensburg) dont les formes simplifiées et l'aspect de peinture murale ne sont pas sans rappeler les préoccupations de Willi Baumeister et plus encore celles d'Oskar Schlemmer. En 1928, Molzahn est nommé professeur à l'Académie de Breslau, puis s'installe à Berlin en 1934, où il a sa dernière exposition en 1936. Considéré comme " artiste dégénéré ", il émigre aux États-Unis en 1938. Il s'installe à Seattle, puis à New York, et il est en 1943 nommé professeur à la School of Design de Chicago, qui avait été fondée par Moholy-Nagy. Après la guerre, il se consacre à l'illustration de thèmes à résonance morale (I Accuse, 1946) puis à des sujets religieux, fortement inspirés de la peinture primitive italienne. En 1949, il devient citoyen américain et rentre en Allemagne en 1959.

Momper (Joos II de)
ou Joost de Momper
ou Jodocus de Momper

Peintre flamand (Anvers 1564  – id. 1635).

Il appartient à une famille de peintres dont le premier, Jan I, travaillait à Bruges au XVIe s. Élève de son père, Bartholomaeus, Joos de Momper s'inscrivit à la gilde dès 1581 et en devint doyen en 1611. Après 1581, avant 1591, date à laquelle il prit des élèves, il fit sans doute le voyage en Italie, ce que reflète sa facture, libre et énergique, à la manière du disciple de Tintoret, Toeput (Pozzoserrato), qui semble confirmer cette tradition, ainsi que ses grandioses paysages alpestres. En 1594, il participa, avec C. Floris, aux décorations de l'Entrée de l'archiduc Ernest, et en 1595 composa des cartons de tapisserie pour Albert d'Autriche.

   Il s'affranchit progressivement des conventions du paysage panoramique de la Renaissance, de Bruegel notamment, dont il subit d'abord l'emprise. Ses premières œuvres connues, inspirées de sites alpestres, telles que le Paysage montagneux (Bruxelles, M. R. B. A.), présentent les mêmes caractères : fuite oblique de l'espace entre des " coulisses " étagées en plans successifs pour suggérer la profondeur, division du coloris en 3 tons, fortes oppositions de couleurs au premier plan, tandis que les lointains se fondent dans une lumière bleutée.

   Poursuivant ses recherches luministes, et modelant solidement les formes par de violents contrastes d'ombre et de lumière, visibles dans le Paysage avec cascade (Dresde, Gg) dont le monogramme I. D. M. est probablement le sien, il s'oriente vers une plus grande unité chromatique (la Sainte Messe dans une grotte, musée d'Aschaffenburg). À la fin de sa carrière, c'est une tonalité générale qui assure l'unité des plans. L'espace n'est plus creusé en diagonale, et les coulisses ont disparu. Les thèmes se transforment : les vastes plaines du Nord apparaissent ainsi que des paysages italiens. Ces derniers ont fait supposer un nouveau séjour dans la péninsule, d'autant plus que la facture elle-même s'est modifiée, consistant non plus en des touches nerveuses, mais en frottis proches de la dernière manière de Paul Bril. Momper aurait pu cependant voir, à Anvers même, des œuvres de ce peintre ou celles d'Elsheimer, qu'il semble avoir connues. Le Grand Paysage montagneux de 1623 (Neer-Heylissen, coll. comte A. d'Oultremont), les Quatre Saisons (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum) ou le Rocher (1634, université de Würzburg) reflètent ce dernier style. Situé entre Bruegel et Rubens, dont il annonce la conception dynamique et lyrique de l'espace, Joos de Momper laisse prévoir une vision " baroque " du paysage décoratif flamand. Il n'influencera pas seulement son fils Philips I ou son neveu Frans, mais aussi les deux David Téniers et T. Verhaecht, le maître de Rubens. Peintre fécond, il est représenté dans tous les grands musées du monde et notamment au Prado (5 Paysages ), à l'Ermitage, à Chicago (Art Inst.), à Munich (Alte Pin.), à Hambourg (Kunsthalle), à Kassel (2 Paysages ), à Dresde (Gg : 4 Paysages ), à Vienne (K. M.), à Copenhague (S. M. f. K. : 5 Paysages ), aux musées de Douai, de Nancy, de Nantes et de Valenciennes, au Rijksmuseum (4 Paysages ) et au Louvre (5 Paysages ). Il a également une grande importance par rapport à Bruegel de Velours, avec qui il collabora : ses tableaux datés permettent en effet une meilleure connaissance de la chronologie de ce dernier.

 
Frans (Anvers 1603 – id. 1660) , paysagiste, comme son oncle Joos II de Momper et comme son père et professeur, Jan II, obtint la maîtrise en 1629. En 1647, il est à Haarlem, en 1648-49 à Amsterdam. Après son retour à Anvers en 1650, il baigne dans une atmosphère monochrome empruntée à Van Goyen : les vastes étendues et les sites montagneux inspirés de son oncle, ou même des motifs hérités du XVIe s., tels que la " Tour de Babel " (exemple à la Kunsthalle de Hambourg). Influencée aussi peut-être par Van de Velde, la peinture de Frans est souvent plus intimiste que celle de Joos de Momper : Pêche nocturne (musée de Leipzig), Paysage d'hiver, Vue du Campo Vaccino, Paysage d'hiver à Breda (Copenhague, S. M. f. K.).