Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Severini (Gino)

Peintre italien (Cortona 1883  –Paris 1966).

Il fréquente à Rome l'atelier de Balla et adhère au Néo-Impressionnisme. Il s'établit définitivement à Paris. Au contact des groupes littéraires et artistiques d'avant-garde, il élargit et enrichit sa culture. L'influence du Cubisme, évidente dans ses premières œuvres, a marqué toute son évolution. Signataire du Manifeste de la peinture futuriste en 1910, il assume un rôle de premier plan dans la diffusion du mouvement en France. Ses peintures présentent à cette époque une double tendance : à la recherche du dynamisme et de la vitesse, caractéristique du Futurisme mais qui se traduit plutôt dans l'évocation de bals et de danseuses que dans celle de machines en mouvement, Severini joint sa préoccupation de la composition formelle et de l'équilibre des structures qu'il tient du Cubisme. Il exécute ses deux tableaux les plus significatifs : la Danse du Pan-Pan au Monico (1910-1912), détruit au cours de la guerre, et le Hiéroglyphe dynamique du bal Tabarin (1912, New York, M. O. M. A.), qui sont des tableaux de très grandes dimensions, Danseuse bleue (1912), dans lequel il intègre des paillettes dorées à la couche picturale, ainsi que Dynamisme d'une danseuse (1912, Milan, Brera), qui montre la décomposition des motifs en mouvement par la représentation simultanée de facettes juxtaposées. Poussant plus loin sa recherche, Severini réalise en 1913 Rythme plastique du 14 juillet qui est un tableau non figuratif dont la composition est fondée sur une construction orthogonale et quelques obliques, des passages entre les formes, un jeu de couleurs restreint et des formes peintes qui débordent sur le cadre la même année l'étude de la lumière le conduit à abandonner toute trace d'objet dans la série Expansion de lumière. Il réalise aussi à cette époque de remarquables collages (Nature morte avec le journal Lacerba, 1913, Saint-Étienne, M. A. M.), dont certains se montrent plus cubistes que futuristes. Pendant la guerre, il va traiter des sujets militaires tels que le célèbre Train blindé (1915), le Train hôpital (1915, Amsterdam, Stedelijk Museum), qui appartiennent bien à la thématique futuriste, ainsi que l'étonnant Canon en action (1915), dans lequel l'artiste a essayé à la fois de traduire le bruit du canon et de montrer la fumée provoquée par l'engin en action, en y ajoutant des textes qui évoquent des sentiments ou des sensations. Après 1918, il va se trouver plus marqué par le Cubisme classique de Braque et Gris, puis se tourner vers le Réalisme, participant comme Picasso, La Fresnaye ou Derain au " retour à l'ordre " qui se manifeste partout en Europe et dont il rend compte dans son ouvrage Du Cubisme au Classicisme (1921).

   Les tableaux de cette époque (les Deux Pierrots, 1922, La Haye, Gemeentemuseum) montrent un sujet traditionnel traité d'une façon plus classique du point de vue de la composition et de la facture. Cette période va se poursuivre tard dans sa carrière (la Mère et la fille, 1935, Paris, M. N. A. M.).

   Après 1950, il va tenter de réaliser quelques tableaux abstraits (Pas de deux, 1950), puis va revenir à certaines formules de sa jeunesse et donnera, en 1960, une nouvelle version de la Danse du Pan-Pan (Paris, M. N. A. M.). Il a exécuté également un grand nombre de fresques, surtout pour des églises (château de Montefugoni, près de Florence ; églises de Lausanne, de Laroche, de Fribourg). Ses œuvres sont conservées dans les principaux M. A. M. européens (Paris, Rotterdam) ainsi qu'au M. O. M. A. de New York et dans de nombreuses collections particulières. Une rétrospective de son œuvre a été présentée à Rome au Palazzo Venezia en 1961, à Paris au M. N. A. M. en 1967, au Museum am Ostwall de Dortmund en 1976. Une exposition Severini futuriste (période 1912-1917), a été présentée (Fort Worth, Kimbell Art Museum) en 1996.

Sevilla (Juan de)

Peintre espagnol (Grenade 1643 id. 1695).

Le principal des peintres de Grenade dans la seconde moitié du XVIIe s., il collabora avec son rival Bocanegra aux peintures en trompe l'œil (balcons, rideaux) qui complétèrent en 1674-75 la décoration du chœur de la cathédrale. Mais il fut surtout l'un des grands fournisseurs des couvents de la ville. Son abondante production montre la souplesse et l'ingéniosité avec lesquelles il amalgame des influences diverses — celle de Murillo (il a peut-être séjourné à Séville), mais aussi celles de son maître Pedro de Moya, formé à Anvers, et de Van Dyck — avec un baroquisme modéré et un sens souvent raffiné de la couleur. On peut en juger par les nombreux tableaux religieux passés au musée de Grenade (Communion de sainte Agathe ; cycle augustin : Transverbération de saint Augustin, Miracle de saint Nicolas de Tolentino) comme par ceux de l'université (Docteurs de l'Église latine). Le grand Triomphe de l'Eucharistie avec saint Augustin et saint Thomas (1685, aux Agustinas) est sans doute le chef-d'œuvre décoratif de Sevilla, dont le goût de la narration et sa vocation de peintre de genre apparaissent aussi dans des œuvres plus modestes, comme le Repos de la Sainte Famille en Égypte (musée de Budapest) et surtout le Riche Épulon et le pauvre Lazare (Prado).

Seybold (Christian)

Peintre allemand (Mayence 1697  – Vienne 1768).

Autodidacte, il pratique le portrait à l'huile et au pastel, utilisant la même facture que Denner. Ses visages sont peints sur cuivre ou sur toile avec une précision, une minutie et une finition " qui va jusqu'à l'expression des pores " (Hagedorn). Ses portraits, têtes ou figures à mi-corps, étaient tout aussi recherchés que ceux de Denner. Établi à Vienne, Seybold devient membre de l'Académie. En 1747, il peint 5 Têtes pour l'Électeur de Saxe (Dresde, Gg). En 1749, il est nommé peintre du cabinet de l'impératrice. Il affectionne les plis zigzagants et les bordures d'étoffes ondulantes, qui mettent en relief la douceur du modelé des visages : Portraits d'un garçon et d'une fillette (Vienne, Österr. Gal.). Parmi ses nombreux Autoportraits, ceux du Louvre et de la coll. Liechtenstein (Vaduz) sont considérés comme les plus réussis. Avec l'Homme au fromage (musée de Budapest), Seybold rejoint, à travers la caricature, la scène de genre populaire. Ses tableaux ont souvent été imités par J. G. Hoch.